Impacts plutôt négatifs de l’agro-industrie et des cultures de rente sur les droits des enfants dans 3 régions

27 May 2021

A Madagascar, les produits de rente représentent environ 22% de la rentrée en devise du pays selon les dernières statistiques disponibles. La commercialisation de ces produits au niveau local devrait générer des revenus importants au niveau communal, par le biais des ristournes pour assurer le développement local, et notamment un accès de qualité aux services sociaux de base pour la population. Toutefois, la réalité est toute autre au niveau des principales régions productrices, où 2 millions d’enfants vivent dans une situation précaire, en raison des impacts des cultures de rente et de l’agro-industrie sur leurs droits.

L’Est et le Nord-Est de Madagascar sont les plus prospères économiquement grâce aux produits de rente comme le girofle, la vanille et le litchi. Pourtant la situation de 2 millions d’enfants de cette partie de l’île reste critique, indique l’UNICEF. Cette situation de précarité touche notamment les enfants de moins de 5 ans ans qui ont des difficultés en matière de santé, nutrition et d’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement ; et un taux élevé d’adolescents qui subissent le travail des enfants et l’exploitation sexuelle et qui sont déscolarisés. Dans les régions Sava, Analanjirofo et Atsinanana, c’est le travail des enfants qui préoccupe le plus. En effet, les ménages de producteurs dans ces trois régions restent très vulnérables à toutes fluctuations du marché des cultures de rente ainsi qu’aux aléas climatiques. Les enfants sont considérés comme un appui important pour la plupart des ménages et sont impliqués dans certaines activités économiques agricoles et dans les chaînes de valeur. La situation entraîne la déscolarisation et limite les opportunités et les perspectives d’avenir pour ces enfants.

D’après une étude commissionnée par l’UNICEF au niveau des 3 régions, les enfants aident leurs parents à certains moments clés de l’année comme pendant les périodes de récolte ou de campagne.  Les enfants – généralement de plus de 15 ans sont embauchés en tant que main d’œuvre et sont rémunérés pour travailler dans les champs. Il arrive même que des enfants prennent part à des activités illégales, notamment le vol de vanille, pour le compte généralement d’acheteurs plus ou moins formels, implantés ou non dans les zones. Un autre phénomène qui a été soulevé, notamment dans la Région Sava est l’exploitation sexuelle des filles par des individus impliqués dans le commerce de la vanille. D’après l’UNICEF, ces individus peuvent être aussi bien des personnes vivant dans la communauté que des collecteurs de passage. D’après le constat, le système de protection des droits de l’enfant est aussi fragilisé au niveau de ces trois régions, tout comme le cadre juridique. L’impunité entoure en effet certaines violations des droits de l’enfant, telles que les viols et l’élaboration de règles locales allant à l’encontre de certaines normes de justice juvénile.

Dans les régions de l’Est Est et du Nord-Est qui se spécialisent dans les cultures de rente, les impacts de ces activités et de l’agro-industrie qui ressortent le plus fréquemment sont les impacts sur les conditions d’accès aux services de base; les impacts sur le développement local; les impacts sur la santé publique et sur la démographie, ainsi que les impacts les migrations permanentes et saisonnières. L’analyse de ces impacts sur les droits de l’enfant montre que les impacts positifs affichent un taux assez faible par rapport aux impacts négatifs, souligne l’UNICEF.

Pour y remédier, l’UNICEF a décidé d’accompagner le secteur privé, afin de promouvoir les droits de l’enfant et développer – avec les partenaires gouvernementaux – les activités nécessaires pour asseoir un environnement d’investissement favorable au respect et au soutien des droits de l’enfant. L’UNICEF encourage la RSE et recommande l’intégration des Principes Directeurs sur les droits de l’Enfant et les Entreprises (PDEE) dans les politiques RSE. En outre, la question des droits de l’enfant devrait inscrite dans les textes relatifs à l’agro-industrie, aux cultures de rente, aux stratégies, aux projets de mise en œuvre du PEM ainsi qu’aux contrats programmes auxquels sont désormais liés l’ensemble des ministères. L’UNICEF estime par ailleurs que le développement du Réseau de Protection de l’Enfance (REP) au niveau des régions, des districts et des communes s’avère essentiel et que les structures de protection de l’enfance nécessitent d’être soutenues. D’après l’UNICEF, le Ministère de l’Agriculture (MAEP) et le ministère de l’Industrie (MICA) devraient renforcer davantage leur collaboration ainsi que leur participation au sein des REP dans les zones concernées.

Parmi les nombreuses recommandations figurent également le renforcement du cadre juridique et judiciaire pour apporter une réponse efficace aux violations des droits de l’enfant.

 

Méira