Des réformes clés essentielles pour une urbanisation qui stimule la croissance économique à Madagascar

26 Mar 2024

Alors que les villes malgaches génèrent trois quarts du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays dont 44% dans la capitale Antananarivo, elles ne contribuent pas efficacement à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté.

L’urbanisation à Madagascar croît à un rythme plus rapide que dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne, mais se produit en l’absence d’une planification, d’un financement et d’une coordination suffisants pour répondre à la demande croissante d’emplois de qualité, de logements, d’infrastructures et de services de base dans les villes.

Cela se traduit par d’importants problèmes de fourniture de services et d’infrastructures, ainsi que par des niveaux élevés d’informalité dans les emplois et le logement dans les villes, environ 60% des emplois dans les villes sont informels. C’est ce que révèle la Revue de l’Urbanisation de Madagascar : Tirer Parti des Villes Comme Moteurs de Croissance et de Transformation Structurelle publiée aujourd’hui par la Banque mondiale.

La fréquence croissante des catastrophes naturelles provoquées par le changement climatique aggrave davantage la situation. Les villes malgaches sont confrontées à de multiples aléas, notamment les inondations, les cyclones, l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière, qui entraînent des pertes économiques et physiques et peuvent entraîner l’annulation des acquis du développement. Les ressources budgétaires des villes malgaches sont également limitées et leurs capacités insuffisantes en matière de prestation de services.

Les tendances sont préoccupantes car plus de la moitié de la population du pays est susceptible de vivre dans des villes d’ici 2036, et que la pauvreté dans les villes a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie.

“Les villes malgaches doivent être des moteurs de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté, en offrant de meilleurs emplois, logements, services et qualité de vie à nos citoyens. Le ministère prévoit de relever ces défis grâce à une meilleure planification territoriale, à des réformes institutionnelles au niveau communal et à la mise à disposition de capacités techniques et de fonds accrus pour les villes. Ce rapport arrive à un moment opportun puisque le gouvernement a l’intention de donner la priorité à l’amélioration des services municipaux et la modernisation des infrastructures dans nos villes. Il propose des pistes pour y parvenir et nous nous réjouissons de travailler avec nos partenaires de développement, tels que la Banque mondiale, dans le cadre de cet effort”, a souligné Naina Andriantsitohaina, Ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation.

La revue propose quatre piliers d’intervention pour exploiter le potentiel d’urbanisation du pays. Il s’agit de : renforcer la politique et la stratégie nationales de développement urbain en ayant une approche intégrée pour les interventions aux niveaux national, régional et municipal ; mettre en œuvre un cadre politique coordonné au niveau national pour diverses réformes en vue de l’amélioration des services municipaux et de l’aménagement du territoire ; accroître les investissements et les financements en faveur d’infrastructures et de services urbains résilients ; et améliorer la performance institutionnelle et de la capacité des villes.

Le renforcement de la politique et de la stratégie nationales de développement urbain impliquera de promouvoir le développement d’un « système de villes » productif dans tout le pays, où chaque ville – grande, moyenne, petite – a un rôle à jouer dans l’amélioration de la productivité économique et de la qualité de vie sur la base de son avantage comparatif. En outre, des réformes politiques coordonnées seront nécessaires au niveau national pour améliorer la viabilité fiscale, environnementale et sociale des villes, dans les domaines de l’administration foncière urbaine, du logement abordable, des services et infrastructures municipaux, de la planification urbaine tenant compte des risques climatiques et des risques de catastrophe, et d’une décentralisation accrue des fonctions et des ressources vers les communes urbaines.

“Madagascar est encore dans le processus d’urbanisation, c’est le moment opportun pour s’assurer que cette croissance soit bénéfique pour le pays et la population. La Banque mondiale est engagée à aider le gouvernement et les villes malgaches à tirer le meilleur parti de cette opportunité ainsi qu’à collaborer avec les partenaires gouvernementaux au niveau national et local afin de guider les villes urbaines de Madagascar sur la voie du développement durable et de la résilience”, a déclaré Atou Seck, Représentant de la Banque mondiale à Madagascar.