Pharmaciens : pour une médication adéquate et au bon prix

27 Apr 2021

Face à la situation qui prévaut actuellement, Dr. Edwin Mora, président du syndicat des pharmaciens de Madagascar (SPM) a tenu à exprimer que les mesures d’exception prises par l’Etat vont dans le bon sens et devront être maintenues. “Le droit à la santé passe par la garantie d’un accès à une médication adéquate et au bon prix. La levée de la restriction des horaires d’ouverture des pharmacies est louable.”

Ce pharmacien a aussi souligné “qu’il faut revoir les ouvertures et emplacements de nouvelles officines suivant la poussée démographique en grandes agglomérations mais aussi dans les campagnes, par une amélioration des prestations des dépositaires de médicaments. L’USAID, à travers le projet IMPACT a commencé un travail dans ce sens qui mérite d’être sérieusement accompagné par le Gouvernement. Il faut aussi former plus de pharmaciens dans les universités locales car une promotion d’une vingtaine de pharmaciens par an est largement en deçà du besoin du pays. Une bonne répartition des pharmacies et des dépositaires de médicaments limitera de facto les ventes illicites de médicaments” a-t-il expliqué.

Par rapport aux hausses des prix des médicaments ainsi qu’aux ruptures des stocks et notamment aux ventes de médicaments sur les réseaux sociaux, Dr. Mora a fait savoir que cette situation est due à des facteurs exogènes comme la hausse du prix du fret, les contingentements par les pays producteurs, les demandes accrues des pays à fort revenu et à revenu intermédiaire comme les pays d’Asie, le bouleversement des routes commerciales et pour finir la dépréciation de l’Ariary. Il a avoué que le pharmacien est à cheval entre la gestion pure de son entreprise, celle d’assurer des stocks, de viabiliser sa structure, de gérer son personnel et le conseil au comptoir : tout cela dans le plein respect des règles déontologiques de la profession. De part toutes ces qualités, il est en mesure d’apporter des solutions par l’adaptation du secteur aux réalités de ce nouveau siècle avec sa démographie, ses maladies et ses avancées technologiques. Assurer l’approvisionnement en qualité, en quantité et avec un prix satisfaisant sans oublier les conseils aux patients.

Les médicaments sont stratégiques pour une Nation et la nôtre se doit de se l’approprier pour sécuriser sa production et sa disponibilité. Il est perçu dans le monde comme un produit coûteux sauf dans les pays où existent des assurances et/ou des mutuelles de santé qui rendent les produits plus abordables. Des efforts ont été entrepris par nos dirigeants pour mettre en place une assurance universelle, mais il est grand temps de se donner les moyens pour sa concrétisation. Nous pouvons aussi stimuler l’initiative privée pour créer plus d’usines pharmaceutiques sur place, faciliter l’enregistrement des nouveaux médicaments pour élargir l’offre, encourager les unités de production déjà existantes par l’adoption de mesures facilitatrices et penser à une création d’une centrale d’achats commune pour mutualiser les coûts afin de baisser les prix des médicaments” a-t-il indiqué.

Marché noir

Dans la même foulée, le Dr. Mora a souligné que l’existence du marché noir des médicaments, surtout ceux, dédiés pour lutter contre le Covid-19, nuit beaucoup au bon fonctionnement des officines. “Ce marché noir figure parmi les causes de la rupture des stocks de ces médicaments“, a-t-il martelé. Pour remédier à cette situation, Dr. Mora a fait savoir que le syndicat a déjà initié depuis le début de l’année, une collaboration avec le ministère de la Justice et celui des forces de l’ordre pour lutter de façon pérenne contre ce fléau. “Cette fois-ci, nous prenons les devants pour le bien de la population avec l’appui de notre Ordre et du Ministère de tutelle” a-t-il avancé.

Outre les enquêtes et poursuites judiciaires, le syndicat propose également de revoir l’arsenal juridique en criminalisant le marché illégal et d’intégrer dans la Brigade de lutte contre les Trafics et Consommation de Drogues, la loi sur les ventes illicites de médicaments.

Concernant les ventes sur les réseaux sociaux, Dr Mora a souligné qu’il est temps que le pays se dote d’un cadre juridique pour permettre aux professionnels de s’y mettre, au détriment des illégaux pour mieux sécuriser les médicaments.

Questionné sur la situation actuelle qui touche également le métier de pharmacien, ce docteur en pharmacie a avoué que depuis le début de la crise de la Covid-19, le syndicat a perdu 5 des siens. “Nous sommes en première ligne, nous engageons de plus en plus de ressources financières pour mettre nos services et stocks au niveau, nous engageons des employés supplémentaires pour assurer des services adaptés à nos horaires d’ouverture récemment améliorés pour faire face aux besoins. Sachez aussi que depuis l’avènement heureux des médicaments génériques et la multiplication du nombre de pharmacies, le pharmacien connait une baisse mathématique de son chiffre d’affaires sans que ses obligations financières diminuent. Nous vivons donc les mêmes difficultés que tout le monde” a-t-il précisé.

Edwin Mora a tenu à inviter tout un chacun à respectez les mesures barrières pour se protéger du Covid-19. Il demande également aux citoyens de remonter toute forme d’abus, en adressant directement les doléances au secrétariat du Syndicat. Il invite aussi les citoyens à acheter uniquement les médicaments auprès des pharmaciens et des dépositaires de médicaments.

Les pharmaciens sont prêts à étudier ensemble avec les intéressés, l’opportunité de la vaccination anti-Covid-19 dans l’intérêt de tous les Malagasy, surtout les plus vulnérables et les plus exposés aux risques de contamination. “Les pharmaciens restent disponibles pour vous aider en tout ce qui concerne les médicaments” a-t-il conclu.

Rafr.