“La société civile est neutre et non partisane”

11 Oct 2021

Des réflexions ont été émises par quelques membres de la délégation malgache, invitée au Nouveau sommet Afrique-France qui se tient depuis mardi 5 octobre dernier à Montpellier. Ces réflexions s’adressent aux gouvernements malagasy et français. Dans cette lettre, cette délégation composée de jeunes entrepreneurs, d’activistes et de militants, rappellent que leurs situation en tant qu’activistes ou militants, n’est pas systématiquement assimilables à des “opposants” politiques. Car, “la société civile demeure neutre et non-partisane” ont-ils avancé.

Cette lettre a été écrite à plusieurs mains, et porte la voix d’acteurs d’horizons et d’expertises différents mais unis par l’importance qu’ils accordent à Madagascar et sa trajectoire de développement et du bien-être de leurs compatriotes. Les artistes, acteurs, opérateurs culturels malgaches peinent à se faire une place réelle dans la construction et le développement des projets de coopérations culturelles et aspirent aujourd’hui à favoriser davantage une véritable culture-coopération. Souvent positionnée à la marge des réflexions et décisions sur l’élaboration et la mise en oeuvre des projets de coopération culturelle, la société civile éprouve le besoin de s’extraire d’une culture de l’offre et d’un modèle de gouvernance verticale et descendant. L’urgence est de mettre en place des modèles plus poreux et réciproques entre les institutions culturelles et politiques et les acteurs culturels, de s’extraire du diffusionnisme et se tourner davantage vers la co-conception, la co-construction et la co-production de programmes impactant à court, moyen et long terme. Il est temps de générer de nouvelles dynamiques coopératives dont le système de gouvernance est plus participatif et transparent et basé sur des valeurs communes et de questionner l’efficacité en 2021 des accords de coopération existants et des modèles opérés depuis maintenant plus d’un demi-siècle” lit-on.

Cette lettre, directe et bien concise, traite plusieurs sujets qui sont tous épineux , les uns comme les autres. Ainsi, parmi les grandes lignes, qui sont d’ailleurs, développées par plusieurs paragraphes chacun, l’on distingue le fait que ces représentants de la société civile, invités en France à ce sommet voudraient faire du droit à l’information, de la transparence, de la redevabilité et de la lutte contre la corruption des piliers non négociables de la bonne gouvernance, construire des espaces de concertation durables entre dirigeants et citoyens et favoriser l’engagement civique, impliquer les citoyens et leur rendre compte quant à l’utilisation de l’argent public, faire de la protection de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique une priorité et une obligation dans toutes les actions publiques, donner à la Jeunesse les outils pour développer son plein potentiel, et enfin finaliser les tractations sur les Îles Éparses.

Concernant ce dernier sujet, ces jeunes ont indiqué que “les Îles Éparses constituent un point d’achoppement crucial dans les relations franco-malgaches. Les discussions semblent stagner, sans que les citoyens soient informés des raisons des blocages. Les parties prenantes doivent avancer vers un accord dans la transparence et la redevabilité et veiller à préserver la souveraineté de Madagascar, tout en ne laissant pas les îles malgaches sans protection.

Les signataires de cette lettre sont Julio Marcel Vahatriniaina (ONG Vahatra), Luck Razanajaona (fondateur du collectif Africa Madavibe), Hobisoa Raininoro (fondatrice de l’association des médiateurs culturels et du centre des ressources des arts actuels de Madagascar), Laza Razanajatovo (président de l’Alliance panafricaine des scénaristes et des réalisateurs), Miora Ratovonirina (responsable dans un centre de formation rurale), Hony Radert secrétaire général du CCOC), Zoé Johnson Randrianjanaka (directrice artistique de Tahala Compagnie et du festival international de danse Mitsaka), Tsimihipa Andriamazavarivo (ONG Tolotsoa), Marie Christina Kolo (fondatrice de l’entreprise sociale Green’n Kool), Ketakandriana Rafitoson (Transparency International Initiative Madagascar).

Rafr.