Le foot pour lutter contre la délinquance dans le quartier des 67Ha Sud

12 Apr 2016

Partir de rien, et contribuer à l’intégration sociale des jeunes de leur quartier. C’est le pari que ce sont lancés des jeunes du quartier des 67 Ha Sud. Un des quartiers défavorisés d’Antananarivo, capitale de Madagascar. Pari réussi.

Dans les ruelles du quartier populaire des 67 Ha Sud, tout le monde le connait. Quand il passe, les riverains s’arrêtent et le saluent, sourire aux lèvres, et l’appellent par le doux et gentillet sobriquet de « maître ». Lui, c’est Cédric Djavo, l’enfant du quartier.

« C’est ici que j’ai grandi, c’est chez moi » explique-t-il fièrement, lui qui a évolué au sein des équipes nationales de football des U17 et U20. Et lorsqu’on lui demande pourquoi il a abandonné le football, il joue la carte de la franchise « j’ai choisi de poursuivre mes études, de travailler mes études. Je voulais réussir, donner l’exemple aux jeunes ».

Diplômé en droit, Cédric Djavo choisit de se consacrer aux jeunes de son quartier « pour les aider à s’en sortir et les éloigner de la délinquance ». Accompagné d’autres jeunes et amis de son cher quartier, Cédric se met à transformer un terrain vague poussiéreux et boueux en un terrain de jeu.

Lutter contre la délinquance

« À l’époque, les gens avaient peur de passer ici par le soir. C’est devenu le repère des petits délinquants. On a voulu donner l’exemple, et faire du terrain un outil d’intégration sociale » confie Cédric Djavo. Avec l’aide et la solidarité des riverains, le terrain est vite déblayé.

Mieux, toujours avec ses amis, le « maître » parvient à réunir quelques ballons, des jeux de maillot, et autres accessoires. Lui, qui entrainait son petit frère au football tous les matins sur le terrain vague devenu terrain de foot, se met à initier des dizaines de gamins du quartier.

Animé d’une volonté farouche de lutter contre la délinquance et de donner la chance aux jeunes de réussir, Cédric Djavo se donne les moyens de rêver plus grands. Dans un coin de sa tête, il projette de monter une infrastructure comprenant un terrain de foot et une aire de jeu pour les enfants du quartier.

Avec l’Association des Jeunes de 67Ha Sud (AJS) et son projet personnel « 67 Grassroots », il se met en relation avec plusieurs entreprises, qui ne répondent pas à son appel au soutien.

Il tente un jour de contacter l’Ambassade de France à Madagascar sur les réseaux sociaux. Bien lui en a pris. Le Service de Coopération et d’Action culturelle de l’Ambassade de France à Madagascar le reçoit, et est séduit par l’enthousiasme du jeune homme, et le sérieux du projet qu’il propose.

Les partenaires jouent le jeu

En novembre 2015, l’association des Jeunes des 67Ha Sud (AJS) signe une convention de partenariat avec l’ambassade de France à Madagascar. Dans le cadre de cette convention, l’Ambassade finance la construction du terrain de football en terre battue et d’une aire de jeux pour enfants.

La première pierre du terrain a été posée le 7 janvier 2016 et le chantier a duré trois mois. L’entreprise Colas a effectué le terrassement du terrain. Le 9 avril dernier, le terrain a été inauguré de façon officielle, avec notamment la présence de l’ambassadeur de France à Madagascar, Véronique Vouland-Aneini.

D’autres partenaires, émus par l’initiative, se jettent à corps perdu dans le projet, pour ne citer qu’Okalou, Colas, et bien d’autres entreprises, particuliers, associations.

Dans son ensemble, le projet vise à l’intégration sociale par le biais du sport de jeunes vivants dans un environnement défavorisé. Il entre dans un processus de revalorisation du quartier des 67ha. Des partenariats sont d’ores et déjà envisagés par l’association avec les établissements scolaires du voisinage.

Rêver, toujours rêver

Cédric, lui, ne s’arrête pas de rêver. Dans un autre coin de sa tête, il envisage de couvrir son terrain d’une belle pelouse. Il rêve que d’autres quartiers se mettent à mettre en œuvre leur propre projet de « Grassroots ». Il rêve que dans le match contre la délinquance, c’est le sport et l’éducation qui l’emportent sur un score large.

Walt Disney disait « Tous nos rêves peuvent devenir réalités si nous avons le courage de les poursuivre ». Le courage et la volonté de Cédric lui ont permis de commencer à réaliser ses rêves. Gageons que d’autres Cédric, dans d’autres quartiers, se mettent à prendre leur courage à deux mains.

Renaud Raharijaona