Liberté de la presse: Madagascar perd 41 places et se classe 98e sur 180 pays

3 May 2022

Madagascar occupe la 98e place au classement mondial de la liberté de la presse 2022, avec un score de 58.02, selon Reporter Sans Frontières (RSF). La Grande Ile perd 41 places par rapport à 2021 (57e).

Le Classement mondial de la liberté de la presse, qui évalue les conditions d’exercice du journalisme dans 180 pays et territoires, démontre en 2022 les effets désastreux du chaos informationnel (un espace numérique globalisé et dérégulé, qui favorise les fausses informations et la propagande), indique-t-on.

À l’occasion de la 20e édition du Classement mondial, RSF a fait évoluer sa méthodologie, en travaillant avec un comité de sept experts* issus du monde universitaire et des médias. Ce travail a permis de définir la liberté de la presse comme “la possibilité effective pour les journalistes, en tant qu’individus et en tant que collectifs, de sélectionner, produire et diffuser des informations dans l’intérêt général, indépendamment des interférences politiques, économiques, légales et sociales, et sans menaces pour leur sécurité physique et mentale”, explique Reporter Sans Frontières. Il en résulte cinq nouveaux indicateurs qui structurent le Classement et donnent une vision de la liberté de la presse dans sa complexité : contexte politique, cadre légal, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité.

Réagissant à ce nouveau classement établi par RSF, le Ministère de la Communication et de la Culture (MSK) se dit consterné et s’interroge sur la crédibilité de ce classement.

« Ce classement rend dubitatif pour la simple raison que RSF lui-même, dans sa propre note qui l’accompagne, met en garde contre son propre classement du fait du changement de méthodologie. En effet, on peut lire sur son site officiel que « du fait de cette évolution méthodologique, les comparaisons de rang et de score entre 2021 et 2022 sont à manier avec précaution », note le Ministère.

Par ailleurs, le MSK déplore que les données sur lesquelles se basent RSF pour évaluer la situation de la liberté de la presse dans le pays sont des données qui ne sont pas à jour. Le Ministère de la Communication de la Culture souligne que la loi en vigueur régissant la presse depuis le 1er septembre 2020 à Madagascar est la loi 2020-006 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2016-029 du 24 août 2016 relative à la communication médiatisée. Or, la notation se fonde sur la loi 2016, unanimement jugée liberticide par la profession et contre laquelle l’Etat par le biais du Ministère de la Communication et de la Culture s’est engagé à apporter des réformes en profondeur, souligne-t-on.

« Il est révoltant de constater que RSF et son « panel d’experts » ont totalement occulté l’existence de cette nouvelle loi dans ce classement 2022. Il est ahurissant de lire la mention faite par RSF indiquant que les données de ce classement ont été arrêtées fin janvier 2022, soit un (01) an et quatre (04) mois après la promulgation de la nouvelle loi sur la communication médiatisée. RSF s’est donc lourdement trompé de législation », indique le MSK.

Dans sa déclaration, le Ministère de la Communication et de la Culture s’insurge également contre le fait que Reporter Sans Frontières « s’érige en organe d’arbitrage à Madagascar et qu’il s’est chargé de trancher sur la véracité ou non d’un reportage ou d’un élément journalistique ».

Dans sa note sur le pays, Reporter Sans Frontières indique que la radiotélévision publique (RNM et TVM) reste largement dominée par les directives de la communication gouvernementale et qu’en 2021, un reportage basé sur de faux témoignages a été réalisé et diffusé à l’antenne de la TVM pour discréditer une journaliste et ses révélations sur les conséquences d’une famine d’origine climatique.

« Il est scandaleux de constater que RSF impose sa présomption de culpabilité et sa présomption d’amateurisme à l’encontre des correspondants nationaux et gratifie d’une présomption de vérité et de professionnalisme un correspondant étranger. Le RSF se substituerait donc à la justice malagasy pour juger que les journalistes des médias publics malagasy sont forcément coupables de « faux témoignage » et que les correspondants étrangers détiennent forcément la vérité. C’est aussi entraver la liberté des journalistes des chaines publiques malagasy à effectuer leurs propres reportages sur des faits d’actualités que de juger de l’extérieur, sans un travail d’investigation in situ un reportage, de « faux » et de « faux témoignage », a réagi le MSK.

Irina