Près de 4000 foyers de la commune d’Ambazoa en situation d’urgence

6 Dec 2020

Ambazoa est l’une des communes dans le grand Sud de Madagascar où la situation humanitaire reste inquiétante. Située dans l’extrême Sud de la région Androy, plus de 36.000 personnes y vivent, répartis dans 66 fokontany.

Philippe, un habitant du fokontany d’Halomboroa, dans la commune d’Ambazoa, se rappelle que la dernière fois où il a plu dans les environs, c’était au mois de février. Depuis, la population peine à trouver de l’eau au quotidien, et les cultures en pâtissent.

En temps normal, la population locale vit de la culture de maïs, de manioc ou encore de patate douce. Mais la sècheresse a frappé tôt et fort cette année. “Nous ne pouvons plus travailler, nous n’avons rien à nous mettre sous la dent. Le soir, la plupart du temps, nous dormons sans manger” confie Philippe.

De l’eau salée à Ampaipaike

Dans le fokontany voisin, à Ampaipaike, à 35 kilomètres d’Ambovombe, 90 ménages vivent péniblement sous le soleil du Grand sud. Là aussi l’eau est introuvable. Il faut marcher sur plus de 5 kilomètres pour trouver un puit, creusé à quelques mètres de la mer.

Evidemment, l’eau que l’on récupère est salée, mais c’est mieux que rien” témoigne Evelyne, une habitante du fokontany d’Ampaipaike. Elle explique qu’en cette période, environ 5 familles cotisent pour s’acheter 3 kapoaka de riz, qu’elles font cuire à grande eau.

Philippe, lui, se rappelle que des projets de pipeline d’eau étaient en discussion. “Nous en avons entendu parler, nous espérons vraiment que ce projet aboutisse” souligne-t-il.

Appel à l’aide

En situation précaire, durement frappée par la famine, la population locale appelle à l’aide. Philippe, espère que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) interviendra bientôt dans la commune d’Ambazoa. “Nous savons que le PAM apporte des vivres dans certaines communes voisines, nous espérons également en recevoir. C’est extrêmement dur en ce moment” explique-t-il.

Loin de baisser les bras, Philippe explique également qu’au delà des vivres, ce dont la population locale a besoin c’est aussi des outils pour pouvoir travailler, et de l’argent pour pouvoir acheter de quoi manger dans les communes voisines.

Le maire de la commune d’Ambazoa, Fenolily, estime pour sa part que la solution durable passera par la mise en place d’un développement intégré. “Les autorités ont tout intérêt à promouvoir l’artisanat ou la culture de coco. Nous devons aussi miser sur la formation professionnalisante des jeunes, en mécanique auto par exemple” explique-t-il.

Une catastrophe à éviter

Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime à près de 35 millions de dollars US les besoins pour éviter une catastrophe dans le Sud de Madagascar. En septembre, le PAM a commencé une aide alimentaire d’urgence vitale pour atteindre plus de 100 000 personnes en quelques jours grâce à des distributions de vivres dans le district d’Amboasary, où la situation est plus critique. L’organisation a également fourni des repas chauds à 2 000 enfants d’âge scolaire et personnes âgées souffrant de malnutrition.

Ce dimanche 6 décembre, le Premier ministre et une délégation de 7 membres du gouvernement sont venus constater l’avancement des actions entreprises pour la lutte contre le kere. Ils ont participé à un atelier en vue de discuter des moyens pour accélérer la lutte contre l’insécurité alimentaire dans le sud.

Renaud Raharijaona