SeFaFi : pour la suppression de la carte d’électeur

16 Dec 2019

Le SeFaFi (sehatra fanaraha-maso ny fiainam-pirenena) vient de livrer ses suggestions à la suite de l’observation du cycle électoral 2018-2019.

Face à un taux d’abstention qui ne cesse de s’accroitre, l’Observatoire de la Vie publique souhaite que cette désaffection croissante des électeurs soit prise au sérieux. Rendre le vote obligatoire pourrait contribuer à éviter l’absentéisme massif et faire prendre conscience de leur devoir aux citoyens, estime de SeFaFi. Par ailleurs, le SeFaFi estime qu’il est impératif de rationaliser le calendrier électoral, en instaurant, comme dans d’autres pays, une journée dédiée aux élections nationales (Présidentielles et législatives à deux tours) – avec un deuxième tour le cas échéant, et une journée dédiée aux élections locales (régionales et municipales). Outre cette rationalisation du calendrier électoral, l’observatoire de la vie publique propose de revenir aux pratiques anciennes et tenir les élections un samedi ou un dimanche, cela afin d’éviter les préjudices pour les entreprises et pour l’économie nationale.

Le SeFaFi estime qu’il serait opportun aussi d’unifier la durée du mandat des uns et des autres, et placer les élections locales à mi-terme des élections nationales. De la sorte, les élections se succéderaient dans des délais raisonnables. En cas de démission ou d’incapacité du Président, une modification constitutionnelle devra prévoir un intérimaire qui soit en fonction jusqu’à l’élection présidentielle suivante ; et une autre modification indiquerait que l’Assemblée nationale ne pourrait plus être dissoute par le Président.

Par ailleurs, suite aux nombreux problèmes liés à la liste électorale qui ont mis en cause la CENI, le SeFaFi pense qu’il est impératif de revoir la composition et le fonctionnement de la Commission, surtout pour les modalités de mise à jour de la liste électorale. « Celle-ci compte un peu plus de 10 millions d’électeurs, pour une population de 26 millions d’habitants dont la moitié a l’âge de voter, ce qui théoriquement prive près de trois millions de citoyens de leur droit de vote ! Ces chiffres, qui ne semblent émouvoir ni la CENI ni les dirigeants, sont proprement inadmissibles », selon le SeFaFi.

Dans le même esprit de simplification, l’observatoire de la vie publique propose de supprimer au plus vite la carte d’électeur qui selon lui est inutile, budgétivore, facile à imiter, occupe une armée de fonctionnaires et importune inutilement l’électeur. « La carte d’identité suffit amplement, et il serait préférable d’affecter à sa délivrance systématique le budget alloué aux cartes d’électeurs. Rappelons aussi que l’adresse qui figure sur la carte d’identité n’est pas obligatoirement celle du titulaire au moment du vote. Un certificat de résidence suffira pour le citoyen qui a changé de domicile », selon le SeFaFi.

Pour ce qui est de la lenteur dans l’acheminement des résultats auprès de la CENI, l’observatoire de la vie publique souhaite que la suggestion de fournir à chaque bureau de vote des téléphones portables qui transmettent les résultats en temps réel aux districts et à la CENI soit prise en compte pour y remédier.

Concernant les élections municipales et communales, plus particulièrement, le SeFaFi d’indiquer qu’il est nécessaire de simplifier le processus. « Comme l’expérience l’a montré, dans la pratique actuelle, les deux élections parallèles du maire et du conseil municipal aboutissent souvent à des appartenances différentes, voire concurrentes, ce qui ne peut que nuire à une gestion efficace de la collectivité. Le plus simple serait d’en revenir à un scrutin de liste : la tête de la liste arrivée première sera le maire et sa liste aura la majorité au conseil municipal ; les autres listes seront représentées à la proportionnelle pour les 50% qui restent. Ainsi la liste majoritaire aura les moyens de réaliser son programme, et les listes minoritaires seront représentées au sein du conseil municipal. En toute hypothèse, la question mérite de faire l’objet d’un débat public avant les prochaines élections, afin de concilier l’efficacité et la représentativité », avance-t-on.

A noter que selon le SeFaFi, Madagascar vient de vivre l’un des plus longs cycles électoraux de son histoire. Des présidentielles du 7 novembre et du 18 décembre 2018 aux municipales et communales du 27 novembre 2019, les électeurs ont été convoqués à quatre reprises.

 

Ony Rabé