Environ 71% des adultes n’ont pas accès à l’électricité selon les résultats de l’étude “Qui est laissé de côté à Madagascar”

1 Dec 2023

Le Ministère de l’Économie et des Finances, à travers l’INSTAT et conjointement avec le Bureau de Coordination du système des Nations Unies à Madagascar et l’UNFPA, a procédé ce 1er décembre à la dissémination des résultats de l’étude « Qui est laissé de côté à Madagascar », et du rapport des projections démographiques du troisième Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH-3) de 2018.

L’étude « Qui est laissé de côté à Madagascar », réalisée en 2023 à partir de l’exploitation des données du RGPH-3 de 2018, vise à contribuer à l’opérationnalisation du principe de ne laisser personne de côté à Madagascar, qui est au cœur de l’agenda 2030 pour le développement durable et des priorités du Gouvernement. Elle donne un cadre statistique qui est le point de départ pour guider des analyses approfondies sur les causes de l’exclusion et appuyer la formulation des politiques et la priorisation des interventions.

Les indicateurs d’exclusion étudiés incluent la pauvreté multidimensionnelle, c’est-à-dire les privations dans des domaines cruciaux tels que l’éducation, la santé et le niveau de vie. Par ailleurs, l’étude évalue l’exclusion en examinant l’accès à des services de base tels que l’eau, l’assainissement et l’électricité. Pour comprendre ces phénomènes d’exclusion, cette recherche explore un large éventail de variables issues du RGPH-3, allant des caractéristiques individuelles (sexe, âge, niveau d’instruction, statut d’alphabétisation, activité professionnelle, statut matrimonial, statut vis-à-vis du handicap, statut migratoire, taille du ménage, milieu de résidence) aux caractéristiques du ménage et du chef de ménage, fournissant ainsi une vision holistique de la situation. L’étude se concentre sur deux populations distinctes à savoir les adultes de 18 ans ou plus et les enfants de moins de 10 ans.

Il ressort, entre autres, de l’étude que :

– En matière de pauvreté, l’exclusion touche divers groupes de population adultes résidant en milieu rural : les indépendants analphabètes, représentant un cinquième de la population rurale à Madagascar, ainsi que les indépendants alphabétisés non-migrants et les employeurs ou personnes non actives, analphabètes et non-migrants. En milieu urbain, les personnes les plus exposées à l’exclusion sont les analphabètes, surtout lorsqu’ils résident dans des ménages monoparentaux, isolés ou nucléaires (avec un taux de pauvreté de 85,7%).

Presque tous les enfants, en milieu rural, dont le chef de ménage est sans instruction sont touchés par l’exclusion. En milieu urbain, les enfants les plus exclus sont ceux ayant un chef de ménage sans instruction, en particulier s’ils sont non-migrants, analphabètes, et indépendants ou employeurs (94,6%). Une différence significative du taux de pauvreté entre les zones rurales et urbaines est observée, respectivement 38,3% et 88,5%.

– Concernant l’accès aux services de base, environ 53,3% des adultes n’ont pas accès à un service d’eau amélioré. Environ 73,8% des adultes n’ont pas accès à des services d’assainissement améliorés, dont 38,1% pratiquent la défécation à l’air libre. Enfin, environ 71% des adultes n’ont pas accès à l’électricité. Les résultats de l’étude montrent que le non-accès à l’eau, à l’assainissement et à l’électricité, est premièrement lié à la condition de pauvreté. Deuxièmement, les caractéristiques du (de la) chef(fe) de ménage et du ménage – le statut dans le logement, le milieu de résidence, le type de logement, le niveau d’instruction, l’alphabétisation, l’âge, le statut migratoire, la typologie et taille du ménage et le nombre d’enfants respectivement de moins de 1an et 5 ans – contribuent à décrire le cadre d’exclusion.

Environ 62,1% des enfants n’ont pas accès à un service d’eau amélioré, principalement ceux vivant dans des ménages pauvres en milieu rural, surtout lorsque le chef de ménage est propriétaire et analphabète. À l’échelle nationale, près de 79,6% des enfants n’ont pas accès à un service d’assainissement amélioré, dont 47,3% pratiquent la défécation à l’air libre.

Environ 80,3% des enfants n’ont pas accès à l’électricité (96% pour les pauvres contre 76,5% pour les non pauvres). Cette exclusion touche davantage les enfants issus de ménages pauvres, surtout ceux dont le ménage est propriétaire et situé en milieu rural.

Quant aux résultats des projections démographiques élaborées à partir des données RGPH-3, ils sont également disponibles pour les utilisateurs de données et informations statistiques et, à l’instar des autres rapports thématiques du RGPH-3, feront l’objet de publication au niveau du site web de l’INSTAT. Les chiffres sur les projections offrent une vision sur les tendances futures de la population de Madagascar et des composantes démographiques jusqu’en 2050 sur la base des hypothèses en matière de fécondité, de mortalité et de migrations (interne, inter-régionale et internationale).

Lors de son allocution, Andry Ramanampanoarana, Secrétaire Général du Ministère de l’Économie et des Finances, qui a représenté le Ministre de l’Économie et des Finances, a invité les différentes parties prenantes concernées à puiser les ressources de l’étude « Qui est laissé de côté à Madagascar » pour réorienter leur politique ou stratégie d’intervention pour les années à venir vers les groupes de personnes exclus, marginalisés afin que Madagascar puisse atteindre les objectifs fixés par l’Agenda de développement de 2030.

Issa SANOGO, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies à Madagascar a exprimé dans la préface de l’étude que, le système des Nations Unies continuera à accompagner Madagascar pour la réalisation et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) en prenant en compte les résultats de l’étude pour identifier des politiques et des solutions plus inclusives et justes, pertinentes, efficientes et efficaces.