Réduire la population carcérale pour lutter contre le Covid-19

3 Apr 2020

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et vu la forte surpopulation carcérale, Amnesty International exhorte le gouvernement de Madagascar à envisager d’urgence des mesures visant à désengorger ses prisons en libérant certains groupes de détenu-e-s – en particulier les détenu-e-s en attente de jugement et ceux qui pourraient présenter un risque accru de contracter le virus, notamment les prisonniers âgés et ceux qui présentent des problèmes de santé sous-jacents.

Selon Amnesty International, les mesures que les autorités ont annoncées pour empêcher la propagation du COVID-19 dans les prisons, notamment leur désinfection et la vérification régulière de la température des détenu-e-s et du personnel pénitentiaire ne suffiront pas à protéger les détenu-e-s contre la pandémie en raison de la forte surpopulation.

En effet, d’après un rapport d’Amnesty International en 2018, les prisons de Madagascar sont déjà fortement surpeuplées, certaines pouvant accueillir jusqu’à dix fois leur capacité. En juin 2019, la population carcérale avait atteint 28 000 personnes, soit quasiment trois fois plus que la capacité des prisons du pays. Les détenu-e-s en attente de jugement et les condamné-e-s sont entassé-e-s dans de grandes cellules insalubres et n’ont souvent pas assez de place pour dormir correctement. Ces conditions de détention suscitent de sérieuses préoccupations pour la santé des détenu-e-s dans l’éventualité où le virus COVID-19 ferait son entrée dans les cours des prisons car les détenu-e-s ne pourraient pas s’en protéger. En outre, de nombreux détenu-e-s sont déjà en mauvaise santé. Ils courent donc un risque accru de tomber malades en raison du manque d’accès à une nourriture et à des soins de santé de qualité pendant leur détention, selon toujours Amnesty International.

Ainsi, le gouvernement de Madagascar est invité à envisager immédiatement des mesures pour désengorger les prisons du pays tout en veillant à ce que les détenu-e-s non libéré-e-s aient accès à des soins de santé appropriés, puissent maintenir le contact avec leurs familles et le monde extérieur et puissent vivre dans des conditions d’hygiène adéquates. « En particulier, les autorités malgaches doivent mettre en œuvre les mesures recommandées par le Sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture (SPT) sur la manière de protéger les détenu-e-s contre le COVID-19. Il s’agit entre autres de programmes de libération anticipée, provisoire ou temporaire des délinquants qui présentent peu de risques, des détenue-s en attente de jugement ou qui ont presque fini de purger leur peine », selon Amnesty International.

Lanja Ramiah