Rapport planète vivante 2020 : 8 milliards de raison de sauver la nature

10 Sep 2020

Photo : Paysage d’Ambakivao, village de pêcheurs au cœur du Delta de Tsiribihina – copyright Tony Rakoto

Le rapport planète vivante 2020 du WWF est publié ce jeudi 10 septembre. Il apporte la preuve irréfutable de l’érosion de la nature, malgré tous les signes d’avertissements que la planète nous envoie depuis la première édition du rapport en 1998, et même avant.

Le rapport planète vivante compile les résultats des recherches de plus de 125 experts et scientifiques sur les cinq continents. Tous les deux ans, ils donnent un aperçu des tendances de la biodiversité mondiale à travers ce qu’on appelle l’indice planète vivante. Cet indice analyse l’abondance de près de 21.000 populations de vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens) dans le monde, répartis dans 4 392 espèces.

En 2020, les scientifiques ont découvert qu’en moyenne, 68% des populations d’animaux observés dans le cadre de cette étude sont en déclin. Cette découverte est le résultat d’observation de ces populations d’animaux entre 1970 et 2016 dans le monde entier. Et ce n’est pas tout ! La plupart des océans ont été pollués (par le plastique, les hydrocarbures, les déchets et autres) et plus de 85 % de la superficie des zones humides du monde ont déjà disparu. La destruction des écosystèmes a conduit à ce qu’un million d’espèces (500.000 animaux et plantes et 500.000 insectes) soient menacées d’extinction au cours des prochaines décennies voire des prochains siècles. Madagascar n’est pas en reste. En juillet 2020, l’UICN annonçait que 31 % de toutes les espèces de lémuriens de Madagascar sont aujourd’hui en danger critique d’extinction, lorsqu’un rapport scientifique du WWF de 2019 montrait déjà que 53% des aires protégées terrestres de Madagascar sont très vulnérables au changement climatique. La raison principale est la perte des habitats due à la déforestation.

La façon dont nous produisons et consommons la nourriture et l’énergie, ainsi que le mépris flagrant de l’environnement inscrit dans notre modèle économique actuel, ont poussé́ les écosystèmes de la planète au-delà̀ de leurs limites. À Madagascar, la déforestation sous toutes ses formes a détruit 254.000 hectares de forêts en 2019 selon le global forest watch. La COVID-19 est une manifestation claire de notre relation brisée avec la nature. Elle met en évidence l’interconnexion profonde entre la santé des personnes et celle de la planète. Nous avons 8 milliards de raisons de répondre au SOS lancé par la nature. Non seulement pour préserver l’incroyable biodiversité que nous aimons et avec laquelle nous avons le devoir moral de coexister mais aussi parce que l’ignorer met en jeu l’avenir de près de 8 milliards de personnes.

Le gouvernement de notre pays a déjà une vision claire : Reverdir Madagascar. L’avenir de Madagascar et des Malagasy repose sur les ressources naturelles renouvelables que le pays dispose.

Mais l’Etat à lui seul ne peut pas tout faire, il faut une mobilisation de tout un chacun pour sauver la Nature. L’émergence de Madagascar ne se fera pas si notre capital naturel est détruit. Et la biodiversité détruite doit être reconstituée pour soutenir une économie durable. « L’accès à l’énergie est une manifestation du développement d’un pays, et c’est un service fourni par les forêts, donc par la nature. L’accès à l’eau dont nous dépendons pour notre alimentation est aussi menacé si la nature est détruite. Et les ressources naturelles endémiques à Madagascar sont sources de devises pour le secteur tourisme, qui contribue beaucoup à l’économie du pays. Il n’y a pas de développement possible sans la nature » affirme Tiana Ramahaleo du WWF.

Ensuite, nous devons mettre fin à tous les trafics de ressources naturelles et appliquer fermement les lois en vigueur dans leurs aspects préventifs que répressifs. Nous devons aussi assurer la pérennité de nos aires protégées et nos ressources marines ; cette biodiversité est « l’infrastructure » qui soutient notre société et notre développement.
Organisations de la société civile, personnalités publiques, la jeunesse et les médias, toutes les forces vives de la nation, nous devons agir maintenant.
Ensemble, protégeons et restaurons la nature, fondement d’une société Malagasy saine et d’une économie prospère.

Il est temps de signer un nouvel engagement pour la nature et pour l’humanité, qui nous permettra d’inverser la courbe de la perte du vivant d’ici 2030 pour assurer un avenir aux 8 milliards d’humain sur la Terre.