554 000 personnes dans le Grand Sud touchées par l’insécurité alimentaire aigüe

5 May 2020

Au total, selon une analyse réalisée sous l’égide du BNGRC et du ministère de la Décentralisation sur la classification de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition et conduite sous l’aide des protocoles IPC, développés et mis en oeuvre par le partenariat mondial de l’IPC, Action mondiale contre la faim, Care, CLISS, Ec-JRC, FAO, SICA, SADC, Unicef, PAM et bien d’autres encore, dans les neuf districts analysés, d’ici à la fin du mois de juillet 2020, correspondant a la période de récolte, le nombre de personnes en situation de crise alimentaire (IPC Phase 3) atteindrait environ 527 000 (23% de la population analysée, soit une hausse de près de 10% comparée à l’estimation faite en octobre 2019). Quant au nombre de personnes en situation d’urgence (IPC Phase 4), il est estimé à 27 400, soit 1% de la population analysée.

Malgré les aides humanitaires menées depuis janvier 2020 et prévues jusqu’au mois de juillet 2020, les huit districts resteront en crise (IPC phase 3) et Tuléar 2 en stress (IPC Phase 2). Presque l’ensemble des districts du Grand Sud a été impacté par la sécheresse survenue entre janvier et mars 2020. Les Districts d’Ampanihy et de Tsihombe sont les plus affectés avec 25% des ménages en IPC Phase 3 (crise) et 5% en IPC Phase 4 (urgence).

Une bonne précipitation prévue lors de l’analyse menée en octobre 2019 ne s’est finalement pas concrètisée. Au contraire, les tendances des précipitations enregistrées entre le mois de janvier et mars 2020, montraient un grand déficit pluviométrique. La grande campagne agricole est ratée pour la plupart de la population rurale, surtout pour les céréales et les légumineuses. La production attendue à partir de ce mois d’avril serait faible, voire insignifiante pour la plupart des districts. Par ailleurs, la consommation des tubercules avant sa pleine maturité se fera dès mai-juin. La soudure sera précoce.

En outre, les impacts socio-économiques des mesures de restriction pour contenir la propagation du COVID-19, et les menaces directes et indirectes du COVID-19 planent sur le Grand Sud. Une perturbation de la chaîne d’approvisionnement des marchés est inévitable, à laquelle s’ajouteront des hausses de prix des denrées alimentaires à craindre dans les semaines à venir.

La migration ne sera plus une option pour trouver de sources de revenu alternatives et la population du Grand Sud qui a déjà migré dans les Grandes Villes subit directement les impacts du confinement et ne peut plus transférer de l’argent à la famille restant dans la zone.

Les ménages les plus touchés seront les ménages agricoles pauvres vivant avec un petit lopin de terre et qui n’ont pas de bétail. A défaut d’assistance, cette frange de la population pourrait s’adonner à des stratégies d’adaptation pouvant porter atteinte à leurs moyens d’existence et à l’environnement.

Priorités de réponse

➤ Le Gouvernement et les partenaires humanitaires doivent soutenir les populations dans les phases 3 (Crise) et 4 (Urgence), pour limiter les impacts de la sécheresse, et mettre en place des mesures restrictives visant à contenir la propagation du COVID-19 dans la zone tout en permettant aux ménages de maintenir leurs moyens d’existence et l’accès à la nourriture.

➤ Dans le contexte actuel de l’épidémie du COVID-19, et étant donné que l’application des gestes barrières serait très difficile dans le Grand Sud (accès limité à l’eau et produits d’hygiène), le Gouvernement et tous les acteurs intervenant dans le Grand Sud sont sollicités à mettre en place des systèmes et des mesures strictes pour une mise en oeuvre sécurisée des assistances au niveau de la population vulnérable du Grand Sud.

➤ Lors de la période projetée, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes permettant de suivre:
• Le niveau réel de mobilité des personnes et des biens dans les domaines d’analyse afin de déterminer l’impact des mesures de confinement sur l’activité économique;
• L’évolution des principales sources de revenu des ménages et des prix de denrées alimentaires sur les marchés secondaires ;
• L’évolution des données nutritionnelles ;
• L’exécution des plans d’aide alimentaire pris en compte dans l’analyse ;
• Le nombre de ménages touchés par la maladie du COVID-19.

Facteurs de risques à surveiller

➤ La faiblesse de la production dans les districts d’analyse pourra jouer un rôle crucial dans le mécanisme des marchés locaux, en défaveur des plus vulnérables. Les prix au niveau des marchés pourraient connaitre des hausses inhabituelles à cause des perturbations aux niveaux des chaines d’approvisionnement nationales et internationales (à cause du COVID-19) et des retentions de stocks au niveau des producteurs dans la zone et/ou au niveau des zones d’approvisionnement habituels des districts.

➤ L’insécurité pourrait augmenter dans ces zones et, par conséquent, il y aurait une augmentation des vols de bétail et l’approvisionnement des marchés locaux pourrait être
perturbé.

➤ La disponibilité en eau souterraine et le niveau des nappes phréatiques.

➤ La fréquentation des centres de santé pour les visites aux soins de santé, pour la prise en charge de la malnutrition et des maladies associées en raison de la peur du COVID-19.