Nations Unies: Madagascar vote pour une résolution en faveur du retrait immédiat des troupes russes en Ukraine

24 Feb 2023

Dans le cadre de sa onzième session extraordinaire d’urgence, à la veille du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté, hier, à une large majorité, une nouvelle résolution destinée cette fois à défendre les principes de la Charte des Nations Unies « sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine ».

La résolution, qui exige de nouveau que la Fédération de Russie « retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays », a été entérinée par 141 voix pour, 7 voix contre et 32 abstentions, après le rejet de deux propositions d’amendement soumises par le Bélarus.

Madagascar figure parmi les 141 pays qui se sont positionnés pour le soutien à la Charte des Nations unies et aux principes du droit international, souligne la Délégation de l’Union Européenne dans le pays.

A rappeler que Madagascar, qui a toujours manifesté sa neutralité par rapport au conflit russo-ukrainien, figure parmi les pays ayant signé, en octobre de l’année dernière, la résolution condamnant les annexions jugées illégales de Donetsk, Kheron, Louhansk et Zaporijjia suite aux référendums organisés par la Russie. Cette position avait coûté sa place au ministre des Affaires étrangères de l’époque, Richard Randriamandrato. En effet, il lui avait été reproché d’avoir pris seul une décision sur un vote stratégique aux Nations Unies concernant le conflit russo – ukrainien, sans avoir consulté le Gouvernement et le Président de la République. L’ancien ministre, lui, a indiqué avoir pris cette décision en [son] âme et conscience et qu’il ne pensait pas avoir mis en danger l’intérêt de la nation en votant ainsi.

Intérêt national

Pour justifier la prise de position de la Grande île en faveur de la résolution intitulée « Principe à la base d’une paix globale, juste et durable en Ukraine », le ministère des Affaires étrangères (MAE) évoque un souci de préservation de l’intérêt national.
 
“En vue de préserver l’intérêt national, notamment celui de la population malgache, Madagascar estime qu’il serait opportun de saisir la présente occasion pour mettre fin aux conflits et aux crises qu’ils génèrent. Madagascar en appelle ainsi à la conscience humaine pour préserver dès maintenant la génération future”, peut-on lire dans un communiqué du MAE.
 
L’évolution de la situation en Ukraine met en évidence ses impacts sur la sécurité alimentaire et énergétique mondiale, affectant directement la population malgache par une augmentation vertigineuse des prix des biens et des produits de première nécessité, souligne le ministère des Affaires étrangères.
 
Le MAE rappelle que Madagascar, conformément à ses valeurs, a toujours adopté une position de neutralité. Par ailleurs, le pays mène une diplomatie d’ouverture et entend encourager toute initiative favorable à la promotion et à l’avènement d’une paix globale et juste. En outre, Madagascar réaffirme son souhait d’un règlement pacifique des différends et invite toutes les parties prenantes à s’abstenir de toute action qui menace la paix mondiale, selon le communiqué du MAE.

Dialogue

Si les condamnations de l’agression russe ont dominé les interventions des États membres, de nombreuses voix se sont également fait entendre pour appeler au dialogue et à la diplomatie en vue d’un règlement négocié du conflit.

La Chine qui figure parmi les pays qui se sont abstenus de se prononcer, a justifié sa position, en faisant valoir que le dialogue et les négociations sont les « seules voies possibles » pour mettre fin à cette crise. Exhortant la communauté internationale à unir ses forces pour faciliter de tels pourparlers, elle a aussi estimé qu’envoyer des armes en Ukraine ne fait que « verser de l’huile sur le feu » et prolonger le conflit, une position appuyée par Cuba.  Plus mesurée, l’Inde a noté que si la résolution met à bon escient l’accent sur l’importance d’une intensification des efforts diplomatiques, elle montre aussi les limites du système de l’ONU pour régler les nouveaux conflits.

Parmi les pays ayant voté en faveur du texte, des voix se sont également élevées pour appeler à garder ouverte la voie du dialogue entre les parties au conflit. Certains pays, comment l’Uruguay, ont souhaité qu’à travers les mécanismes de négociation prévus par la Charte et avec la participation du Conseil de sécurité et du Secrétaire général, des voies de dialogue soient trouvées pour permettre aux parties de s’accorder sur des mesures de désescalade.