Madagascar à l’honneur avec « Zanaka Tany »

14 Mar 2019

“Zanaka Tany”, un film documentaire dont le titre est traduit en français par “Aux enfants de la terre”, réalisé par Alexandre Poulteau, un français d’origine malgache, sera diffusé à Saint-Omer dans la région “Hauts-de-France” ce samedi 16 mars à 14h30. La diffusion de ce film documentaire fait partie du festival international du Grand Reportage d’actualité et du documentaire de société.

Le réalisateur est franco-malgache, né à Madagascar et y a passé une partie de son enfance. il a été témoin de la pauvreté et du désespoir de la population. Aujourd’hui, il voudrait aider son pays natal, contribuer à sa façon et via ses savoirs, c’est-à-dire, la réalisation de film, à l’amélioration de la vie des Malgaches.

La vision du réalisateur par rapport à Madagascar est très profond. « À Madagascar, des hommes et des femmes s’interrogent et se lèvent pour combattre le fatalisme et la résignation au sein des leurs. Ils veulent puiser dans la culture ancestrale du pays pour renouer avec des formes de solidarité perdues. Dans leurs sillages, des communautés rurales se mobilisent pour améliorer leur quotidien. Elles se réunissent et cherchent des solutions aux problèmes qui les affectent : extrême pauvreté, absence d’Etat-Providence dans le domaine de la santé, de l’éducation, etc.
La mobilisation collective, avant même de se confronter à des obstacles et pressions extérieures, doit pouvoir émerger. Il faut s’écouter, se faire confiance, s’unifier.  Surtout, il faut arriver à dépasser ses propres peurs, le sentiment d’impuissance, le désespoir qui mine et entrave la capacité d’agir ?
Comment mobiliser une communauté ? Et comment des communautés mobilisées peuvent-elle atteindre leurs buts ? 
»

Dans sa présentation officielle, il est souligné que « ce film montre la trajectoire de plusieurs communautés rurales qui cherchent à changer leur vie quotidienne. Dans un pays où l’Etat, corrompu à tous les niveaux, fait cruellement défaut, ces communautés travaillent ardemment à reprendre le contrôle sur le cours de leur existence à travers un mode d’organisation ancestral, collégial et démocratique : le fokonolona.  

Le fokonolona est la structure communautaire locale traditionnelle de base. Elle regroupe plusieurs villages qui se réunissent régulièrement pour prendre des décisions ensemble, où les Anciens jouent un rôle de guide moral important mais où le pouvoir est partagé par tous. (…)  Dans de nombreux endroits à Madagascar, ce mode d’organisation n’est plus que l’ombre de lui-même. Il existe encore comme entité « administrative » mais il a été vidé de sa substance, n’agit plus au quotidien. Pourtant, dans toutes les régions du pays, des “mobilisateurs”, au sein de chaque fokonolona, se battent pour participer à l’éveil de chaque communauté. »

Recueillis par Faly R.

 

 

Propos du réalisateur

En 2013, j’ai rencontré le Tafo Mihaavo et SGP GEF, deux réseaux qui regroupent environ 400 fokonolona mobilisés ! Je leur ai proposé de faire un film pour les soutenir, proposition qu’ils ont accepté avec enthousiasme. L’été 2014, je suis reparti 2 mois à Madagascar pour rencontrer et partager le quotidien de communautés rurales, dans différentes régions. Ce premier contact m’a permis de faire quelques images et de voir la mobilisation de mes propres yeux. Puis je suis reparti pendant l’été 2015 pour suivre la mobilisation en profondeur. J’ai filmé le réseau de communautés prendre de l’ampleur, passer de la mobilisation locale à régionale, vers le national. J’ai pu approfondir les relations que j’ai noué en 2014 et comprendre l’importance d’individus exceptionnels dans la mobilisation, face à une population encore accablée par le sentiment d’impuissance. Des hommes et des femmes luttent tous les jours contre le fatalisme, pour faire naître l’espoir, l’espoir qui précède l’action !

Maintenant que le film est terminé, et en plus des diffusions qui pourront avoir lieu partout où c’est possible, mon projet est de mettre en place un cinéma itinérant et de diffuser le film le plus largement possible à Madagascar. Mon but est de montrer ces communautés exemplaires dans des lieux qui ne sont pas encore mobilisés et ne font pas encore partie du réseau Tafo Mihaavo.

Grâce à ce film, je veux rendre ce mouvement peu connu visible, le prolonger, participer à sa progression !