La sècheresse et la pandémie font doubler le nombre de personnes souffrant de la faim

13 Jan 2021

Trois années consécutives de sécheresse combinées à une forte récession déclenchée par la pandémie COVID-19 ont laissé un tiers de la population du sud de Madagascar dans une situation difficile. Avec un taux de malnutrition qui augmente crescendo et de nombreux enfants obligés de mendier pour aider leurs familles à manger, une action urgente est nécessaire pour prévenir une crise humanitaire.

Avec la sécheresse qui persiste jusqu’en 2021 et une mauvaise récolte, les communautés ont peu de ressources sur lesquelles s’appuyer et beaucoup ont dû quitter leurs villages ou hameaux pour chercher de la nourriture et du travail. Selon les prévisions, quelques 1,35 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire, soit 35 % de la population de la région. Ce chiffre a presque doublé par rapport au nombre de personnes requérant une aide alimentaire d’urgence l’année dernière durant la même période.

La pandémie COVID-19 a encore plus aggravé les difficultés, entraînant une disparition des emplois saisonniers alors que de nombreuses familles ont compté sur ce revenu pour traverser la période de soudure, qui culmine entre janvier et avril.

“Pour survivre, les familles mangent des fruits de tamarin mélangés à de l’argile”, explique Moumini Ouedraogo, représentant du Programme Alimentaire Mondial (PAM) à Madagascar. “Nous ne pouvons pas affronter une autre année comme celle-ci. Sans pluie et avec une mauvaise récolte, les gens risquent de mourir de faim. Personne ne devrait avoir à vivre dans ces conditions”.

Les enfants sont les plus touchés par la crise alimentaire et la plupart d’entre eux ont abandonné l’école pour mendier de la nourriture dans les rues. Une évaluation menée par le PAM et ses partenaires à Amboasary en octobre 2020 a révélé que trois enfants sur quatre sont déscolarisés – principalement pour aider leurs parents à chercher de la nourriture.

La prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) chez les enfants de moins de 5 ans dans les trois régions les plus touchées (Androy, Anôsy et Atsimo Andrefana) s’élève à 10,7 %. Il s’agit du deuxième taux le plus élevé dans la région de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe. Selon les dernières projections, le nombre d’enfants susceptibles de souffrir de malnutrition aiguë s’élève à plus de 135 000, dont plus de 27 000 sont classés comme graves.

Le PAM fournit actuellement une aide alimentaire à près de 500 000 personnes souffrant d’une grave insécurité alimentaire dans les neuf districts les plus touchés du Sud. Compte tenu de la détérioration rapide de la situation, le PAM projette de venir en aide à près de 900 000 personnes parmi les plus vulnérables. Un soutien supplémentaire sera nécessaire pour les familles en difficulté bien au-delà de la période de soudure actuelle.

Le PAM a besoin d’urgence de 35 millions de dollars américains pour financer les distributions de vivres et de transferts d’argent ainsi que les programmes de traitement de la malnutrition. Cela inclut également une alimentation scolaire d’urgence pour 150 000 enfants afin qu’ils puissent être scolarisés et leur offrir de meilleures perspectives d’avenir.