Liberté de la Presse : Ilontsera dénonce diverses causes du recul du pays dans le classement de RSF

8 May 2025

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai dernier, un constat affole l’opinion publique et le monde médiatique du pays. Madagascar recule de treize places dans le classement mondial de Reporters Sans Frontières (RSF), passant du 100e rang en 2024 au 113e en 2025. Un déclin symptomatique d’une crise structurelle des médias, minés par l’instabilité économique, la répression politique et juridique, et la montée en puissance d’une désinformation incontrôlée, selon l’Observatoire des Médias et de la Communication à Madagascar (Ilontsera).

Ce recul traduit une précarité économique sans précédent dans les rédactions, en l’absence de fonds publics dédiés au secteur, explique Ilontsera dans un communiqué. Ce manque de soutien étatique pousse les médias à l’autocensure, réduisant considérablement leur capacité à traiter les sujets sensibles. À cela s’ajoute une législation défavorable, notamment autour de la diffamation, qui pèse lourdement sur la liberté d’expression. Journalistes menacés, manifestations interdites, interventions policières, toujours selon l’observatoire.

La profession évolue sous pression constante, et les réseaux sociaux, avec Facebook en tête, redéfinissent les circuits d’information. Bien qu’ils permettent une démocratisation de la parole, ces canaux sont aussi des vecteurs de rumeurs et de fausses informations, fragilisant davantage un débat public déjà malmené.

Face à ce constat, Ilontsera propose des mesures concrètes : légiférer sur l’accès à l’information, éduquer les jeunes aux médias, renforcer la formation des journalistes et soutenir les radios communautaires, essentielles pour un accès équitable à l’information, notamment en zones rurales. Enfin, l’observatoire a lancé un appel à toutes les forces vives de la société (universités, syndicats, citoyens) pour redonner à l’information sa place de bien commun.

Loïc Raveloson