Le recours excessif à la médecine traditionnelle, un des facteurs ayant le plus grand impact sur la santé et la nutrition

10 Mar 2023
Photo : UNICEF/UN0794622/Andriantsoarana
D’après un nouveau rapport de l’UNICEF publié hier, le nombre d’adolescentes et de femmes enceintes et allaitantes souffrant de malnutrition aiguë a considérablement augmenté depuis 2020 dans 12 pays gravement touchés par la crise alimentaire et nutritionnelle mondiale, passant de 5,5 à 6,9 millions – soit une hausse de 25 %.
Ces 12 pays (l’Afghanistan, le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Kenya, le Mali, le Niger, le Nigéria, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad et le Yémen) constituent l’épicentre de cette crise nutritionnelle, laquelle est aggravée par la guerre en Ukraine et par la sécheresse, les conflits et l’instabilité que connaissent actuellement certains pays, souligne-t-on.
Pour le cas de Madagascar, un rapport de l’UNICEF publié en 2022 soulignait que la pauvreté, le recours excessif à la médecine traditionnelle et le faible niveau d’éducation ainsi que l’éloignement des centres de santé sont les facteurs ayant le plus grand impact sur la santé et la nutrition dans le pays. A cela s’ajoute des phénomènes climatiques.

Publié en amont de la Journée internationale des femmes, le rapport intitulé Dénutries et oubliées : Une crise nutritionnelle mondiale pour les adolescentes et les femmes alerte sur le fait que les crises actuelles, exacerbées par les inégalités de genre, accentuent la crise nutritionnelle qui touche les adolescentes et les femmes, laquelle n’avait déjà montré guère d’améliorations durant les vingt dernières années.

D’après le rapport, qui fournit un examen complet et inédit de l’état nutritionnel des adolescentes et des femmes dans le monde, plus d’un milliard d’entre elles souffrent de dénutrition (se traduisant notamment par une insuffisance pondérale et une petite taille), de carences en micronutriments essentiels et d’anémie, une situation qui entraîne des effets dévastateurs sur leur vie et leur bien-être.

Aussi, le rapport appelle les gouvernements, les partenaires du développement et de l’action humanitaire, ainsi que les donateurs, les organisations de la société civile et les acteurs du développement, à transformer les systèmes alimentaires, de santé et de protection sociale en faveur des adolescentes et des femmes en donnant la priorité à l’accès des femmes et des filles à une alimentation nutritive, sûre et financièrement abordable, et en protégeant ces dernières contre les aliments ultra-transformés via des restrictions en matière de marketing, l’obligation d’étiqueter ces produits sur la face avant des emballages et la taxation. Les gouvernements ainsi que les partenaires du développement et de l’action humanitaire sont également invités à mettre en œuvre des politiques et des mesures juridiquement contraignantes pour étendre à grande échelle l’enrichissement des aliments de consommation courante tels que la farine, l’huile de cuisson et le sel, en vue de réduire les carences en micronutriments et l’anémie chez les femmes et les filles ; à garantir aux adolescentes et aux femmes vivant dans les pays à revenus faibles et intermédiaires un libre accès aux services nutritionnels essentiels avant et pendant la grossesse, ainsi qu’en période d’allaitement, pour y recevoir notamment une supplémentation anténatale en micronutriments multiples ; et à élargir l’accès des adolescentes et des femmes les plus vulnérables aux programmes de protection sociale, notamment aux transferts en espèces et aux bons d’échange, afin qu’elles puissent bénéficier d’une alimentation nutritive et diversifiée. Une accélération de l’élimination des normes sociales et de genre discriminatoires, telles que le mariage d’enfants et le partage inéquitable de la nourriture, des ressources, des revenus et des tâches domestiques au sein du ménage est en outre encouragée.