Bâtiment de l’ONE : l’APM souhaite une reconstruction à l’identique

18 Jul 2020

« Quel désastre ! Encore un pan de notre histoire qui s’effondre et qui part en fumée! »

Telle est la réaction de l’association des « Amis du Patrimoine de Madagascar » (APM) à la suite de l’incendie du bâtiment de l’Office national pour l’environnement (ONE), situé dans un quartier qui est le poumon administratif et financier de Madagascar.

Pour l’heure, ni l’origine ni les causes de l’incendie n’ont été déterminées mais les enquêtes sont en cours

Du coté des Amis du Patrimoine de Madagascar, l’émotion est vive car, malgré ses multiples transformations et affectations, la construction a été le témoin de plus d’un siècle d’histoire de Madagascar et particulièrement de sa capitale, Antananarivo.

En effet, l’édifice faisait partie des rares vestiges patrimoniaux qui ont pu conserver une partie de leur authenticité d’inspiration malagasy dans le quartier d’Antaninarenina, où se trouvait le premier marché du vendredi « Anjoma taloha ». Les bâtiments environnants et mitoyens n’évoquent aujourd’hui que de très loin leur architecture d’origine, selon l’APM.

« Il y a le siège de la BMOI-Groupe BCP (l’ancienne Maison Guillot qui jadis avait abrité, tour à tour, la quincaillerie Bonnet, l’agence Citroën, puis le grand magasin Vogue) avec sa coupole en toit zingué de style Haussmannien, et situé complètement à l’opposé, l’ancien Comptoir national d’escompte de Paris (ex-BAMES, ex-BTM puis aujourd’hui BOA) qui a perdu sa coupole et son architecture initiale. Il en est de même du bâtiment de l’Hôtel du Louvre, qui a aujourd’hui retrouvé son nom d’antan, après avoir hébergé différentes enseignes de grands magasins (Printemps, Prisunic, Champion, Shoprite, …), et dont l’armature sortait des forges d’Eiffel (le même ingénieur qui donna son nom à la célèbre Tour !) ; un édifice dans le style Art déco, tout comme l’était celui de la Poste qui a été rasé récemment pour être remplacé par un bâtiment flambant neuf, pratiquement achevé, jugé plus moderne, juste à côté de celui qui vient de subir ce tragique sinistre », rapporte les Amis du Patrimoine de Madagascar.

Ainsi, ce bâtiment, qui date de la fin du 19e siècle et rehaussé en 1902 pour être l’Hôtel des PTT (Postes et Télégraphes), accueillit également les bureaux de l’ex-Radio Tananarive, avant de devenir, après diverses péripéties, le siège de l’Office national pour l’environnement, situé dans ce qui a toujours été considéré comme un quartier chic et celui des affaires. Des qualificatifs flatteurs qui font souvent oublier qu’il s’agit aussi d’un quartier historique au sein duquel le bâtiment de l’ONE avait une place centrale et prépondérante.

Au-delà de la question de la protection et de la conservation des données de l’ONE, dont certaines font l’objet d’un enjeu considérable, avec des informations à caractère très sensible (permis environnementaux et autres données), eu égard à l’importance du secteur de l’environnement à Madagascar, cet incendie pose plus que jamais la problématique de la protection du patrimoine urbain (en l’occurrence, un bâtiment administratif à caractère historique), de sa sécurité et des mesures et moyens appropriés pour faire face à un tel sinistre qui, hélas dans ce cas, ne s’est pas avéré être une simple éventualité, souligne l’APM.

Déplorant cette double perte patrimoniale (bâtiment historique et information environnementale), l’association des Amis du Patrimoine de Madagascar forme le souhait que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce tragique événement et sur les responsabilités mises en cause. Et surtout, l’association ose espérer que l’édifice sera reconstruit à l’identique.

 

Lanja Ramiah