Faneva Ima : “Oui, il faut qu’on cherche un attaquant”

22 Nov 2018

Un peu moins d’une semaine après la défaite de Madagascar face au Soudan lors de la cinquième journée des éliminatoires à la Coupe d’Afrique des Nations 2019, le capitaine Faneva Ima Andriatsima s’est entretenu avec la rédaction d’Orange actu Madagascar. Bilan, analyse, ambitions, Faneva Ima se livre.

Orange actu : Bonjour Faneva. La qualification de Madagascar pour la CAN étant maintenant acquise, quel est l’état d’esprit du groupe pour le dernier match au mois de mars, surtout après la défaite face au Soudan ?

Faneva Ima Andriatsima : Bonjour. La qualification est acquise, oui. Après, après cette défaite face au Soudan, on a quatre matchs pour réfléchir sur ce qu’on voudra faire à la CAN. Parce que certes on a eu la possession, mais ça va être très difficile d’aller à la CAN en jouant comme ça.

Je ne pense pas qu’il y a un relâchement, mais après on est tombé sur une équipe différente, qui est bien regroupée très bas et qui a marqué son premier but au bout de deux minutes de jeu. C’est un profil différent des matchs que nous avons joué avant. Avant, les équipes jouaient la carte à fond et essayaient de gagner les matchs, donc elles étaient un peu plus haut.

Face à une équipe comme ça, je pense qu’il faut jouer encore plus vite, et surtout combiner sur le côté pour amener les centres. On n’a pas centré assez je pense, vu notre possession de ballon. Après ça c’est une stratégie du coach, mais je pense qu’il faut faire plus de centre et ramener le ballon devant le but parce qu’ils sont très regroupés derrière et ils sont capables de marquer dans notre camp aussi. C’est le foot, et je pense que ça nous sert de leçon, surtout face à des équipes positionnées très bas. C’est à nous de nous améliorer dans ce domaine là, et de ramener encore plus de ballons devant le but.

En tant que capitaine, quels sont selon vous les points forts de l’équipe, et dans quel compartiment doit-on encore s’améliorer ?

Non ! Notre point fort je pense c’est qu’on a des joueurs qui vont très vite sur les côtés, et on a un très bon milieu de terrain. Après, face à une équipe regroupée c’est difficile. On tiens quand même le ballon, même face à une équipe comme le Sénégal la dernière fois, donc il faut surtout essayer de trouver les gens entre les lignes. C’est la clé de notre réussite. Après il faut réussir à trouver ces gens entre les lignes qui nous ramènent des bons ballons pour les attaquants. Notre point fort c’est sur les côtés, mais j’espère qu’ils vont être décisifs bientôt.

Je pense qu’on doit s’améliorer surtout collectivement. Il faut essayer de récupérer le ballon ensemble, et surtout essayer de faire circuler plus vite le ballon, par rapport au match précédent. Il faut garder notre assise défensive. Il faut garder notre état d’esprit collectif qui nous permet d’être qualifié à la CAN sur quatre matchs. On le voit un peu moins contre le Soudan, mais après c’est humain, c’est comme ça. On va essayer de retrouver ça sur le prochain regroupement.

Jérémy Morel a fait son arrivée. Comment s’est fait son intégration dans le groupe, et comment s’est déroulé le premier regroupement ensemble ?

Jérémy il est bien intégré, et il a pris conscience de la situation de notre football. On a pu échanger sur quelques sujets, et il est très content de nous rejoindre. Il va nous apporter son expérience. Malheureusement on a cette défaite sur sa première sélection, mais je pense qu’on est en bonne voie. On a quand même Jérémy qui est un joueur d’expérience qui nous ramène de la sérénité. On verra la suite mais je pense que c’est une très bonne chose pour nous d’avoir Jérémy dans le groupe. C’est quelqu’un qui humainement est top, et sportivement va nous apporter beaucoup.

L’expérience de Jérémy Morel en défense est incontestée. Est-ce qu’il ne risque pas de faire de l’ombre aux habituels titulaires ?

Je pense que dans une sélection une place n’est pas définitive, même pour moi en tant que capitaine. Il faut tout le temps être performant, il faut être décisif surtout. Après il y a des gens comme Carolus qui est décisif tout le temps, il y a aussi Paulin et des gens comme Njiva. La sélection c’est pour tout le monde, en plus la forme d’aujourd’hui ce n’est pas la forme de demain. Après tout se repose sur le coach, mais nous on essaye de donner le maximum à chaque fois qu’on monte sur le terrain. J’espère que tout le monde sera en forme en juin et que tout le monde donne du fil à retordre au coach pour faire son équipe à la CAN dans la liste des 23.

Sachez qu’il n’y aura que 23 mecs qui iront à la CAN,  la dernière fois on était 27. Et il y a encore les joueurs blessés comme Abel, donc il va y avoir de la concurrence. Il faut que tout le monde soit conscient qu’il n’y en aura que 23 qui iront à la CAN, et il faut tout donner, se montrer.

Les médias évoquent souvent le fait que le sélectionneur recherche un attaquant en renfort. Cela vous inquiète ?

Je pense que par rapport à la recherche d’un attaquant oui ! Il faut qu’on cherche un attaquant. On va aller dans une compétition comme la CAN, ça ne suffit pas deux attaquants. Pour l’instant nous ne sommes que deux attaquants purs, moi et William (Gros). Il fait chercher un troisième attaquant pur. Pour l’instant si on joue en 4-4-2 avec deux attaquants, on n’a pas de remplaçant. Tu vas dans une compétition comme ça, tout peut arriver et il faut avoir au moins trois attaquants purs, ou deux attaquants purs avec des neufs et demi. On verra ça, c’est au sélectionneur de trouver un attaquant mais ça ne va pas être facile. Ca va être compliqué mais j’espère qu’il va nous ramener une bonne pioche de plus pour aller à la CAN.

Personnellement ça ne m’inquiète pas parce que si le coach ramène un attaquant donc on va être encore plus compétitifs. C’est ramener de la concurrence pour faire avancer l’équipe. Une équipe nationale ce n’est pas à moi tout seul, c’est pour tout le monde, pour tous les malgaches. C’est important d’avoir un effectif étoffé, pour aller plus loin dans une grande compétition comme ça.

En tant que capitaine de l’équipe nationale malagasy, quel regard portez-vous sur les récentes actualités autour de la Fédération malagasy de football, notamment l’intervention récente de la Fifa et de la CAF.

Je suis navré d’en arriver là parce qu’on a fait tous ces efforts là pour être qualifié à la CAN, et malheureusement on vit cette situation-là. Je pense que si on veut avancer, il faut avancer dans tous les domaines, il faut être professionnel dans tous les domaines, et ce n’est pas que sur le terrain mais en dehors aussi.

Si on a forcé des choses, je pense que c’est légitime. Si on n’a pas forcé les choses on ne serait jamais à la CAN. Il faut trouver une entente pour que l’élection à la Fédération soit tenue. Surtout, il faut préparer le budget et tout ce qui va avec pour la CAN, parce que si on ne prépare rien ça risque d’être compliqué. Il ne faut pas oublier que nous sommes une nation moyenne. On est une petite nation dans cette CAN même si on s’est qualifié très tôt.

Tout le monde doit prendre conscience qu’il faut s’entraider, et j ‘en appelle encore à toutes les forces vives malgaches pour aider l’équipe nationale pour cette compétition dans huit mois. J’en appelle encore à tous les sponsors parce que pour faire la CAN. J’espère que les sponsors et les forces vives ne s’arrêtent pas à la CAN, mais continuent à soutenir encore pour le football malgache les prochaines années.

Certes la CAN 2019 est une vitrine pour le football malgache, mais sans les aides des partenaires on ne va pas avancer. Et moi j’espère que Madagascar sera encore présent pour la prochaine édition de la CAN et ainsi de suite. Mais pour cela il faut une bonne organisation et de l’aide des sponsors et de l’Etat. Pour réaliser un objectif commun il faut que tout le monde mette la main à la pâte au projet.

C’est important de faire bonne figuration dans cette compétition, surtout pour la suite. J’espère que la Fédération va s’en occuper, et j’espère que les élections se feront très bientôt pour qu’on puisse préparer cette compétition comme il faut et d’avoir tous les arguments nécessaires pour qu’on ne laisse rien au hasard. Même en se préparant bien on n’est pas sûr de gagner ou d’aller loin, mais le minimum c’est de bien préparer et surtout il faut tout donner et ne pas regretter pour que notre première participation à la CAN soit très bonne, pour l’avenir du football malgache.

Renaud Rianasoa Raharijaona