Un atelier d’échange et de concertation sur la filière vanille

4 Aug 2022

Madagascar, un des premiers pays producteurs mondiaux de vanille, exporte chaque année entre 2500 et 3000 tonnes vers les autres continents. La filière vanille à elle seule représente 25% des exportations malgaches à destination des Etats-Unis, de la France, du Canada et de l’Allemagne.

D’après la dernière situation économique de la Banque centrale de Madagascar (BCM), les exportations de vanille ont augmenté de 18,2% en 2021 par rapport à l’année précédente. L’exportation de vanille est également l’une des filières pourvoyeuses de devises à Madagascar car elle rapporte annuellement près de 600 millions de dollars aux caisses de l’Etat en l’occurrence durant la campagne 2021-2022 à Madagascar et représente environ 5% du PIB malgache.

La vanille est aussi une filière non négligeable pour l’atteinte des Objectifs de développement Durable (ODD) d’ici 2030 car la vanille fait vivre près de 80 000 familles (planteurs) dont 70 000 familles dans la région SAVA. Dans cette région qui concentre 80 % de la production de vanille malgache, la vanille constitue la principale source de revenu pour la grande majorité des ménages (50%). Il en est de même pour les autres régions productrices de vanille du pays comme DIANA, Analanjorofo, Atsinanana ,Vatovavy, Fitoviany, Atsimo Atsinanana,etc.

Au vu de ces données, l’on peut dire que la filière Vanille présente des enjeux socioéconomiques et politiques importants et constitue une question majeure d’intérêt public pour le pays. Aussi, les problématiques qui concernent cette filière sont une question d’intérêt national, souligne-t-on.

Le prix de vente de la vanille verte auprès des paysans planteurs oscille de 20 000 ar (2014), à 70 000 ar (2016) pour atteindre 200 000 ar en 2018 puis revenir en baisse de 20 000 ar à 50 000 ar, selon la qualité actuellement (2022), indique-t-on.

Durant les trois dernières années, les prix de la vanille n’ont cessé de baisser, situation qui est déplorable et a des conséquences désastreuses pour les paysans/producteurs, si on le compare au coût de la vie qui ne cesse de croître.

Malgré la mise en place de divers dispositifs règlementaires et les mesures destinées à assainir la gouvernance de la filière vanille et la positionner comme un levier du développement du pays, entre autres la mise en place du Conseil National de la Vanille (CNV), l’imposition du prix plancher au niveau de la vanille verte à 75 000 ar et celle déjà préparée à l’exportation à 250 USD, tout en prenant en compte les aspects socioéconomique, culturel, sécuritaire et environnemental qui gravitent autour, notamment l’arbitrage équitable des intérêts des parties prenantes dans la filière, diverses incertitudes demeurent et les acteurs restent encore dubitatifs quant à l’effectivité et l’efficacité de ces mesures pour solutionner les problématiques liées à cette filière, selon la société civile. En effet, le prix plancher n’est pas une réalité sur terrain, c’est à dire au niveau des paysans producteurs. Quelques données suivies par les Représentants des organisations de la société civile (OSC) dans les districts/communes montrent des réalités différentes. Dans la région Atsinanana, le prix pratiqué au niveau des communes varie entre 15 000 ar (Vatomandry Ambalavolo) à 35 000 ar (Brickaville). Pour la région SAVA, si le prix est de 75 000 ar au niveau des coopératives (membre en minorité), ailleurs il varie entre 35000 ar (Antalaha Manakambahiny) à 50000 ar (Antalaha Ambalabe). Dans la région Analanjorofo, mis à part les membres des Coopératives bénéficiant de prix plus élevé (75 000 ar), le prix pratiqué est de 25 000 ar (Fénérive-Est Vohipeno, Soanierana-Ivongo Andapafito) à 50 000 ar (Mananara).

Concernant la vanille préparée, le prix plancher pour la campagne de commercialisation 2022-2023 est fixé à 500 000 ar / kg, suivant les recommandations du Conseil national de la vanille (CNV.

Résoudre les problèmes de la filière

Le contexte qui règne actuellement dans la filière vanille se passe au préjudice des paysans producteurs alors que ces derniers se trouvent être les principaux acteurs à privilégier si l’on veut que la filière soit durable et de qualité et impacte positivement le développement, souligne-t-on.

Ainsi, les acteurs doivent se concerter davantage pour procéder à une évaluation des mesures prises mais aussi et surtout trouver les solutions acceptables par les parties prenantes, surtout pour les paysans producteurs, tout en améliorant la performance de la filière vanille malgache tant au niveau national qu’international.

Le mouvement ROHY entend créer un espace d’échange et de concertation entre les parties prenantes et les acteurs concernés par cette problématique de la filière vanille. C’est ainsi qu’un atelier d’échange et de concertation des parties prenantes est organisé à Antananarivo les 4 et 5 Aout 2022. Il voit la participation de tous les acteurs concernés par la filière vanille dans le pays afin d’initier un dialogue inclusif des parties prenantes qui aboutirait à la détermination des solutions inclusives, appropriées et pérennes pour résoudre les problématiques liées à cette filière vanille à Madagascar.

L’atelier va contribuer à l’objectif général de faire de la vanille, une filière au centre de l’amélioration des revenus et les conditions de vie des paysans, des communautés et des régions productrices tout en assurant une contribution aux caisses de l’Etat et à l’économie nationale.

Il s’agit de créer un espace d’échange, de dialogue et de concertation entre les parties prenantes afin de trouver des solutions qui soient inclusives, équitables, adéquates et pérennes liées à la résolution des problématiques de la filière vanille à Madagascar.

Spécifiquement, l’objectif sera de faire en sorte que les parties prenantes ont une vision éclairée de la gouvernance de la filière vanille à Madagascar et une connaissance commune des vraies problématiques liées à la filière vanille ; que les autorités soient au courant des divers problèmes locaux dont rencontrent les acteurs de la filière ; que les participants fassent ressortir des solutions inclusives et efficaces destinées à résoudre les problématiques liées à cette filière ; que des débats soient initiés afin de résoudre de manière intégrale et pérenne les problématiques liées à cette filière ; et que des recommandations, solutions soient proposées aux autorités face aux problématiques.