L’alignement du calendrier scolaire sur la saison agricole pour augmenter la fréquentation scolaire et les niveaux d’éducation

5 Mar 2024

Les chiffres sur la pauvreté à Madagascar sont alarmants. Plus de 24 millions de personnes vivaient avec moins de 4 000 ariary (0,89 $) par personne et par jour en 2022 à Madagascar, ce qui porte le taux de pauvreté national à un peu plus de 75 % de la population. Le rapport de la Banque mondiale sur l’évaluation de la pauvreté à Madagascar, publié récemment, met en lumière les raisons de cette situation et fournit un compte rendu de l’évolution de la pauvreté et des conditions de vie à Madagascar au cours de la dernière décennie (2012-2022).

 

L’éducation, tant en termes d’accès que de qualité, est un facteur essentiel pour briser le cycle de la pauvreté. Il existe en effet une corrélation significative entre le niveau d’éducation d’un individu et son niveau de pauvreté.  Selon les recherches, les personnes analphabètes ont un taux de pauvreté de 97 %, tandis que celles qui ont terminé l’éducation primaire ont un taux de pauvreté de 83,5 %. De plus, les individus ayant terminé l’enseignement secondaire ont un taux de pauvreté nettement inférieur de 46 %, et ceux ayant une éducation supérieure ont un taux encore plus bas de seulement 17 %.

Bien que Madagascar ait atteint un taux de scolarisation net de plus de 95 % dans l’enseignement primaire et une réduction significative de l’analphabétisme, la rétention reste cependant un problème majeur car moins d’un tiers des enfants passent de la première à la cinquième année. Plus important encore, le système éducatif manque de moyens suffisants pour équiper les jeunes des compétences dont ils ont besoin pour un emploi productif. En 2019, par exemple, 97 % des enfants malgaches âgés de 10 ans étaient considérés comme “pauvres en apprentissage”, ce qui signifie qu’ils ne pouvaient pas lire et comprendre un texte simple, une proportion plus élevée que le taux de 87 % observé en Afrique subsaharienne et de 90 % dans les pays à faible revenu, souligne-t-on. Par ailleurs, les enfants qui terminent l’école primaire (en finissant la cinquième année) peuvent encore manquer de compétences de base, avec seulement 17,5 % d’entre eux montrant une maîtrise adéquate de la littératie et 21,6 % en numératie.

Selon la Banque mondiale, le système éducatif à Madagascar a besoin d’apports supplémentaires pour améliorer les résultats des élèves, y compris un meilleur soutien aux enseignants, une formation et une rémunération améliorées, ainsi que des matériaux d’apprentissage suffisants et des investissements dans l’éducation de rattrapage.

La situation est particulièrement préoccupante pour les filles. En effet, même si plus de filles terminent l’école élémentaire que de garçons, la pauvreté et les inégalités de genre les empêchent souvent de poursuivre leur éducation au secondaire, et beaucoup sont forcées de travailler ou de se marier et de tomber enceintes à un jeune âge.

Toujours d’après la Banque mondiale, le calendrier scolaire est un obstacle supplémentaire à l’achèvement de l’éducation de base. En reproduisant le calendrier scolaire européen, plutôt que de s’adapter aux saisons agricoles et cycloniques locales, il pousse de nombreux enfants à quitter l’école au moment de la récolte, augmente l’absentéisme des enseignants et oblige les écoles à fermer pendant les cyclones et les fortes pluies. Il existe des preuves que l’alignement du calendrier scolaire sur la saison agricole peut augmenter de manière significative la fréquentation scolaire et les niveaux d’éducation, en particulier dans les zones rurales où l’agriculture est une activité économique primaire, indique-t-on.

Lors des discussions de groupe, les participants ont souligné que le faible niveau d’éducation des jeunes contribue à la perpétuation de la pauvreté, ainsi qu’à d’autres défis tels que la pression démographique urbaine, le manque d’opportunités d’emploi productif, la corruption généralisée et l’isolement des communautés rurales, rapporte la Banque mondiale. Ces problèmes semblent être interconnectés et participent à entraver le développement et à aggraver la situation économique du pays, a-t-on ajouté.

L’étude de la Banque mondiale concernant la pauvreté à Madagascar met en évidence l’importance d’améliorer la qualité de l’éducation au-delà de la simple augmentation des nombres d’inscriptions scolaires. Elle recommande la priorisation d’une éducation de qualité pour permettre à Madagascar de stimuler la productivité et le potentiel des générations futures et de progresser vers un chemin de développement durable et inclusif. L’éducation est un phare d’espoir dans la lutte contre la pauvreté et un appel à investir dans les enfants d’aujourd’hui pour forger un avenir meilleur, souligne la Banque mondiale.