L’UNICEF alerte sur un avenir difficile pour les enfants d’ici 2050
L’avenir de l’enfance pourrait basculer à moins que des mesures urgentes ne soient prises pour préserver les droits de l’enfant dans un monde en pleine mutation, alerte l’UNICEF dans son nouveau rapport phare publié à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance.
Ce rapport, intitulé ” la situation des enfants dans le monde 2024 : l’avenir de l’enfance dans un monde en mutation “, examine la manière dont trois grandes tendances, observées à l’échelle mondiale, affecteront la vie des enfants d’ici aux années 2050 et au-delà. Ces grandes tendances, à savoir les changements démographiques, la crise climatique et environnementale, et les technologies d’avant-garde, fournissent des indications clés sur les défis et les possibilités qui attendent les enfants dans le monde de demain.
A Madagascar, comme ailleurs, celles-ci exigent l’ajustement urgent des politiques et des ressources pour répondre aux besoins des enfants dans cet environnement en évolution.
Concernant la transition démographique : dans les décennies à venir, de nombreuses régions du monde connaîtront un vieillissement de la population, tandis que certaines resteront jeunes. Madagascar compte actuellement 14,4 millions d’enfants ; ils seront plus de 24 millions en 2050, même si en pourcentage, cela représentera 41 % de la population contre près de 50% aujourd’hui. Madagascar fera donc partie des pays à faible revenus avec un très large nombre d’enfants.
La crise climatique et environnementale est une menace déjà bien connue pour le pays, qui est l’un des 10 pays au monde avec les plus grands risques climatiques pour les enfants selon l’indice des risques climatiques pour les enfants, élaboré par l’UNICEF en 2021. Elle perturbe la santé, le bien-être et l’épanouissement des enfants car les risques de maladies augmentent à causes des conditions météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles de plus en plus violentes. Ainsi l’incidence du paludisme à Madagascar a fortement augmenté au cours de sept dernières années, passant à 2.9 millions de cas enregistrés en 2023. L’accès à l’eau potable est menacé. L’accès à une alimentation diversifiée et saine est rendu difficile alors que, déjà, 24% des enfants malagasys souffrent de pauvreté alimentaire sévère – ne mangeant qu’un à deux groupes alimentaires sur un ensemble de huit groupes alimentaires définis. La pollution de l’air est aussi nuisible aux enfants. Enfin, l’éducation devient également un défi majeur. À Madagascar, selon les données du BNGRC, les cyclones des trois dernières années ont détruit ou endommagé près de 7450 écoles.
Reste les défis liés aux nouvelles technologies. Selon les données de l’Autorité de Régulation des Télécommunications en 2023, le taux de pénétration de l’internet atteint 32,57%. Ne pas être connecté dans un monde numérique signifie être privé d’opportunités présentes et futures. L’absence ou l’instabilité de l’électricité et des infrastructures inadéquates aggravent la fracture numérique. A Madagascar, sept malagasy sur 10 n’ont pas accès à l’électricité.
D’autre part, le pays faisant partie des 28 pays classés dans les économies à faible revenu, les défis à relever pour les enfants qui vivront à Madagascar en 2050 seront nombreux dans les sept domaines que le rapport a analysé comme base des projections : survie et espérance de vie des enfants, développement socio-économique, éducation, égalité des genres, conflits, urbanisation et environnement.
Le rapport ” la situation des enfants dans le monde 2024 : l’avenir de l’enfance dans un monde en mutation ” souligne enfin l’importance de placer les droits de l’enfant, tels qu’énoncés dans la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies, au cœur de l’ensemble de nos stratégies, de nos politiques et de nos mesures. C’est pourquoi l’UNICEF Madagascar plaide pour des actions et des programmes concrets dans l’éducation et notamment l’éducation aux compétences de demain à travers à un investissement massif dans une éducation de qualité pour tous les enfants, ainsi que dans l’infrastructure numérique afin de garantir un accès équitable et responsable à la technologie ; la lutte contre le changement climatique en mettant en place des services résilients qui peuvent résister aux chocs, mais aussi des systèmes d’alerte précoce et en continuant à améliorer les systèmes de préparation et de réponses aux catastrophes, privilégier le bien-être des enfants dans les politiques et les mesures climatiques ; ainsi que l’autonomisation des jeunes filles à travers une éducation et des services de santé de qualité mais aussi un changement de normes sociales en mettant en œuvre des programmes qui promeuvent l’égalité des sexes.