Banque mondiale : la vice-présidente régionale pour l’Afrique de l’Est et australe en visite à Madagascar

5 Dec 2022

Victoria Kwakwa, vice-présidente régionale pour l’Afrique de l’Est et australe de la Banque mondiale effectue une visite à Madagascar cette semaine. Elle est prévue rencontrer un large panel d’acteurs pour échanger sur la situation du pays et conforter l’engagement de la Banque mondiale. Elle devrait aborder avec les autorités et acteurs locaux les solutions pour réduire la pauvreté et les inégalités à Madagascar face aux différents chocs actuels et futurs, la question de la création d’emplois pour les jeunes malgaches, l’amélioration de la fourniture des services sociaux de base mais aussi l’accès à l’électricité et le développement des infrastructures de connectivité.

Selon elle, la région Afrique et Madagascar traversent une période passionnante et pleine de défis. Dans le pays, la croissance inclusive a subi de plein fouet les chocs parallèles de la pandémie, du conflit en Ukraine entrainant des difficultés économiques et des impacts climatiques. Le ralentissement induit par la pandémie a annulé les gains précédents et déclenché une récession environ trois fois plus profonde que dans le reste de l’Afrique subsaharienne, avec un effondrement des recettes d’exportation et des investissements privés entrainant une contraction du PIB de 7,1% et du revenu par habitant de 9,8%. En conséquence, on estime que 2,4 millions de personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté international en 2020, ce qui porte le taux de pauvreté à un niveau record de 81,9%.

Toujours d’après Victoria Kwakwa, les impacts prolongés du conflit en Ukraine ne sont pas de bon augure pour l’avenir de la Grande île. En effet, la décélération de l’activité économique chez les partenaires commerciaux devrait réduire sensiblement la croissance de Madagascar en 2022, principalement en raison de la détérioration des perspectives de l’Union européenne qui absorbe plus d’un tiers des exportations du pays, tandis que la hausse des prix internationaux du pétrole contribuera à creuser le déficit commercial, les produits pétroliers raffinés représentant 5,1% du PIB. Le récent ajustement des prix à la pompe réduira les pressions budgétaires, mais les dettes du gouvernement, vis-à-vis des distributeurs de carburants, restent élevées.

Sur une note plus positive, la vice-présidente régionale de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et australe souligne que ces récentes crises ont démontré la capacité de Madagascar à maintenir la stabilité macroéconomique, grâce à aux efforts passés d’assainissement budgétaire, à l’augmentation des interventions de protection budgétaire, à l’augmentation des interventions de protection sociale pour les plus vulnérables, au renforcement du cadre opérationnel de la Banque Centrale et aux importants flux de financement concessionnels.

Ces multiples chocs et risques sont, d’après Victoria Kwakwa, une opportunité pour Madagascar de trouver une voie pour sortir du piège de la pauvreté, en s’appuyant sur sa riche diversité et son avantage comparatif : une main d’œuvre de qualité, des ressources naturelles uniques, le positionnement d’un certain nombre de produits sur le marché haut de gamme, et une connexion internet rapide. Le pays peut en effet parvenir à une croissance plus inclusive en améliorant les possibilités d’emploi grâce à l’accélération des investissements du secteur privé, en améliorant les résultats en matière de capital humain et en renforçant la résilience face aux chocs.

Cependant, des progrès ne seront possibles que si l’appropriation politique de ce changement est renforcée, et si le sort des populations pauvres et vulnérables est placé au centre du débat politique, a soutenu la vice-présidente régionale de la Banque mondiale. Cela ne pourra réussis que s’il existe une coalition pour une croissance inclusive de tous les acteurs à Madagascar, a-t-elle ajouté.

A noter que la Banque mondiale finalise actuellement le Cadre de Partenariat Pays (CPF), la stratégie d’engagement pour les cinq prochaines années à Madagascar.

Le programme d’investissement de la Banque mondiale à Madagascar s’est considérablement accru ces dernières années pour répondre aux crises urgentes mais aussi pour relancer l’économie et remettre le pays sur la voie du développement. Avec 26 projets soutenant l’éducation, la nutrition, la santé, la protection sociale, l’inclusion financière, la construction de routes, l’accès à l’énergie, l’eau, l’environnement, l’économie bleue… le portefeuille de la Banque mondiale à Madagascar s’élève désormais à 3,4 milliards de dollars. Cela inclut un effort délibéré pour recentrer les opérations sur les zones et régions les plus vulnérables, notamment dans le Sud, indique-t-on.