Menabe Antimena » : un nouveau plan d’aménagement et de gestion 2022- 2026 sur les rails

28 Mar 2022

Le Ministère de l’Environnement du Développement Durable (MEDD), appuyé par ses partenaires techniques que sont l’USAID Mikajy et la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar (FAPBM), a réuni les parties prenantes de l’aire protégée de Menabe Antimena (APMA), pour présenter les résultats des consultations sur les objectifs, les stratégies de gestion et le Plan quinquennal d’Aménagement et de Gestion (PAG) de l’aire protégée le 25 mars 2022 à Morondava, avant sa validation aux niveaux local et régional. L’atelier a été aussi l’occasion de la signature des conventions de financement de la FAPBM en faveur des gestionnaires actuels de l’aire protégée (Fanamby, Durrell et CNFEREF).

APMA est un site de biodiversité exceptionnelle avec quatre espèces endémiques qui ne se trouvent nulle part ailleurs, y compris le plus petit primate au monde, le Microcèbe de Madame Berthe. Mais ces espèces et les autres valeurs écologiques inestimables de la zone telle que la régulation de l’eau et du climat sont fortement menacées car 44 % de la forêt de l’APMA a été perdue depuis la création de l’aire protégée en 2015. La déforestation menée surtout par les migrants pour la culture de maïs et d’arachide nécessite des solutions multisectorielles, pour qu’elles soient durables. Telle a été la ligne directrice des recommandations sur le PAG de l’APMA pour les 5 prochaines années.

« De catégorie 5, Paysage Harmonieux Protégé, l’objectif de l’APMA est de maintenir la diversité du paysage ainsi que des écosystèmes qui y sont associés et protéger le paysage terrestre et marin tout en assurant l’interaction harmonieuse de la nature et de la population locale. Pour l’APMA, la vision globale consiste donc à : préserver l’intégrité de la biodiversité du site ; maintenir les vocations, occupations naturelles et utilisations des différentes zones et unités de zonages ; renforcer la contribution de l’aire protégée au développement local, régional et national à travers la promotion des modes de vie durables et des activités économiques en harmonie avec la nature, ainsi que la préservation de l’identité socioculturelle et des intérêts des communautés concernées » selon M. Rinah Razafindraibe, Directeur des Aires Protégées, des Ressources Naturelles renouvelables et des Écosystèmes du MEDD.

Le Projet USAID Mikajy appuie la sauvegarde de ce qui reste de ce patrimoine naturel de l’APMA à travers le développement des alternatives économiques pour la population locale environnante et la protection et gestion des forêts et habitats à travers, entre autres, de la mise à jour des outils de gestion de l’aire protégée. Le projet a ainsi appuyé l’Association ACT, dans le processus de mise à jour du PAG de l’APMA 2015-2020, à procéder aux consultations des acteurs local et régional concernés. Ces échanges ont permis de consolider les informations biologiques, socioéconomiques, environnementales sur les contextes et les enjeux actuels de l’APMA. Avant de procéder à la présentation de ces orientations au niveau local, tenant compte de la vision gestion harmonieuse de paysage, la présentation de ces objectifs et stratégies de gestion auprès des différents secteurs est essentielle pour avoir l’appropriation par tous du nouveau PAG. Ainsi, se résume l’enjeu de cet atelier régional. Le développement du PAG a été bâti sur les Schémas d’Aménagement Communal (SAC) des 4 communes situés au sein de l’APMA, selon un processus participatif mené par SIF/USAID Hay Tao. Grâce à ce travail préalable, l’APMA est intégré dans l’aménagement territorial contribuant au développement local harmonie avec sa conservation.

La mise en œuvre de ce PAG requiert des moyens financiers et l’engagement des bailleurs de fonds sur 5 ans. En tant que mécanisme de financement durable, la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar (FAPBM), à travers les revenus de son capital, assure un financement pérenne. Vu les valeurs écologiques et socio-économiques de l’APMA en ligne avec les critères de priorisation des aires protégées financées par la Fondation, l’APMA a été sélectionnée pour intégrer le cycle de financement de la Fondation à partir de 2022. La signature des conventions de financement avec les parties prenantes Fanamby, Durrell et CNFEREF a clôturé l’atelier de partage. Compte tenu de l’urgence de la situation de l’APMA, pour 2022, la Fondation financera prioritairement les activités de sécurisation de l’aire protégée dont les brigades mixtes avec le DREDD, la restauration des paysages dégradés et la conservation de la biodiversité. Cette subvention annuelle en faveur de l’APMA prélude la signature d’une convention quinquennale, qui actera la pérennité du financement, mais dont la mise en place est tributaire de la validation du PAG.

« L’APMA est à Morondava, mais elle porte la voix de toutes les forêts de Madagascar. Ces forêts sont brûlées pour des nécessités à court terme. Et pourtant, leur disparition menace notre survie. Notre aptitude aujourd’hui à la défendre et à la restaurer témoigne de notre capacité et de notre volonté de sauver les forêts restantes de notre Grande Île. Abandonner l’APMA n’est pas une option, nous le devons pour les communautés qui en dépendent, nous le devons à la prochaine génération. Ce financement de la FAPBM ne sera pas un ariary brûlé de plus, il servira à arrêter les feux et défrichements. C’est un appel à toutes les parties prenantes à prendre leurs responsabilités pour sauver Menabe Antimena. » a énoncé Mme Nanie Ratsifandrihamanana, Présidente du Conseil d’Administration de la FAPBM.