Les résultats provisoires de l’élection présidentielle contestés

27 Nov 2023

En application des dispositions de la Loi organique relative au Régime général des élections et des référendums, et de la Loi organique relative à l’élection du Président de la République, les recours concernant les résultats du premier tour de l’élection présidentielle sont ouverts jusqu’à 23h59 ce lundi 27 novembre, indique la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Jusqu’à la mi-journée, la Cour indique avoir reçu neuf requêtes émanant de deux candidats.

Faut-il rappeler qu’Andry Rajoelina est sorti vainqueur du premier tour de l’élection présidentielle avec 58,95% de voix obtenues, selon les résultats provisoires proclamés le samedi 25 novembre par la Commission électorale nationale indépendante. D’après la CENI, le taux de participation à l’élection du 16 novembre 2023 a atteint 46,36% sur l’ensemble du pays. La proclamation des résultats officiels par la Haute Cour Constitutionnelle est prévue au plus tard le 4 décembre 2023.

Le candidat Siteny Randrianasoloniaiko et ses partisans contestent les résultats provisoires de l’élection proclamés par la Commission électorale nationale. Les pro-Siteny indiquent avoir demandé une confrontation totale des PV au niveau de tous les bureaux de vote après avoir constaté que l’ensemble des résultats traités par la CENI ne correspond pas avec ceux inscrits dans les échantillons de PV qu’ils ont apporté pour comparaison à Alarobia. Ils estiment que la CENI a tout simplement ignoré leur droit et leur demande pourtant mentionnés clairement par la loi. Les pro-Siteny ont également soulevé de nombreuses anomalies, notamment l’utilisation de PV disposant de QR Code propres aux bureaux de vote de certaines localités dans d’autres bureaux de vote qui devraient normalement eux aussi disposer de leurs propres QR Code.

Le collectif des candidats, lui, a déclaré que les résultats provisoires du scrutin ne sont pas légitimes. L’élection qui s’est tenue le 16 novembre dernier piétine la souveraineté de l’Etat car c’est une démarche pour placer une personne qui ne jouit plus de la nationalité Malagasy à la tête du pays, soutient-il.

Le collectif  des candidats évoque aussi de nombreuses irrégularités dans l’organisation et la tenue de l’élection, dont le vol électoral, la pression envers les fonctionnaires de l’Etat ou encore l’utilisation des matériels de l’Etat durant la campagne électorale.

Triomphe de la corruption

Dans une déclaration en date du 25 novembre, Transparency International – Initiative Madagascar (TI-IM) a dénoncé « le triomphe de la corruption, de l’argent et de la complaisance sur la démocratie ». Cette ONG internationale œuvrant dans la lutte contre la corruption regrette que les observateurs internationaux aient affirmé unanimement que « l’élection présidentielle du 16 novembre à Madagascar s’est déroulée sans incident majeur et a rempli toutes les normes internationales en matière électorale, et que les quelques manquements et imperfections constatés ça et là ne peuvent remettre en cause de façon globale le bon déroulement et la crédibilité de cette élection. Une telle unanimité est plus qu’inquiétante, en sachant que la bénédiction des observateurs électoraux – et par extension, de la communauté internationale – constitue l’extrême onction qui validera les résultats électoraux, indique TI-IM.

Au vu des manquements et des imperfections constatés, TI-IM affirme qu’ “un hold-up, pire – un viol électoral, a été orchestré, prémédité et perpétré au vu et au su de tous, mais ceux qui avaient entre leurs mains le pouvoir de l’empêcher et de sauvegarder la dignité du peuple malgache ont choisi la complaisance et la voie de la facilité”. Elle d’ajouter que la non-ingérence est un prétexte trop facile, à la limite du fallacieux, lorsque le sort de millions de personnes, d’une nation entière, est en jeu.

Les résultats électoraux proclamés samedi ne sont pas simplement ceux des « efforts » déployés par le camp du « vainqueur », mais aussi les résultats d’un manque patent de culture démocratique, de la faiblesse de la conscience civique collective et de la misère (dans tous les sens du terme) ambiante, selon toujours Transparency International – Initiative Madagascar.

Alors que TI-IM entend continuer à œuvrer pour plus de transparence, d’intégrité et de redevabilité, et à se dresser contre la corruption, quelles que soient les circonstances, quels que soient les dirigeants (ou les opposants), elle estime que la résistance doit s’organiser, non contre un individu, un camp politique ou une couleur, mais contre l’illégalité et la capture totale de l’Etat par des intérêts privés et par le diktat de l’argent. En outre, TI-IM appelle tout un chacun à prendre ses responsabilités et à agir en conséquence.