Le Sud ne sera plus un cimetière de projets

Lahimaro Tsimandilatse Soja, gouverneur de la région d’Androy, lors de la prise de parole au colloque régional pour l’émergence du sud de Madagascar, a fait savoir que depuis des dizaines d’années, le grand Sud de Madagascar, notamment l’Androy, est tristement appelé “cimetière de projets“. Car, en effet, selon lui, des milliards de dollars de projets ont été alloués pour le développement du Sud mais jusqu’à l’heure actuelle, la famine, le kere et bien d’autres fléaux encore, frappe chaque année cette partie de l’île.

“L’année dernière, j’ai participé à une réunion, à Antananarivo, avec les deux autres gouverneurs des régions du Sud à savoir celui d’Anosy et celui d’Atsimo Andrefana. Il s’agissait d’une réunion avec la Banque Mondiale, dans le but de monter des projets pour le Sud. Je refuse et ce sera la dernière fois, même si le président de la République me limoge, que je viendrai à Antananarivo, capitale de Madagascar, certes, mais pour monter des projets qui devraient se réaliser dans le Sud. Il n’y a que dans le Sud qu’on peut développer le Sud” a-t-il insisté.

Car, en effet, malgré tous ces projets avancés depuis des lustres dans l’Androy, avec ses 4 districts, 3 grandes fleuves, 58 communes et 2054 fokontany, 58,5% de sa population n’a pas fait le niveau primaire. La région a aussi un faible taux d’accès aux soins et à l’éducation.

Concrètement, Bekily dispose de 109 945 ha de surfaces exploitables si Tsihombe en dispose 78 645 ha et Ambovombe 75 462 ha. 3 zones économiques n’attendent également qu’à être exploitées dans cette région, à savoir une zone cristalline où l’agriculture y sera la bienvenue, une zone intermédiaire, propice à l’élevage de bovins, caprins et ovins, en associant ces activités à l’agriculture et enfin, une zone côtière, propice à la pêche.

La biodiversité offre aussi une richesse inouïe pour l’Androy car le taux d’endémicité des espèces de cette région est de 90 à 95%, indique-t-on. Côté tourisme, les plages et les mers d’Androy sont propices idéales surf. Des professionnels de cette discipline l’ont déjà prouvé. Et enfin, Androy dispose de minerais et l’extraction de pierres précieuses s’y fait à volonté.

Projets concrets

Pour Andry Rajoelina, ce colloque est une opportunité pour le Sud, d’énumérer et de concrétiser leurs besoins immédiats et à long terme. “Aujourd’hui, les membres de l’Exécutif, entendront vos doléances. Il ne s’agit plus ici d’écouter des souhaits, mais plutôt des solutions. Quelle solution pour tel problème“, a précisé Andry Rajoelina. Et lui de continuer que “demain, après avoir écouté vos requêtes, l’on discutera ensemble, des projets déjà en cours ainsi que des projets prioritaires, pour l’immédiat, et aussi pour le long terme, afin d’éradiquer le kere et procéder à un réel développement de cette partie de la Grande Ile.”

“Des mesures radicales seront prises, tant par le gouvernement que par les populations. Car, on ne pourra pas, par exemple, procéder au développement depuis les bases si une mère de famille qui n’a que 18 ans, a déjà 8 enfants à charge. Cette pratique devrait être changée. Cette mentalité devrait être rectifiée. Je chargerai personnellement le ministère de la Santé Publique, ainsi que les partenaires techniques et financiers de ce département ministériel, à descendre dans ces zones, pour éduquer ces populations et y mettre en place, des systèmes de planning familial adaptés à chaque société” a martelé le président.

D’autres solutions comme l’élevage bovin qui consiste à avoir un bovidé de 150kgs en 3 mois seulement si normalement cette même bête n’aura que 50kgs pour ce même laps de temps, seront proposées, a souligné le président.

Dans le cadre de la lutte contre l’insécurité, des bases militaires avancées seront mises en place et un planning bien concis sera discuté avec les responsables locaux, pour leurs mises en place avant la fin de cette année. “En effet, il n’y aura pas de développement si les populations vivent encore dans la terreur” souligne le président. Dans ce dessein, “chaque élu, responsables de districts et de régions, tableront ensemble avec les autorités compétentes au niveau de l’Exécutif, pour décider des zones prioritaires où ces bases seront construites” a-t-il indiqué.

Rafr.