Le paludisme est encore endémique à Madagascar

30 Sep 2022

Le paludisme est une maladie potentiellement mortel mais évitable et guérissable. En 2019, 228 millions de cas de paludisme, ont été enregistrés, entrainant 409 000 décès dont 90% en Afrique sub-saharienne, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Madagascar est l’un des pays où le paludisme est encore endémique avec avec 2,4 millions de cas enregistrés en 2021. Dans le pays, quatre espèces plasmodiales sont présentesm le Plasmodium falciparum, le Plasmodium vivax, le Plasmodium ovale et le Plasmodium malariae. Le Plasmodium falciparum est l’espèce la plus prépondérante. Généralement, plus de 90 % des infections sont dues à cette espèce.

Entre 2017 et 2020, l’incidence du paludisme a augmenté progressivement de 31 ‰ à 70 ‰ d’après les données administratives. Le taux de positivité des cas suspects testés passait de 37 % en 2017 à 49 % en 2020, se traduisant par une hausse de la morbidité proportionnelle du paludisme de 8 % à 15 %. Le nombre de décès dus au paludisme a également connu une hausse allant de 629 en 2017 à 674 en 2020. Durant la même période, le taux de mortalité palustre est passé de 0,6 % à 0,7 % (MINSANP 2018).

D’après les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé à Madagascar (DSSMD-V) 2021, la prévalence du paludisme par TDR chez les enfants de 6–59 mois est passée de 10 % en 2013 à 5 % en 2016 et à 8 % en 2021.

Le pourcentage d’enfants testés positifs au paludisme varie selon l’âge. Il passe de 3% parmi ceux de 9–11 mois à 9% parmi ceux de 36-47 et 48–59 mois. La prévalence du paludisme parmi les enfants de 6–59 mois est plus élevée en milieu rural (9%) qu’en milieu urbain (2%).

La prévalence du paludisme chez les enfants varie d’une région à une autre. Les prévalences les plus élevées sont enregistrées dans les régions d’Anosy (32%) et d’Atsimo Atsinanana (27%). La prévalence est plus faible dans le reste du pays, en particulier dans les régions d’Itasy, de Diana et d’Analamanga (0%).

La lutte contre le paludisme joue un rôle majeur dans la Politique Nationale de Santé à Madagascar. Depuis 1998, Madagascar a élaboré sa politique nationale de lutte contre le paludisme, laquelle a été mise à jour et révisée à la suite de l’évaluation du Malaria Program Revue (MPR) en 2020. En outre, les Enquêtes sur les Indicateurs du Paludisme à Madagascar (EIPM) 2011, 2013 et 2016 ainsi que la revue à mi-parcours du Plan Stratégique National (PSN) 2018–2022 ont amené à décrire de nouvelles orientations afin de réduire la morbidité due au paludisme d’au moins 30 % et la mortalité liée au paludisme d’au moins 50 % de 2018 à 2022 (MINSAN 2018).

Diagnostic microscopique

Pour répondre à la nécessité de renforcer les compétences en diagnostic microscopique du paludisme au niveau du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) du Ministère de la santé publique de Madagascar, l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) a récemment organisé une formation « Diagnostic microscopique du paludisme » dans le cadre du Projet RISE (Recherche, Innovation, Surveillance & Evaluation) financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Cette première formation était destinée aux responsables des laboratoires régionaux, aux techniciens de laboratoires et aux personnels de santé œuvrant dans les centres de surveillance biologique référents (CSB-R). Différentes notions ont été abordées telles que la détection et l’identification de Plasmodium sp, l’estimation des charges parasitaires (parasitémie), la réalisation de test de diagnostic rapide et la surveillance épidémiologique du paludisme.

Douze apprenants provenant de onze districts de santé ont pu bénéficier de cours théoriques, de travaux pratiques et de travaux dirigés. La formation a été dispensée par des responsables chevronnés du PNLP et de l’IPM. Sous la direction du chef d’Unité de Parasitologie de l’IPM, les travaux pratiques et les travaux dirigés ont été encadrés par des microscopistes qualifiés du PNLP et de l’IPM (classés experts à l’issue de l’évaluation en mai 2022 par des formateurs de l’OMS).

Une évaluation initiale avant le début de la formation et une évaluation en fin de formation a montré que les apprenants ont amélioré de manière significative leurs connaissances. Les compétences acquises permettent désormais aux professionnels de santé de réaliser le diagnostic fiable du paludisme par la microscopie et par le test de diagnostic rapide afin de générer des données utiles pour l’amélioration de la stratégie nationale de lutte contre le paludisme à Madagascar.