Retour de la fumée sur Antananarivo

3 Oct 2022
Actuellement, l’on constate qu’un nuage de fumées se répand à Antananarivo.
Certes Antananarivo est polluée toute l’année, mais chaque année en octobre et novembre, la ville subit en plus une très forte pollution liée aux feux, souligne l’Initiative pour le Développement, la restauration écologique et l’innovation (INDRI). En effet, feux de brousse, feux de nettoyage des champs, tavy, feux de forêts… s’accumulent à cette saison pour rendre l’air irrespirable dans une grande partie de Madagascar, y compris dans la capitale.
Dans la soirée du 2 octobre, Antananarivo était dans la fumée. Un incendie à la décharge d’Andralanitra répand depuis quelques jours une épaisse fumée sur les quartiers environnants. Par ailleurs, des points de feux sont sont localisés dans les zones forestières de Madagascar, y compris dans certaines Aires Protégées.
Ce 3 octobre à 3 heures du matin, le taux de particules très fines (PM2,5), qui sont les plus dangereuses pour la santé, était de 91,5 μg/m3, soit 6 fois plus que la norme fixée par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui est de 15 μg/m3, indique-t-on.
A Madagascar, la saison sèche est propice aux feux de forêts. Les fumées sont à l’origine de nombreux problèmes de santé, particulièrement pour les personnes à risque (femmes enceintes, enfants, asthmatiques, diabétiques, personnes âgées, etc.).

80% de la population dépend du secteur primaire, et les feux détruisent les paysages dont ils dépendent. Ils contribuent au recul des forêts et de la biodiversité, à la dégradation des sols et des ressources en eau, et à l’aridité des paysages. Tout ceci contribue directement à aggraver la malnutrition et la pauvreté. Par ailleurs, les feux de végétation contribuent à la pollution de l’air, qui affecte chaque année des millions de malgaches.

Pour faire face à ce problème récurrent, l’initiative Alamino coordonnée par INDRI a déjà proposé des mesures pour une meilleure gestion des feux.

L’initiative Alamino a entre autres suscité un grand élan national en reconnaissant les feux comme une catastrophe nationale nécessitant la mobilisation de toute la Nation, en créant une journée nationale de lutte contre les feux, consacrée notamment aux actions locales de prévention, pour protéger les sites de reboisement et les forêts, et en lançant une campagne nationale de sensibilisation, avec cinq cibles : autorités locales, communautés rurales, populations urbaines, usagers des transports, leaders spirituels.

La création d’un Centre National Anti Feux (CNAF) figure également parmi les mesures avancées pour lutter contre les feux de forêt. Ce CNAF est chargé de rassembler les acteurs et les informations pour coordonner les actions, en relançant les Comités Permanents de Lutte contre les Feux, en particulier dans les zones où la situation des feux est critique, et en mobilisant les forces de l’ordre pour appuyer la surveillance et l’extinction des feux, assurer le respect de la loi et la sécurité des agents impliqués dans la lutte contre les feux.

En outre, l’initiative Alamino appelle au renforcement de la la surveillance des feux au sol (patrouilles et tours de guet), pour identifier les feux illégaux / à risque et les signaler, en renforçant la surveillance des feux par images satellite notamment avec l’outil FIRMS NASA pour signaler les feux et comprendre leur évolution par région, et en testant la surveillance des feux par drone sur un site pilote.

L’initiative INDRI pousse actuellement pour la mise en œuvre de ces mesures.
Irina