Les aires protégées de Madagascar sont vulnérables au changement climatique

12 Aug 2020

Le changement climatique est une réalité mondiale qui touche directement et indirectement les aires protégées malgaches.

Depuis plus de dix ans maintenant, le changement climatique est un défi auquel doivent faire face les travaux de conservation à Madagascar. En effet, Madagascar est le 5ème pays au monde parmi les pays les plus exposés aux risques dus au changement climatique. Pendant 30 ans depuis 1980, les risques naturels, notamment les sècheresses, les tremblements de terre, les épidémies, les inondations, les cyclones et les températures extrêmes ont causé des dommages économiques de plus d’un milliard de dollars à Madagascar. Le rapport sur les espèces du WWF 2018 est assez alarmant, où déjà 25% des espèces du pays pourraient être menacées d’extinction même si l’augmentation de la température au niveau mondial est limitée à 2°C d’ici 2100.

WWF a sorti un autre rapport qui fait constat de la « Vulnérabilité et adaptation au changement climatique des aires protégées de Madagascar”. Le rapport a ciblé 72 aires protégées terrestres parmi les 122 que compte Madagascar, soit 63% d’entre elles.

La vulnérabilité au changement climatique d’une aire protégée est déterminée par les scientifiques en calculant la perte de la biodiversité due aux impacts potentiels du changement climatique, et par la capacité d’adaptation de l’aire protégée.  D’après le rapport du WWF, toutes les  aires protégées évaluées sont vulnérables : 47% d’entre elles sont considérées vulnérables au changement climatique et les 53% restantes, dont la plupart sont localisées dans le Sud et le Nord de Madagascar, sont considérées comme très vulnérables au changement climatique. Les aires protégées les plus vulnérables sont successivement : l’aire protégée de Vohidefo, le Parc National de Zahamena, le Parc National Mikea, le Parc National d’Andohahela, le Parc National Zombitse Vohibasia, le Parc National de l’Isalo et le Parc National d’Ankarafantsika.

Les effets potentiels du changement climatique tels que les cyclones plus intenses et plus fréquents ou les sécheresses récurrentes changent  l’aspect des forets, puis provoque  l’altération des habitats voire la destruction des forets qui aboutira surement à une perte des espèces.  Ces altérations d’habitats affectent directement 750 espèces de faune de Madagascar, dont plus de 90% sont répartis dans les 72 aires protégées de cette étude.

15 aires protégées (21%) perdraient plus de 33,3% des espèces. En outre, plus de la moitié (56%) des aires protégées subiraient des changements des types d’habitats. Les aires protégées qui connaîtront le plus de changement d’habitat seront Vohidefo, Zahamena, Ankarafantsika, Mikea, et Galoko Kalobinono.

« Face au changement climatique, si l’aire protégée n’est pas assez résiliente, sa capacité à fournir des biens et des services à la population est aussi compromise. Les écosystèmes naturels qu’abrite une aire protégée sont source d’eau, d’aliments et de matières premières. Lorsque ces écosystèmes disparaissent, les conséquences impactent directement la population qui en dépend mais elle aura aussi tendance à exercer plus de pression sur l’aire protégée et  à surexploiter ses ressources », souligne WWF.

 

Dans son rapport, cet organisme propose 9 recommandations pour permettre l’adaptation au changement climatique des écosystèmes, des espèces et des populations riveraines aux aires protégées.  Selon ces recommandations, il faut renforcer la gestion et la conservation des aires protégées pour réduire les intrusions et les braconnages. Il faut également permettre aux espèces de se déplacer d’une aire protégée à une autre. Ce réseau de corridors limiterait la fragmentation des forêts et faciliterait la migration des espèces en cas de destruction des habitats. Des recommandations du rapport portent sur le tourisme vert, pour que la valeur que représentent les aires protégées puisse créer un revenu pour ses gestionnaires et pour améliorer leurs conservations. Intégrer  la biodiversité dans les politiques sectorielles de gouvernance afin d’améliorer les normes environnementales et réussir des interventions durables.  Le rapport recommande aussi d’investir dans des filières économiques et sources de revenu durables pour les populations pour atténuer leur dépendance à la  biodiversité dans les aires protégées.

Pour rappel, Madagascar a formulé ses contributions nationales déterminées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux effets du changement climatique dans le cadre de l’accord de Paris en 2015. L’objectif de la Grande île est de réduire de 14% les émissions et d’augmenter de 32% la capacité de nos forêts à absorber du carbone, d’ici 2030.

« Cet objectif ne peut être atteint qu’en réduisant de manière drastique  la déforestation, car nous savons que les forêts en bonne santé sont des solutions naturelles pour réduire les impacts du changement climatique », indique WWF.

 

Lanja R.