Les quartiers perchés d’Antananarivo en perpétuelle inquiétude

24 May 2023

Un rocher a dévalé la pente entre Ambatovinaky et Amparibe la nuit du 14 Mai dernier. Fort heureusement, aucun décès n’a été enregistré, bien que le rocher ait terminé sa course dans une habitation. Ce n’est pas la première fois qu’un accident pareil survient sur cette partie perchée de la capitale. La saison des pluies étant pratiquement achevée, les quartiers d’Antananarivo qui ont subi des cas d’inondations peuvent être en paix pour quelques mois. Mais pour les quartiers de la Haute ville , l’inquiétude ne s’estompe pas. Les riverains d’Ampamarinana, Tsimialonjafy, Ankadilalana ou encore Ambatovinaky ne sont pas à l’abri d’une éventuelle catastrophe.

Le Bureau National de la Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC) a toujours incité la population de ces quartiers à se déplacer pour éviter les accidents. D’ailleurs des drapeaux rouges ont été placés sur pour délimiter zones rouges, où le risque d’éboulement et/ou d’érosion du sol est jugé élevé. Ce dispositif a été mis en place après une succession d’éboulements, certes espacée de plusieurs années, dont l’un des plus marquants était à Ambanin’Ampamarinana en 2019 tuant sur le coup six personnes. A cette époque, les autorités ont pris une mesure drastique : déplacer les riverains. Un espace et des logements leur ont été dédiés pour quelques semaines dans les locaux de l’Ecole Normal d’Antananarivo et en périphérie. Sauf que cette mesure est loin de satisfaire ces habitants.

En effet, quand on parle de déménagement aux riverains de ces quartiers perchés en hauteur, des phrases tournent en boucle sur les lèvres. Ces personnes n’ont nulle part où aller. Ankadilalana est un des quartiers qui s’exposent au risque d’éboulement et d’érosion. Une partie de ce quartier est plus sujet à des éboulements. Le BNGRC et les autorités ont déjà sensibilisé les habitants à se déplacer, mais tout le monde n’est pas d’accord avec cette proposition. « Nous avons toujours vécu ici. Nos grands-parents ont été les premiers à s’installer sur ces lieux. Si nous partons d’ici, où irons-nous ? » ont-ils déclaré. Certains, plus raisonnables, ont opté pour vivre chez de la famille durant une partie de l’année et revenir le reste de l’année. D’autres campent sur leurs idées, pas questions de partir.

Jusqu’à aujourd’hui, le flanc de cette colline qui longe le territoire du palais de Manjakamiadana abrite des centaines de foyers. Malgré la sensibilisation des autorités, peu de personnes ont pris la décision de quitter les lieux. Ceux qui ont les moyens de louer ailleurs sont partis, les autres ont décidé de rester soit par contrainte financière, soit par conviction.

Loïc Raveloson