Le système alimentaire au centre des débats

8 Jul 2021

L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de concert avec le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP), ainsi que leurs partenaires comme le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA), le ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), l’Union Européenne et le Cirad, organisent ce 8 juillet, une concertation nationale dont l’objectif étant de récolter les contributions de tous les acteurs qui évoluent dans le domaine du système alimentaire à Madagascar. Le slogan de cette rencontre est “Une population malagasy bien nourrie et en meilleure santé, grâce à un système alimentaire performant, inclusif, résilient et durable”. Cette conférence, réalisée, tant en présentiel qu’en visioconférence, est érigée, en vue de la participation de Madagascar au sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires en septembre de cette année.

Le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, dans sa présentation de la situation alimentaire globale de Madagascar a indiqué que : “la non durabilité des systèmes alimentaires malagasy est perçue à travers l’insécurité alimentaire qui prévaut dans la quasi-totalité de l’île, la dégradation des ressources naturelles tant au niveau des terres qu’au niveau de la biodiversité et de l’eau, les inégalités territoriales et sociales engendrées non seulement par une répartition naturelle inégale des ressources mais aussi par une répartition non appropriée des interventions de l’Etat et des organismes non-gouvernementaux dans tout le territoire, ainsi que la pauvreté généralisée dans toute l’île.”

D’après quelques données récoltées, en termes d’agriculture, l’on peut souligner que la production agricole malgache est très diversifiée (produits amylacés, viande et produits animaux, fruits et légumes…) et elle est orientée à plus de 90% vers le marché domestique. Le riz occupe la première place en volume, mais en valeur, l’élevage tient une place encore plus importante (lait, viande bovine, de volaille, de porc).

La production ne suit pas

Toutefois, indique les statistiques, malgré une augmentation de la production agricole, sa progression n’arrive pas à suivre la croissance démographique soutenue de 2 à 3% par an. Pour les productions végétales, une embellie passagère est observée pour le riz, le maïs, le manioc au début des années 2000, mais la production est en chute depuis 2013. Par ailleurs, selon le constat de la Banque mondiale en 2016, les produits de pêche et de l’aquaculture, après une stagnation de la production entre 2008 et 2013, la production augmente progressivement mais un besoin d’augmentation de la production est estimé nécessaire (environ 10 000 tonnes entre 2016 et 2020) dans une hypothèse de maintien du niveau de consommation par habitant et de la croissance démographique.

Quant à la production animale, seuls les œufs et la volaille ont suivi la croissance démographique, jusqu’au début des années 2000. La production de viande de zébu comme de lait stagnent. La viande de porc a été durement affectée par la peste porcine à la fin des années 90 et la production a chuté à nouveau depuis 2019.

L’insuffisance de la production résulte de divers facteurs à savoir une faible productivité à l’hectare corrélée avec un faible accès des producteurs aux services et une faible fertilité des sols, ainsi qu’une faible superficie cultivée en raison de la fragmentation des exploitations (63% des agriculteurs exploitent moins de 1,5 ha) et/ou par manque d’accessibilité des superficies cultivables, tout cela dans un contexte d’insécurité foncière et publique quasi-généralisée. Des chocs récurrents (cyclones, invasions acridiennes, sécheresses, inondations…) aggravent ces difficultés structurelles.

En conséquence, “la dépendance aux importations s’accroit. Elle est particulièrement marquée pour les céréales (passant de 10% sur la période 2010-2013 à 23% sur la période 2016-2018), le sucre et les corps gras. A titre d’illustration, le pays a importé 532 000 tonnes de riz et 312 000 tonnes de blé en 2019. En termes de valeur, la balance commerciale alimentaire est néanmoins rééquilibrée par les exportations centrées sur des produits de très forte valeur comme les épices (vanille, clou de girofle) et le cacao. Ces exportations représentent 1,6 fois les importations alimentaires” indiquent les organisateurs de cette rencontre.

Rafr.