Le niveau de la faim à Madagascar est alarmant

30 Nov 2023

Après de nombreuses années de recul de la faim jusqu’en 2015, les progrès de la lutte contre la faim sont globalement au point mort, a-t-on constaté. Les impacts cumulés du réchauffement climatique, des divers conflits, des chocs économiques, de la pandémie mondiale et de la guerre Russie-Ukraine ont creusé les inégalités sociales et économiques et freiné le recul de la faim dans de nombreux pays, voire inversé la tendance, selon les explications.

D’après l’Indice de la faim dans le monde (GHI) 2023, si certains pays ont enregistré des avancées significatives, peu de progrès sont constatés en matière de lutte contre la faim à l’échelle mondiale depuis 2015.

La valeur de GHI de 2023 est de 18,3 pour le monde entier, considérée comme modérée, soit moins d’un point inférieur à la valeur de GHI de 2015 (19,1). En outre, la prévalence de la sous-alimentation, l’un des indicateurs utilisés pour calculer le GHI, est en constante augmentation depuis 2017.

Le nombre de personnes sous-alimentées est passé de 572 millions à environ 735 millions. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne sont les régions du monde qui présentent les niveaux de faim les plus élevés, avec un score GHI de 27,0, qui indique une situation grave. Au cours des vingt dernières années, ces deux zones avaient déjà les niveaux de faim les plus élevés. S’il est vrai que les deux régions ont réalisé des progrès considérables entre 2000 et 2015, la progression depuis 2015 est presque au point mort, à l’image de la tendance mondiale.

Selon le GHI de 2023 et les catégorisations provisoires, neuf pays affichent un niveau de faim alarmant, à savoir le Burundi, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Lesotho, Madagascar, le Niger, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen. Dans trente-quatre autres pays, le niveau de faim est considéré comme grave.

Pour le cas de Madagascar en particulier, le score dans l’Indice de la faim est passé de 42,4 en 2000 à 41,0 cette année. La Grande île est classée 124è sur 125 pays dans le classement sur l’indice de la faim dans le monde.

Au rythme actuel, cinquante-huit pays n’atteindront pas le niveau faible espéré en 2030, selon les prévisions de l’Indice de la faim dans le monde 2023, indique-t-on.

Néanmoins, il existe également des exemples d’évolution positive. Sept pays dont le score en 2000 indiquait un niveau de faim extrêmement alarmant ont effectué des progrès depuis cette date. Il s’agit de l’Angola, du Tchad, de l’Éthiopie, du Niger, de la Sierra Leone, de la Somalie et de la Zambie. Sept autres pays ont réussi à réduire leur score d’au moins cinq points entre leur GHI de 2015 et leur GHI de 2023 : le Bangladesh, le Tchad, Djibouti, le Laos, le Mozambique, le Népal et le Timor oriental. Cette diminution de la faim est particulièrement impressionnante au vu des défis mondiaux et de la stagnation du niveau de faim à l’échelle mondiale ces dernières années.

Des crises parallèles, comme la pandémie de Covid-19, la guerre Russie-Ukraine et de nombreux conflits violents et catastrophes climatiques sur toute la planète, ont fait basculer certains pays dans une situation de crise alimentaire, tandis que d’autres se sont montrés plus résilients. Les pays à faible revenu ou revenu intermédiaire, qui sont souvent plus vulnérables face aux crises, ont été particulièrement touchés par rapport aux pays à revenu élevé, indique-t-on. La capacité des pays à surmonter les chocs majeurs dépend en grande partie de facteurs sous-jacents, tels que la fragilité de l’État, les inégalités, une mauvaise gouvernance et la pauvreté chronique. Puisque le monde est amené à subir un nombre croissant de crises à l’avenir, surtout en raison du changement climatique, l’efficacité de la préparation aux catastrophes et de la réponse apportée deviendra probablement un aspect essentiel de la sécurité alimentaire.

A noter que le GHI est un outil utilisé pour mesurer et surveiller l’évolution de la faim aux niveaux mondial, régional et national au cours des dernières années et décennies. Les scores de GHI sont calculés à l’aide d’une formule qui combine quatre indicateurs relatifs à la sous-alimentation, le retard de croissance, l’émaciation et la mortalité infantile.