Plus de 468 000 enfants naîtront dans la faim en 2023 à Madagascar

22 Nov 2023

Une étude réalisée par Save the Children publiée à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance a révélé que plus de 468 000 enfants, soit environ 53 enfants toutes les heures, naîtront dans la faim en 2023. Ce chiffre représente presque le double du nombre d’enfants nés dans la faim il y a dix ans à Madagascar. 

À Madagascar, Save the Children a constaté que près de deux fois plus de nouveau-nés seront confrontés cette année à la faim par rapport à 2013, année où 262 000 enfants sont nés dans les griffes de la faim. En utilisant les dernières données nationales sur la prévalence de la sous-alimentation de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et les estimations des Nations Unies sur le nombre de naissances, Save the Children a constaté que le nombre de nouveau-nés souffrant de la faim est presque deux fois plus élevé cette année qu’en 2013.
 
Dans le monde, au moins 17,6 millions d’enfants naîtront dans la faim cette année, soit environ 33 enfants par minute, ce qui représente une augmentation de 22 % par rapport à la décennie précédente, où 14,4 millions d’enfants naissaient dans les griffes de la faim.
 
L’instabilité économique, les conflits et les chocs climatiques répétés ont contribué à une crise de la faim dévastatrice qui touche tous les coins du monde. Selon l’étude, l’Afrique et l’Asie représenteront 95 % des naissances d’enfants sous-alimentés dans le monde en 2023. Les données ne tiennent pas compte de l’impact de l’escalade de la violence dans le territoire palestinien occupé sur la faim ou le taux de natalité dans la région.
 
Tatiana Dasy, directrice de programme à Save the Children à Madagascar, a déclaré que la faim détruira les rêves de ces enfants, réduira au silence leurs jeux, perturbera leur éducation et menacera leur vie. “L’avenir de ces enfants est déjà compromis avant même qu’ils ne prennent leur premier souffle. Nous devons protéger leur enfance et leur avenir avant qu’il ne soit trop tard”, ajoute-t-elle.
 
Faut-il noter que Madagascar fait partie des 10 pays où au moins 25% de la population est confrontée à la faim chronique et où le nombre de bébés nés sous-alimentés sera le plus élevé cette année, selon la nouvelle étude. Les autres pays touchés sont la RDC, l’Ouganda, le Kenya, l’Afghanistan, la Somalie, le Mozambique, le Yémen, le Tchad et la Zambie.
D’énormes progrès ont été réalisés dans le passé pour réduire la faim dans le monde. Selon l’analyse, 21,5 millions d’enfants sont nés dans la faim en 2001, soit un cinquième de plus qu’en 2023. Cependant, les progrès ont commencé à diminuer de manière significative en 2019, en grande partie à cause de l’instabilité économique, des conflits et de l’aggravation de la crise climatique.
 
“La faim n’est pas une cause perdue. Nous avons le pouvoir de réduire considérablement le nombre d’enfants souffrant de malnutrition dès maintenant, comme nous l’avons fait par le passé”, poursuit Tatiana Dasy. “Toutefois, si nous ne nous attaquons pas aux causes profondes de la faim et de la malnutrition, nous continuerons d’assister à l’inversion des progrès accomplis en faveur des enfants. Il s’agit d’une crise mondiale de la faim, qui nécessite une solution mondiale”.
 
L’ONG Save the Children appelle les dirigeants mondiaux qui se réunissent aujourd’hui au Royaume-Uni à l’occasion du sommet mondial sur la sécurité alimentaire à s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë. “Ce n’est qu’en mettant fin aux conflits mondiaux, en s’attaquant à la crise climatique et aux inégalités dans le monde, et en construisant des systèmes de santé, de nutrition et de protection sociale plus résilients et moins vulnérables aux chocs tels que le COVID-19, les conflits et la crise climatique, que nous pourrons nous assurer que les mêmes avertissements ne retentiront pas à nouveau dans les années à venir,” avance-t-elle.
 
L’organisation de défense des droits de l’enfant appelle également à une plus grande collaboration, au dialogue et à l’investissement dans tous les secteurs avec les communautés locales et au leadership de ces dernières, afin de renforcer la planification et la mise en œuvre des réponses, ainsi que notre capacité à agir rapidement et à empêcher les chocs prévisibles de se transformer en crises.
Save the Children demande, en outre, aux dirigeants mondiaux d’intensifier les interventions peu coûteuses visant à prévenir et à traiter la malnutrition : traitement communautaire de la malnutrition aiguë, soutien et protection de l’allaitement maternel, et investissement dans les soins de santé communautaires et primaires.