Les grossesses non intentionnelles à l’origine de pertes sociales et économiques énormes

12 Jul 2022

Le rapport sur l’état de la population mondiale 2022 intitulé « comprendre l’imperceptible, agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non intentionnelles » a été lancé ce jour.

50%. Il s’agit du pourcentage de grossesses qui ne sont pas le fait d’un choix délibéré de la part des femmes et des filles dans le monde. Ce rapport parle d’un total de 121 millions grossesses non intentionnelles chaque année parmi lesquelles plus de 60% finissent par des avortements, étant des grossesses non désirées. En outre, 45% des interruptions volontaires de grossesse sont non médicalisées et à l’origine de 5 à 13% des décès maternels.

Le manque de soins de santé sexuelle et reproductive et d’informations dans ce domaine, le fait que les moyens de contraception disponibles ne soient pas adaptés au corps ou à la situation des femmes, les normes néfastes et la stigmatisation dont sont victimes les femmes qui contrôlent leur corps et leur fécondité, les violences sexuelles et la coercition reproductive, les attitudes moralisatrices ou humiliantes des prestataires de santé, la pauvreté et les retards de développement économique ainsi que les inégalités de genre sont autant de facteurs favorisant les grossesses non intentionnelles.

Pour le cas de Madagascar, le taux de fécondité est élevé chez les adolescentes. Le rapport fait état d’un taux de natalité chez les adolescentes de 151 pour 1000 filles âgées de 15 à 19 ans. Concernant les grossesses non intentionnelles, le niveau est élevé comparé à la moyenne dans les pays de l’Afrique subsaharienne, 95 pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans (période de référence : 2015 – 2020). A noter que le mariage précoce (avant l’âge de 18 ans) concerne 40% des jeunes filles à Madagascar.

Dans la Grande île, les statistiques officielles révèlent que les grossesses précoces concernent une fille sur trois. En outre, près de deux jeunes filles sur cinq, âgées de 15 à 19 ans sont déjà entrées dans une vie sexuelle.

A Madagascar, pourtant, l’utilisation des méthodes de contraception modernes permettant de se protéger contre les grossesses non désirées chez les adolescentes et les femmes en âge de procréer reste faible, seulement 28% pour celles qui sont mariées et 38% pour les adolescentes non mariées.

Ces chiffres sont effrayants et risquent de compromettre l’avenir de nos jeunes, selon la Ministre de la Population, de la protection sociale et de la promotion féminine, Princia Soafilira. Aussi, l’Etat et les forces vives doivent prendre des mesures sérieuses pour stopper ce phénomène, a-t-elle alerté.

La grossesse et l’accouchement constituent la cause majeure des décès chez les adolescentes dans le pays, indique-t-on. De plus, les grossesses non intentionnelles engendrent des pertes sociales et économiques énormes, car les filles perdent entre autres des opportunités d’éducation, de promotion et d’autonomie. Ces cas engendrent les cercles vicieux de la pauvreté et constituent un déni des droits humains fondamentaux de la personne. Ils privent les filles de leur droit à réaliser leur plan potentiel.

Au niveau communautaire et national, les grossesses non intentionnelles sont à l’origine de l’accroissement des inégalités de genre, du faible taux de scolarisation, du faible indice de développement social et économique (IDH, Revenu national par habitant) et de la mortalité maternelle élevée.

Lors du sommet de Nairobi sur la Conférence Internationale pour la Population et le Développement (CIPD25), Madagascar a appelé à la protection du droit, de l’autonomie et de l’intégrité corporelle des femmes.

En vue de la réalisation de l’ODD 5 portant sur l’égalité du sexe, suite à cette conférence, des réformes visant à garantir l’avenir des femmes devraient être entreprises, a déclaré la Ministre Princia Soafilira. Ces réformes réuniront les conditions nécessaires pour que les femmes et les jeunes filles puissent se protéger contre les chocs exogènes et s’épanouir de leurs propres moyens. Elles concerneront essentiellement l’éducation des filles, la communication, la formation et l’information sur les inconvénients des grossesses précoces, la prise en charge des victimes des viols, la création et la multiplication des loisirs pour éviter les vies sexuelles précoces des jeunes ainsi que la vulgarisation des méthodes contraceptives, a-t-elle exposé.

Irina