Ikongo, la tension baisse d’un cran, le Conseil des ministres annonce l’ouverture d’une enquête

1 Sep 2022

La délégation gouvernementale dépêchée à Ikongo affirment que la situation est revenue à la normale depuis mercredi 31 août et ce, grâce aux actions d’apaisement et de réconciliation. Ces actions se poursuivent jusqu’à maintenant dans ce district où une vingtaine de personnes ont trouvé la mort suite à des affrontements entre la gendarmerie et des groupes d’individus réclamant une vindicte populaire sur 4 personnes présumées avoir enlevé un enfant albinos et assassiné sa mère. Le Conseil des ministres a annoncé l’ouverture d’une enquête, et le Président de la République a fait savoir qu’il suivra de plus près les investigations qui seront menées.

La délégation gouvernementale composée du Premier ministre, du ministre de la Défense nationale, du ministre de la Justice, est descendue à Ikongo pour s’enquérir de la situation qui y prévaut, apporter tous les soutiens nécessaires à la population locale et rétablir la paix suite aux évènements dramatiques du lundi 29 août 2022. Les responsables étatiques ont discuté avec les sages d’Ikongo, et ont rencontré les habitants afin d’apaiser les tensions. Ils sont également venus soutenir les familles des victimes et des blessés et ont rendu visite aux blessés soignés à l’hôpital. Les blessés graves, eux, ont été évacués à Ifanadiana avec les aéronefs de l’Armée malagasy. Selon les traditions, la gendarmerie a offert un zébu en vue d’une réconciliation avec la population locale. Pour le gouvernement, il s’agit de reconquérir la confiance populaire après le débordement qui a eu lieu sur place. Afin de faire la lumière sur le drame, le Conseil des ministres a annoncé l’ouverture d’une enquête, dont le déroulement sera suivie de près par le Président de la République lui-même.

La tension a baissé d’un cran depuis mercredi, selon la délégation gouvernementale qui rapporte que les habitants ont commencé à vaquer à leurs occupations. Elle dément ainsi les affirmations selon lesquelles Ikongo est devenue une ville morte après les évènements. Le couvre-feu est néanmoins instauré pour maintenir la paix; des renforts militaires venant de Manakara sont par ailleurs déployés sur place. Des prisonniers sont toujours en cavale suite à leur évasion. La gendarmerie invite ceux qui ont pris la fuite à retourner en prison de leur propre chef. Des mesures serony prises s’ils ne reviennent pas au bout de trois jours, explique-t-on.

Le député d’Ikongo, et non moins vice-président de l’Assemblée nationale, lui a demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire. En indiquant qu’il va porter l’affaire auprès des instances internationales de défense des droits de l’homme, Brunelle Razafintsiandraofa a également déposé des doléances auprès de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH).

Dans un communiqué diffusé le 30 août dernier, la CNIDH rappelle que la vindicte populaire est réprimée par la loi et que les assauts populaires contre des sites protégés à l’instar des prisons ou des casernes ne sauraient être justifiées ni défendues. La Commission indique qu’elle va conduire des activités de communication, sensibilisation et partages sur les droits humains dans les districts sensibles, à l’instar d’lkongo. Déclenché par l’enlèvement d’un enfant albinos, les évènements d’Ikongo rappelle la situation d’insécurité vécue par ces personnes vulnérables, fait par ailleurs remarquer la CNIDH. Des dispositions légales en faveur de la protection des albinos sont actuellement initiées en collaboration avec le Parlement, l’Exécutif et les Organisations de la Société civile, indique la CNIDH.

 

Ambina Rkt