APM : « Pour le respect de l’identité visuelle et la sacralité du Rova d’Antananarivo »

26 May 2020

Face aux différentes réactions suscitées par les travaux de restauration du Rova d’Antananarivo, incendié le 6 novembre 1995, et devant la vivacité de certains échanges observée sur les réseaux sociaux, l’association des Amis du Patrimoine de Madagascar ou Aron’ny harem-bako-Pirenena Malagasy (APM) a exprimé son sentiment en tant qu’acteur de la société civile qui milite, de surcroît, en faveur de la valorisation, la conservation, la promotion et la sauvegarde du patrimoine national.

« Nous avons salué pour son intention louable l’annonce de ce projet de restauration du Rova, composé d’un ensemble de palais et d’édifices royaux sur la plus haute colline d’Antananarivo, dont le Palais de la Reine – ou Manjakamiadana – est l’un des joyaux. Mais nous étions aussi parmi les premiers à alerter l’opinion et à interpeller les pouvoirs publics quant à la nécessité de respecter les règles appropriées s’agissant de la gestion d’un patrimoine commun que nous léguons, comme l’avaient fait nos aînés, aux générations actuelles et futures », indique l’APM.

L’association des Amis du Patrimoine de Madagascar avait demandé notamment que l’identité visuelle et la sacralité du Rova d’Antananarivo soient respectées et que de nouveaux éléments visuels ne soient pas introduits, eu égard à sa symbolique au niveau de la souveraineté nationale et l’attachement de la population malagasy dans sa grande majorité.

Concernant la construction d’un Colisée, un amphithéâtre en plein air de 700 m2, et en béton, de 400 places, dénommé « KianjaMasoandro », l’association des Amis du Patrimoine de Madagascar regrette de ne pas avoir été consulté avant le lancement du projet.

« Il apparaît de façon évidente que, outre son incongruité, cette structure n’a rien à voir avec l’architecture initiale du site, ni avec l’Histoire de Madagascar, encore moins avec sa culture. Autant d’éléments dont le design de l’édifice et sa conception auraient gagné à s’inspirer, mais en choisissant un autre lieu dédié à la valorisation du patrimoine national », estime l’APM.

Concernant l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, les Amis du Patrimoine de Madagascar de souligner le fait que le Rova d’Antananarivo constitue l’élément central et prépondérant de la Haute ville. Ainsi, les travaux et transformations entrepris sont susceptibles de peser sur l’issue du dossier qui a été présenté par l’État malagasy en 2016 ; alors que la Haute Ville d’Antananarivo est considérée comme un ensemble architectural culturel urbain d’une qualité exceptionnelle qui n’a pas d’équivalent en Afrique subsaharienne, selon cette association.

En tout cas, l’APM regrette que ce genre de transformations significatives n’ait pas bénéficié d’une consultation préalable, élargie et ciblée. D’ailleurs, l’association des Amis du Patrimoine de Madagascar n’a pas de représentant au sein du Comité scientifique chargé de la validation des travaux relatifs à cet ouvrage et plus spécifiquement à cette arène, souligne-t-on.

L’Association des Amis du Patrimoine de Madagascar soutient avoir demandé fermement aux pouvoirs publics de mettre en œuvre toutes mesures utiles en faveur de la sauvegarde de la Ville Haute historique, de son authenticité et son intégrité. Citons entre autres le respect d’une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) et celui des lois d’urbanisme et de construction, ou encore la préservation des bâtiments architecturaux de la capitale à caractère patrimonial et/ou historique, qu’ils soient publics ou privés, et dont plusieurs sont en péril.

 

Lanja Ramiah