Des millions de personnes menacées par la faim en raison des sècheresses dans le Sud

30 Nov 2020

Le sud de Madagascar est au bord d’une catastrophe humanitaire. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies estime que 1,5 million de personnes – soit la moitié de la population de la région – ont besoin d’une assistance alimentaire d’urgence. En cause, trois années consécutives de sécheresse qui ont anéanti les récoltes et entravé l’accès à la nourriture, ainsi que la pandémie de COVID-19 qui aggrave fortement les souffrances de la population.

Les enfants et les femmes sont les plus touchés par la faim dite « de crise » ou « d’urgence ». Le nombre de personnes dans cette situation est trois fois plus élevé que prévu au milieu de l’année.

Parmi les dix districts du sud les plus touchés, Amboasary est l’épicentre. Dans cette région, les familles parviennent à peine à rassembler suffisamment de nourriture, les mangues crues et le tamarin étant souvent leur seule source de nourriture. Les mères ne peuvent plus allaiter et sont obligées de donner à leurs enfants de l’eau qui est rare. Une évaluation du PAM à Amboasary le mois dernier a révélé que trois enfants sur quatre avaient quitté l’école, principalement pour aider leurs parents à chercher de la nourriture.

« La faim et la malnutrition que nous constatons sont le résultat de trois années de récoltes perdues. Les familles de ces régions touchées par la sécheresse tentent désespérément de survivre. Elles vendent leurs biens les plus précieux, tels que le bétail, les outils agricoles et les ustensiles de cuisine », a déclaré Moumini Ouedraogo, Représentant du PAM à Madagascar.

En octobre, le PAM a commencé à fournir des lentilles, du sorgho, de l’huile fortifiée et du riz à 320 000 personnes en proie à l’insécurité alimentaire grave dans les dix districts les plus touchés. À Amboasary, des repas chauds sont également distribués aux enfants et aux personnes âgées souffrant de malnutrition. Toutefois, faute de fonds, l’aide alimentaire ne peut suivre le rythme des besoins croissants.

« La situation dans le sud du pays exige une réponse urgente. Les gens n’ont plus rien à manger, nous devons les aider avant qu’il ne soit trop tard. Mais pour cela, les donateurs doivent apporter un soutien urgent, dès maintenant », a déclaré M. Ouedraogo.

Le PAM a besoin de 37,5 millions de dollars pour intensifier rapidement sa réponse et empêcher que les taux de malnutrition infantile – déjà parmi les plus élevés au monde – ne s’aggravent davantage. D’ici juin 2021, le PAM vise à élargir ses opérations d’assistance alimentaire en nature et en espèces à 891 000 personnes. L’organisation lancera également un programme d’alimentation scolaire d’urgence, afin que les enfants puissent poursuivre leur éducation, une condition essentielle pour leur assurer un avenir meilleur.

Toutefois, avec les ressources actuelles, le PAM ne pourra atteindre qu’un demi-million de personnes d’ici décembre.

Cette dernière vague de faim met en évidence l’ampleur de l’insécurité alimentaire à Madagascar, où près de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique ou de retard de croissance, ce qui peut entraîner des altérations irréversibles de leur cerveau et de leur corps.