Sud de Madagascar : la sécheresse a entrainé une augmentation perçue des taux de violences à l’égard des femmes

27 Mar 2023

En 2020, la Banque mondiale s’est associée à des chercheurs du Global Studies Institute de l’Université d’État de Californie pour mettre en place un système de suivi des impacts sociaux de la sécheresse dans le sud de Madagascar. Tous les quatre mois, un panel représentatif de 480 répondants a été invité à réfléchir aux impacts de la sécheresse et à l’évolution des différentes dynamiques sociales.

Les personnes interrogées ont indiqué que la sécheresse était à l’origine des problèmes de manque d’accès à l’eau et à la nourriture, l’augmentation des prix des denrées alimentaires, et l’aggravation de la pauvreté et pression sur les moyens de subsistance.

Ce système de suivi a révélé d’importantes tendances sociales pendant la sécheresse et la période de relèvement dans le sud de Madagascar.  Entre autres, la sécheresse a entrainé une augmentation perçue des taux de violences à l’égard des femmes. Même avant la sécheresse, les conditions de vie dans le sud de Madagascar étaient particulièrement difficiles pour les femmes. Les régions du sud affichaient déjà les taux les plus élevés de violence à l’égard des femmes et des filles, en particulier en ce qui concerne la violence sexuelle, avec 16 % des femmes et des filles déclarant avoir subi des violences, contre une moyenne nationale de 7 %. Les normes culturelles et les croyances sur le genre, ainsi que l’ambiguité et la faiblesse des lois sur la violence, ont contribué à ce problème, rapporte-t-on.

La violence communautaire, y compris les viols et les vols de bétail, a également augmenté pendant la sécheresse. Les personnes interrogées dans le cadre de ont établi un lien entre l’aggravation de la faim et de la pauvreté pendant la sécheresse et l’augmentation des vols de bétail opportunistes, ainsi que d’autres actes préjudiciables tels que les vols, les enlèvements et les meurtres, les gens essayant d’accéder à des revenus par tous les moyens possibles.

Enfin, la sécheresse prolongée a intensifié les migrations. L’enquête a en effet montré que les schémas de migration à l’intérieur et à l’extérieur de la région se sont intensifiés pendant la sécheresse et n’ont pas souvent apporté les nouvelles opportunités espérées. Les femmes migrantes, par exemple, courent un risque accru de violence sexiste, notamment de traite d’êtres humains et d’autres formes de discrimination.

Ces conséquences sociales de la sécheresse à Madagascar ont aggravé la vulnérabilité et l’exclusion de personne déjà pauvres, rendant encore plus difficile leur parcours pour sortir de la pauvreté et parvenir à un développement durable, selon la Banque mondiale.

Cette institution travaille avec le gouvernement malgache pour apporter une perspective holistique en prenant en compte les conséquences sociales dans son intervention dans le sud de Madagascar. C’est ainsi qu’elle étudie la manière de faire le suivi et de mesurer tous les impacts sociaux de la sécheresse, parallèlement aux initiatives en cours visant à renforcer la sécurité alimentaire, à relancer l’agriculture familiale, à améliorer la résilience face à la sécheresse et la gestion des ressources en eau. La Banque mondiale recherche des solutions susceptibles de favoriser le soutien et la stabilisation des communautés après une période de grands bouleversements sociaux, souligne-t-on. Il est indiqué qu’un relèvement complet du sud de Madagascar ne sera possible que lorsque les impacts sociaux de la catastrophe auront été traités.