Trafic d’or : Deux cerveaux identifiés

17 Jan 2022

Les cerveaux du trafic, ou du moins d’une partie des trafics d’or de la Grande Ile sont connus. Il s’agit d’un malgache et d’un arabe. Ces deux individus ne résident toutefois par à Madagascar ni aux Comores. C’est ce qu’a révélé Herilaza Imbiki, ministre de la Justice ce 17 janvier dans ses locaux à Faravohitra. En effet, il a rencontré la presse ce jour et a énuméré quelques points dont le trafic d’or, récemment enregistré aux Comores et l’extradition des deux ressortissants malgaches, présumés auteurs de cet acte.

Mais, à part les 49,5kgs d’or, il y a aussi une affaire qui n’est pas à négliger, celle d’un kilo d’héroïne, découvert sur ces individus, lors de leurs arrestations, a-t-il précisé.

Tout d’abord, le ministre a tenu à préciser que lors de son retour des Comores, il a volontairement choisi le silence et n’a pas voulu faire de bruits. C’est tout à fait naturel, a-t-il indiqué, du fait qu’il devait encore rendre compte à ses supérieurs, dont le président de la République. Par ailleurs, il a aussi dû respecter les mesures sanitaires dont le test du covid-19. Ce n’est donc qu’après avoir obtenu le résultat de ce test qu’il a pu réunir les journalistes et procéder au rapport comme il se doit, afin que le peuple puisse également être au courant des tenants et aboutissants de cette affaire de trafic d’or.

Le ministre rappelle que son département ministériel œuvre en toute transparence. Il a ainsi indiqué que l’extradition de ces deux malgaches a pu être réalisée, grâce surtout à l’amitié qui existe entre le président de la République de Madagascar et le président de l’Union des Comores.

Suivant la chronologie des évènements, concernant les 49,5kgs d’or saisis aux Comores, le ministère de la Justice malgache est entré directement en contact avec le ministère de la Justice comorien dès les 29 et 30 décembre 2021. Ce, grâce à l’accord bilatéral de 1976, existant entre les deux pays. Les échanges de documents et d’informations ont ainsi débuté depuis fin décembre, a-t-il indiqué. Il a également été évoqué qu’à part ces 49 kilos d’or, un kilo d’héroïne a aussi été découvert sur ces derniers.

Transport par bateau depuis Madagascar

Le ministre présume (car les enquêtes sont encore en cours et qu’il ne peut pas encore affirmer sans preuve, a-t-il précisé) que ces trafiquants sont sorti du territoire malgache via des vedettes rapides. Ils seraient également entrés aux Comores via ces bateaux et comptaient ressortir des Comores via un jet privé, pour rejoindre Dubaï.

Pour les procédures administratives, force est de souligner que la délégation malagasy qui s’est déplacée aux Comores était composée du ministère de la Justice, dont le ministre en tant que chef de délégation, le directeur général de l’administration judiciaire, des études et des réformes au sein du ministère de la Justice, le directeur général des affaires politiques au sein du ministère des Affaires Etrangères, le chef du bureau central d’Interpol du ministère de la Sécurité Publique ainsi que le chef de section des affaires criminelles du secrétariat d’Etat en charge de la gendarmerie nationale. Le directeur général de la douane devait également faire partie de cette délégation mais ce dernier avait un empêchement de dernière minutes, rapporte le ministre.

Cette délégation malgache a été accueillie à l’aéroport des Comores par une délégation locale, dirigée par le ministre de la Justice comorien. Après une brève rencontre avec ce dernier, une rencontre avec le ministre des Affaires Etrangères comorien a ensuite été tenue. Le lendemain de leur arrivée aux Comores, les membres de la délégation malagasy se sont réunis avec une forte délégation comorienne, composée de représentants de divers départements ministériels comoriens comme celui des Affaires Etrangères, celui de la Justice, celui de l’Intérieur, celui des Finances et bon nombre de hauts dignitaires et responsables de l’Etat des Comores. Durant ces réunions, il a été question d’extradition des deux ressortissants malgaches et le rapatriement de l’or à Madagascar.

Au final, le gouvernement comorien a accepté l’extradition des 2 malgaches. Décision appuyée par les affaires concernant ces deux individus au niveau de Pôle anticorruption (PAC) et au Bianco, non seulement pour les 49,5kgs mais aussi pour les 73,5kgs d’or saisis en Afrique du Sud, a expliqué le ministre. Dans ce dessein, le ministre a évoqué le terme “criminalité transnationale organisée”, du fait qu’au moins 3 pays, en dehors de Madagascar, sont concernés par ce trafic à savoir l’Afrique du Sud, les Comores et les Emirats Arabes Unis (Dubaï).

2 tonnes d’or à transporter

Mais cette affaire n’est pas encore élucidée. En effet, le ministre a martelé que les enquêtes tracent bon nombres de pistes qui ne sont pas à négliger, notamment sur l’origine de ces produits miniers. C’est durant les enquêtes que les autorités compétentes ont entendu que 2 tonnes d’or devraient encore être transportés vers Dubaï. “Cela veut dire que ce n’est donc pas la première fois que ces trafiquants opèrent ainsi“, a-t-il précisé

Depuis leurs retour au pays, ces deux suspect sont enquêtés au niveau du service des recherches criminelles, suivant les délégations judiciaires de pôle anticorruption qui permettent d’ouvrir des enquêtes leur concernant, a-t-il précisé.

Entre temps, suivant les enquêtes en cours, parmi certains individus impliqués dans cette affaire figurent des trafiquants qui ont déjà été appréhendés aux Comores en 2021, mais qui ont ensuite été déjà relâchés. Par ailleurs, le comorien qui était arrêté avec ces derniers est un prisonnier qui devrait purger une peine perperpétuité aux Comores, a souligné le ministre

De son côté, le ministre indique qu’à part de simples enjeux pécuniaires, ce trafic pourrait également cacher bon nombre de choses dont notamment un enjeu sécuritaire via des trafics d’armes à feu ou d’explosifs, ou encore un trafic qui servirait à financer des activités terroristes. Le conditionnel est toujours de mise, a insisté le ministre, du fait que les enquêtes sont encore en cours et qu’il ne peut pas encore réellement se prononcer.

Rafr.