La Confédération du Tourisme de Madagascar tire la sonnette d’alarme

8 Dec 2022

Le week-end passé a été particulièrement mouvementé pour le secteur tourisme, l’annonce des annulations des vols par la compagnie Air Austral les 3 et 4 décembre ont suscité une véritable indignation auprès des opérateurs touristiques nationaux. Une décision qui a grandement divisée dans un contexte socio-économique où le tourisme malagasy peine encore à se remettre des conséquences des deux ans de crise sanitaire.

La Confédération du Tourisme de Madagascar (CTM) n’a pas manqué de réagir à cette actualité qui selon elle impact négativement une relance touristique déjà bien entamée. Lova Ratovomalala, Directeur Exécutif de la CTM de souligner « les opérateurs touristiques ne sont pas encore remis à flots, les pertes financières générées par la crise sanitaire sont loin d’être compensées, aujourd’hui on commence à peine à remonter la pente avec les voyageurs qui commencent à revenir petit à petit à Madagascar. Cette nouvelle est un coup d’arrêt à la relance touristique, une décision dont on ne comprend pas les fondements économiques et qui n’a bénéficié d’aucune concertation auprès des principaux concernés ».

Le cas des vols Air Austral

La compagnie Air Austral avait jusqu’ici l’autorisation de desservir Antananarivo de façon régulière chaque jour. Or, elle se limite désormais aujourd’hui à 5 vols par semaine. Les autorités malgaches n’ayant pas accordé la reprise de deux fréquences supplémentaires (existantes avant la crise Covid), la desserte de la capitale sur les vols du weekend subit une limitation pénalisante pour le secteur.

Pour l’heure, les opérateurs touristiques se questionnent à l’unanimité sur les raisons de cette décision, surtout dans un contexte où la demande est en hausse pour la destination Madagascar en cette période. Ils espèrent ainsi au plus vite des réponses de la part des autorités concernées, voire la possibilité d’un dialogue pour éclaircir la situation et trouver des solutions communes.

Incohérence entre l’aérien et le développement touristique

Actuellement, le secteur aérien fait de plus en plus face à diverses restrictions et limites qui nuisent à son développement, entrainant des difficultés pour les opérateurs touristiques nationaux, ainsi que pour la relance du tourisme malagasy dans sa globalité. Ce genre de décisions, à l’instar de celle prise ce week-end vont totalement à l’inverse de la vision du gouvernement et des perspectives qu’il prône en matière d’investissements pour le secteur tourisme. Dans ce sens, le secteur privé reste perplexe quant à la réalisation d’une telle vision pour le développement du tourisme à Madagascar vu la situation actuelle.

Le cas d’Air Austral n’est d’ailleurs pas inédit jusqu’ici, car même si la compagnie affiche 12000 passagers par saison avec des taux de remplissage effectifs très rentables pour les opérateurs touristiques les weekends, elle n’a pas échappé aux restrictions.

Il en est de même pour la compagnie aérienne Air Link, la seule des compagnies qui desservaient Madagascar et l’Afrique du Sud avant la pandémie du Covid-19 n’ayant toujours pas obtenu l’autorisation de reprendre ses vols depuis l’année 2020, malgré la demande réelle du marché touristique.

Concernant la liaison la Réunion – Sainte Marie, les opérateurs touristiques nationaux espèrent impatiemment aussi son retour. Le fait est qu’il s’agissait là d’une annonce présidentielle et son effectivité n’a duré qu’un mois, de quoi laissé les opérateurs touristiques « saint-mariens » complètement désemparés.

Pour le secteur privé du tourisme, cet énième épisode avec la compagnie Air Austral semble ainsi être la goutte d’eau qui fait déborder le vase, preuve d’une instabilité constante dans le secteur aérien qui est loin de rassurer les opérateurs touristiques. Ce constat impacte aujourd’hui non seulement l’image mais aussi la crédibilité de la destination.

« Cependant, nous espérons vivement que Madagascar Airlines développera effectivement les liaisons aériennes, dans et vers notre pays, et nous sommes prêts à collaborer  activement avec eux dans ce sens » conclut le Directeur Exécutif de la CTM.