Covid 19 : union sacrée du personnel médical pour sauver des vies

21 Jul 2020

Derrière les portes du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Andohatapenaka, c’est un combat quotidien qui est engagé pour sauver des vies. Ce combat, il est mené par un personnel de santé dévoué aux patients qui y sont internés, malgré une fatigue palpable. Le CHU d’Andohatapenaka est exclusivement dédié à l’hospitalisation des patients du Covid 19 qui développent une forme grave.

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Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Andohatapenaka, a été l’un des premiers centres à traiter les cas positifs à Madagascar depuis le 19 mars 2020. Dirigé depuis le 13 juillet par le Professeur Nasolotsiry Raveloson, le CHU travaille en étroite collaboration avec les autres CHU de la capitale, en ce qui concerne notamment la prise en charge des patients.

Lorsqu’un patient considéré comme cas grave connait une amélioration, et ne nécessite plus d’assistance en oxygène, il est transféré vers le Centre de Traitement Covid (CTC) à Ivato ou vers d’autres CHU. A l’inverse, nous recevons les cas graves issus de ces centres” explique le Professeur Nasolotsiry Raveloson.

A Andohatapenaka, tout le corps médical s’est adapté à la situation d’urgence sanitaire pour se consacrer aux soins des malades du Covid 19. Suzanna, sage femme en temps normal, s’occupe désormais de veiller sur les patients. Au delà des soins, elle distribue elle-même les paquets personnels que les familles ou les proches font parvenir aux patients hospitalisés.

La vie de famille, c’est derrière

Difficile de lui arracher un sourire. “Sincèrement, nous manquons d’équipements. Mais nous sommes là. Nous nous devons d’être là pour ces patients, ce sont des personnes comme nous” explique Suzanna.

Le personnel médical du CHU d’Andohatapenaka est d’ailleurs lui aussi touché par le Covid 19. “13 membres de notre personnel médical ont été contaminés par le Covid 19. Pour la plupart, ils ont contracté la maladie dans la vie communautaire” souligne le Professeur Nasolotsiry Raveloson.

Le docteur Riana, gynécologue, est en charge de l’équipe de garde. Elle aussi se désole du manque de matériel. “C’est difficile. Néanmoins, lors de ma prise de poste aujourd’hui, j’ai constaté beaucoup d’amélioration. Mais il faut continuer à améliorer les conditions, car les cas vont se multiplier” précise-t-elle.

Imaginez tout un hôpital où il n’y a que des cas graves. Psychologiquement c’est vraiment difficile, physiquement aussi. Plus on multiplie les tours, plus les risques de contamination augmentent” explique le docteur Riana. Et quand on lui demande comment elle gère sa vie de famille, elle répond sans ambages : “quand on est médecin, la vie de famille c’est derrière. Donc là, face au Covid, imaginez.

“Il faut les aider”

Sur un matelas, placé à même le sol, une garde malade témoigne de l’engagement du personnel médical. “Ils se relayent, mais ils sont tout le temps là disponibles, c’est important“. Une malade nous interpelle. “Il faut les aider, il faut renforcer les équipes, il faut aussi davantage d’oxygène” explique-t-elle.

Trois fournisseurs de bouteilles d’oxygène approvisionnent actuellement les CHU de la capitale. “Malheureusement, c’est la production qui ne suit pas. Mais tout est fait pour veiller à ce que les centres hospitaliers ne soient pas en rupture” a expliqué le ministère de la Santé publique.

Le CHU d’Andohatapenaka a récemment reçu 25 détendeurs, ce qui permet au service de traiter jusqu’à 50 patients. L’Unicef devrait également offrir bientôt des concentrateurs d’oxygène, selon les confidences du Professeur Nasolotsiry Raveloson.

Des traitements au Dexamethasone et à l’Enoxaparine

Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Andohatapenaka dispose actuellement de 50 lits disponibles, et 46 sont occupés. “Ce qui est une amélioration, car au départ nous ne pouvions accueillir que 26 patients” rappelle le Professeur Nasolotsiry Raveloson. Trois respirateurs y sont, par ailleurs, fonctionnels.

Les traitements eux, sont totalement pris en charge par l’Etat. Les patients hospitalisés au CHU d’Andohatapenaka suivent un traitement essentiellement basé sur l’administration de Dexamethasone et d’Enoxaparine. La Dexaméthasone est connu pour ses puissants effets anti-inflammatoires. Il réduirait la mortalité chez les personnes sévèrement atteintes par le Covid-19, et l’OMS appelle à augmenter sa production mondiale.

Toutefois, en stade finale, quand les traitements et les autres équipements d’oxygénation ne sont plus efficaces, l’intubation trachéale viens en dernier recours.

Lucide, le Professeur Nasolotsiry Raveloson est conscient de la charge de travail et du risque d’exposition de ses équipes. “La protection du personnel est maximale. Le ministère de la Santé nous approvisionne régulièrement en équipement de protection individuelle (EPI)” explique le Professeur Nasolotsiry Raveloson.

Dernièrement, les membres du personnel médical ont reçu leur prime. De quoi leur redonner un peu le sourire en ces temps difficiles.

Renaud Raharijaona