Lancement officiel de Madagascar Clean Cooking Initiative (MCCI)

23 Oct 2024

Madagascar figure toujours parmi les 20 pays les plus déficitaires en matière d’accès à l’énergie. Le mix énergétique du pays montre qu’environ 80 % de la consommation énergétique totale repose sur la biomasse (bois de chauffe 68 %, 10% charbon 10 % et 2% autres biomasses, principalement utilisés pour la cuisson), 17 % sur les carburants (transport), 2 % sur l’électricité (hydroélectricité et centrales à diesel, HFO et solaire PV) et 1 % sur le gaz. En 2023, à Madagascar, seulement 36 % de la population a accès à l’électricité (72 % en milieu urbain et 10,9 % en milieu rural) tandis que moins de 12 % de la population utilise des technologies de cuisson propres ou des foyers améliorés.

Les pratiques de cuisson traditionnelles actuelles, largement basées sur la biomasse à travers les combustibles solides (bois de chauffe et charbon de bois), ont un impact négatif sur l’environnement en augmentant la déforestation et sur la santé de la population (principalement les jeunes et les femmes) en raison de la pollution de l’air intérieur. D’ici 2030, on estime que 25 % des forêts seront détruites ; bien que la majorité de cette perte provienne du changement d’utilisation des sols (80-90 %), le reste est dû à l’utilisation du bois et du charbon par les ménages et les institutions pour la cuisson. L’utilisation de charbon et de bois pour la cuisson entraîne également une prévalence élevée des infections respiratoires aiguës causées par la Pollution de l’Air Intérieur (PAI). La PAI est le principal danger de pollution à Madagascar, entraînant plus de 21 000 décès par an, soit 10,7 % de tous les décès annuels, et reste la principale cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans.

En adoptant des solutions de cuisson propres, Madagascar pourra améliorer la qualité de l’air intérieur des foyers, réduire la déforestation, renforcer la sécurité énergétique et améliorer les conditions de vie des populations, notamment les femmes et les enfants.

Un grand pas est en train d’être franchi dans la promotion de la Cuisson Propre à Madagascar. Le 4 octobre dernier a été organisé le lancement des travaux de l’élaboration de la Politique Nationale de Cuisson Propre à Madagascar. La dynamique sectorielle est lancée et se poursuit avec un atelier dédié à cette thématique majeure organisé les 22 et 23 octobre. Première dans le secteur, cet évènement est organisé conjointement par le Ministère de l’Energie et des Hydrocarbures (MEH), le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) et le Ministère de l’Industrialisation et du Commerce (MIC) en collaboration avec une coalition de partenaires Sustainable Energy for All (SEforALL), le PNUD, l’ONUDI, le PAM et WWF avec l’appui financier de UKAID, Modern Energy Cooking Services (MECS) et de l’OPEC Fund.

L’évènement mobilise les principaux acteurs du secteur, y compris les agences gouvernementales, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, les centres de recherche et les universitaires pour le lancement officiel de Madagascar Clean Cooking Initiative (MCCI), partager l’expérience des projets / initiatives en cours et tenir des sessions d’échanges et de consultations pour contribuer à l’élaboration de la Politique Nationale de Cuisson Propre.

Un des messages clé soulevé lors de la première journée est qu’il n’y a pas « une » mais « des » solutions de cuisson plus propres (charbon vert, pellet, briquettes, foyers améliorés) et plus modernes (bio-éthanol, cuisson électrique, biogaz, gaz GPL) qu’il s’agit de promouvoir en parallèle de façon pragmatique selon le pouvoir d’achat auprès des ménages, institutions (notamment les écoles équipées de cantines scolaires) et des commerces, industriels de la restauration et de l’hôtellerie.

L’un des faits marquants de cet atelier a été le lancement officiel de Madagascar Clean Cooking Initiative (MCCI). Cette nouvelle association regroupe une cinquantaine d’entreprises privées engagées dans la promotion de solutions de cuisson propres et durables. MCCI se positionne comme un acteur clé pour accélérer la transition énergétique dans le secteur de la cuisson à Madagascar et est prêt à accueillir de nouveaux membres pour être le plus représentatif des solutions disponibles de cuisson propre à Madagascar.

Une convention quadripartite a été signée entre le MEH, le MEDD, le MIC et MCCI. Cette convention met en avant la volonté commune de promouvoir les énergies de cuisson propre à Madagascar, en intégrant des mesures concrètes pour encourager l’innovation, la transition énergétique et la protection de l’environnement à travers le soutien des ministères et l’implication de (MCCI).

” Investir dans les solutions de cuisson propre, c’est non seulement protéger notre environnement, mais aussi renforcer l’économie locale en créant des opportunités pour les entrepreneurs à Madagascar, MCCI est résolu à collaborer avec toutes les parties prenantes pour accélérer cette transition énergétique essentielle”, a souligné Marie-Louise Schmidt, Présidente de MCCI et Directrice de Biokasikara Energy SARL.

“Le sous-secteur de la cuisson propre reste parfois dans l’ombre du sous-secteur électricité, pourtant c’est un sujet majeur qui nous touche tous au quotidien. Il est primordial de soutenir le secteur privé, acteur essentiel de la transition énergétique et de l’encourager à s’associer pour proposer des solutions plus propres et à un cout abordable” a mentionné, pour sa part, Olivier Jean-Baptiste, Ministre de l’Energie et des Hydrocarbures.

“Le sujet de la promotion de la cuisson propre est l’affaire de tous ! L’Etat se solidarise pour soutenir les acteurs sectoriels impliqués et encourage évidemment toutes les solutions permettant de limiter l’impact environnemental et préserver la bonne santé de la population. Il est impératif de s’associer avec le secteur privé sur ce sujet” a renchéri Max Andonirina Fontaine, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD).