Madagascar se mobilise pour lutter contre la pollution de l’air

24 Dec 2020

A Madagascar, comme dans le monde, la pollution de l’air devient une menace de plus en plus grave pour la santé de la population. A l’échelle mondiale, la pollution atmosphérique est à elle seule responsable de plus de 7 millions de décès. A Madagascar, la moyenne mensuelle des nombres de cas d’affections respiratoires (toux ou rhume, infections respiratoires aiguës, pneumonies, asthmes) rapportés vus en consultation externe dans les centres de santé de base ne cesse d’augmenter, en passant de 148 617 en 2015 à 189 151 en 2020. On estime que plus d’un décès sur cinq est causé par une exposition à la pollution.

 

En plus de la pollution de l’air ambiant, les formes les plus nocives pour les enfants sont liées à la pollution intérieure, causée par l’utilisation de poêles à charbon, responsable d’un certain nombre de maladies respiratoires, qui renforce la fragilité des enfants et adolescents, ce qui est particulièrement critique en période de pandémie. Comme toujours, ce sont les personnes les plus pauvres qui sont le plus à risque.

 

L’impact de la pollution sur la santé des enfants est important mais souvent caché. Il contribue aux maladies respiratoires, au retard de croissance, aux naissances prématurées, à la malnutrition et à des maladies telles que le cancer. Elle affecte également le développement de l’enfant en contribuant à l’absentéisme scolaire. Plus largement, elle contribue à la pauvreté et mine le développement de pays comme Madagascar.

 

Aussi, avec l’appui de l’UNICEF, le Ministère des Transports, du Tourisme et de la Météorologie à travers la Direction Générale de la Météorologie, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable à travers la Direction de la gestion des Pollutions, des Déchets et de l’Intégration de la Dimension Environnementale, le Ministère de la Santé Publique à travers le Service de Santé et Environnement, et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique à travers l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires et le Centre National de Recherches sur l’Environnement, s’associent avec toutes les parties prenantes pour renforcer les efforts dans la surveillance de la qualité de l’air à travers la mise en place d’un réseau de station, la sensibilisation, et la mise en place de mesures durables pour lutter contre ce fléau. Le Ministère de l’Environnement et du développement Durable en tant que Ministère transversal a en effet réuni récemment tous les secteurs publics et privés concernés par ce problème afin d’y apporter des solutions durables.

 

Ce problème ne date pas de cette année. En effet, les travaux de recherche et rapports de consultance de l’INSTN-Madagascar sur la pollution de l’air en métaux lourds et particules fines depuis les années 2000 avaient abouti à l’interdiction de l’essence plombée en 2006. Les mesures effectuées par ledit institut ont montré par la suite, en 2017, des valeurs record de cinq fois la valeur limite autorisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), avec une concentration moyenne approximative de 125 μg/m³ de poussières fines PM2.5. Puis, du 21 novembre 2019 au 07 janvier 2020, la pollution de l’air a connu une diminution significative, avec des concentrations en PM2.5 légèrement supérieures aux normes OMS. La saison des pluies étant probablement pour quelque chose dans l’atténuation de la pollution de l’air. Fait marquant noté par l’INSTN-Madagascar, la qualité de l’air s’est nettement améliorée, avec une concentration voisine de 25 μg/m³, durant la période de déconfinement partiel en mai 2020, où la circulation était devenue plus fluide.

 

La surveillance continue et en temps réel de la qualité de l’air depuis septembre 2020 a montré que pendant les quatre derniers mois, la ville d’Antananarivo a connu plusieurs épisodes de pollution successifs. Les pics de pollution les plus importants sont survenus cette année entre mi-octobre et mi-novembre 2020, avec des taux de pollution journaliers allant jusqu’à 190 μg/m³, alors que le seuil recommandé par l’OMS est de 25 μg/m³. Les fumées issues des feux de brousse et les briqueteries ainsi que l’inefficacité énergétique de nos moyens de transport et des usines en sont les principales causes.

 

Au vu des situations en temps réel connues à travers le nouveau bulletin de surveillance de la qualité de l’air lancé par la Direction Générale de la Météorologie en novembre 2020, des mesures de réduction de la pollution et de protection de la santé de la population d’Antananarivo devraient être mis en place. Des séances de concertation entre tous les secteurs concernés seront organisées afin de définir un plan de gestion durable des pollutions de l’air dans la capitale et à Madagascar car l’extension du réseau de surveillance de la pollution de l’air à l’échelle nationale est aussi envisagée.