L’amélioration des conditions carcérales, une urgence

23 Oct 2018

La Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) a tenu à Ankorondrano une table-ronde intitulée : « L’amélioration des conditions carcérales à Madagascar », pour marquer la deuxième année d’exercice de son mandat. Les échanges ont réuni des responsables auprès du Ministère de la Justice et de l’Administration Pénitentiaire, le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme (HCDH) auprès du système des Nations Unies à Madagascar, le Haut Conseil pour la Défense de la Démocratie et de l’Etat de Droit (HCDDED), le Conseil du Fampihavanana Malagasy (CFM), le Comité International de la Croix-Rouge , le Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité (CSI), ainsi que des organisations de la société civile. L’organisation de cet évènement s’inscrit dans la célébration du 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

La nécessité d’actions urgentes et concrètes a réuni les entités présentes.

Les discussions se sont construites autour de trois (03) axes :

-L’incarcération, une lourde charge

-Les mesures à prendre pour la réduction de la surpopulation carcérale

-Les plaintes, inspections, enquêtes sur les décès et la torture pendant la détention.

La nécessité de l’élaboration d’une déclaration concertée, réunissant les parties prenantes a été soulevée.

L’implication de tous les acteurs dans l’amélioration des conditions de détention se hisse entre autres parmi les points retenus.

Un état des lieux, ressorti des interventions a révélé des manques de moyens financiers et logistiques, ainsi que des infrastructures inappropriées, favorables à des violations des Droits de l’Homme.

La surpopulation et la malnutrition qui sévissent en milieu carcéral figurent également parmi les problèmes discutés. Le Ministère de la Justice a annoncé la construction de nouveaux établissements pénitentiaires dans l’Avaradrano et l’Atsimondrano, ainsi que l’amélioration des conditions des détenus de par l’augmentation du budget alloué pendant l’exercice 2019.

L’insuffisance de salles d’audience et la multiplication des audiences foraines, spéciales ou criminelles, visant à inverser le ratio des prévenus, plus élevé par rapport à celui des condamnés dans la plupart des prisons de Madagascar, demeurent toutefois des défis de taille.

Les représentants des organisations de la société civile présentes soutiennent l’intensification des sensibilisations et du renforcement de l’Education pour se prémunir de l’incarcération afin de faire face aux problèmes carcéraux liés aux droits humains. Une approche qui rejoint la facilitation des conditions de remise en liberté à l’instar de la remise de peine, la liberté conditionnelle et de la libération sous caution. Point de vue qui diffère néanmoins de celui des magistrats et des divers responsables au sein de l’administration pénitentiaire, prônant la mobilisation de plus de moyens par l’Etat, la réhabilitation des infrastructures vétustes et la mise en place de nouveaux lieux de détention.

CP