CAN 2019 : la Tunisie aime avoir la possession, Madagascar préfère subir

10 Jul 2019

La rédaction d’Orange actu s’est amusée à scruter l’ensemble des statistiques de chacun des quatre matchs joués par Madagascar et la Tunisie, qui s’affrontent demain au Caire, en quart de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2019. Les clés du match se trouvent certainement quelque part dans ces statistiques …

La possession de balle
La Tunisie est une équipe joueuse qui s’appuie sur un jeu de possession à l’européenne. Sur les quatre matchs de la compétition, les tunisiens ont cumulé une moyenne de 54,25% de possession de balle. C’est face à la Mauritanie (0-0) qu’ils ont été les plus entreprenants en terminant le match avec 62% de possession. La seule fois où ils n’ont pas eu l’avantage de la possession sur l’ensemble d’un match, c’était face à l’Angola (49%) pour un match nul 1-1.

La stratégie à 5 milieux de terrains mis en place par le sélectionneur tunisien Maher Kanzari permet aux Aigles de Carthage de développer ce jeu de possession. Placé en sentinelle juste devant la défense, le brillant joueur de Montpellier, Ellyes Skhiri, régule le milieu tunisien en grattant le maximum de ballon, et en le redistribuant ensuite.

Au milieu, les tunisiens boostent leur possession de balle en faisant circuler le ballon vite, et proprement. En moyenne, 448,5 passes sont réalisées sur un match, c’est presque 100 fois plus que Madagascar (384 passes). Malgré, presque toujours, un avantage dans la possession, les tunisiens n’ont pourtant pas gagné un seul match dans les temps règlementaires. Il leur a fallu la séance de tirs au but pour écarter le Ghana en huitième de finale.

Côté malgache, le système est quasi similaire à celui de la Tunisie, avec un milieu à 5. En revanche, Madagascar aime subir. Sur les quatre matchs, pas une seule fois les hommes de Nicolas Dupuis n’ont eu l’avantage de la possession de balle, cumulant une moyenne de 42,75%. C’est pourtant en subissant fortement (38% de possession seulement) face au Nigéria que les malgaches ont réalisé leur plus bel exploit, en battant les Super Eagles (2-0).

Les Barea de Madagascar ont la patience de subir pour récupérer les ballons et se créer ensuite des opportunités de contre. Les clés, un Abel Anicet Andrianantenaina impérial à la récupération, doublé par Marco Ilaimaharitra. En métronome, Amada distribue ensuite pour les deux ailiers Carolus et Lalaina Nomnejanahary, toujours prêts à bondir.

La défense
Avec 3 buts encaissés en 4 matchs, les tunisiens ont relativement une meilleure défense que les malgaches (4 buts encaissés en 4 matchs). Un duo de défenseurs centraux “européens” assure les arrières des Aigles du Carthage. Yassine Meriah, rugueux défenseur de 1,80m de l’Olympiakos, et Dylan Bron, défenseur très mobile de 1,85m de La Gantoise, donneront à coup sûr de fil à retordre à Faneva Ima Andriatsima.

La défense tunisienne, au-delà d’être physique, est très agressive sur le porteur du ballon. 19,75 fautes commises en moyenne, dont 27 pour le seul match face au Ghana, afin de répondre au défi physique des Black Stars. Une agressivité qui leur vaut néanmoins de récolter en moyenne 2,25 cartons jaunes par match.

Moins physiques, les joueurs malgaches commettent moins de faute en moyenne (15,25), mais récoltent quand même en moyenne 1,5 cartons jaune par match. La paire de défenseurs centraux privilégiée par Nicolas Dupuis est celle composée de Thomas Fontaine (1,82m) et Pascal Razakanantenaina (1,80m).

Le grand plus de Madagascar, la générosité défensive et combative du capitaine Faneva Ima Andriatsima qui harcèle le porteur de ballon adverses dès une perte de balle.

L’attaque
Sur les phases offensives, la stratégie tunisienne est changeante sur l’ensemble d’un match. Un seul attaquant occupe la pointe, et c’est généralement Yassine Khenissi (Espérance Sportive de Tunis) qui joue ce rôle. Mis sur le banc face à l’Angola, c’est le joueur de l’AS Saint Etienne, Wahbi Khazri qui était sur le front de l’attaque, mais plutôt dans un rôle de faux 9. Le troisième larron de la triplette offensive tunisienne est Naïm Sliti, joueur de poche très rapide évoluant au Dijon FCO.

En moyenne, les tunisiens frappent 10,25 fois au but en cadrant 2,75 fois. Sur les quatre matchs, la Tunisie a cumulé trois buts, soit 0,75 but par match, avec toujours un buteur différent : Youssef Msakni (Angola, 1-1), Wahbi Khazri (Mali, 1-1) et Yassine Khenissi (Ghana, 1-1).

Côté malgache, l’attaque est un peu plus à la fête avec 7 buts marqués sur quatre matchs, soit une flatteuse moyenne de 1,75 but marqué par match. Les hommes de Nicolas sont par ailleurs un peu plus précis que la Tunisie, car sur une moyenne de 10 tirs décochés par match, les malgaches trouvent le cadre 4 fois.

Du côté des buteurs, c’est Carolus qui est le plus productif en trouvant deux fois le fond des filets (Guinée puis Nigéria). Les 5 autres buts de l’équipe sont départagés entre 5 joueurs. Anicet Abel Andrianantenaina (Guinée, 2-2), Marco Ilaimaharitra (Burundi, 1-0), Lalaina Nomenjanahary (Nigéria, 2-0), et enfin Ibrahim Amada et Faneva Ima Adriatsima (RD Congo, 2-2).

Le match
Le jeu des deux équipes présente des similitudes, sans se ressembler à outrance. La clé de ce match se jouera au milieu de terrain, qui devrait être quelque peu surpeuplé avec le jeu à 5 milieux des deux équipes. La Tunisie et Madagascar auront également à composer avec la fatigue accumulée par trois semaines de compétition, et les tirs au but des huitièmes. Il faudra aux deux équipes le maximum de lucidité pour aborder ce match.

Renaud Raharijaona