Plus de 9 millions d’enfants à Madagascar confrontés à la double menace du changement climatique et de la pauvreté

27 Oct 2022

Selon une nouvelle recherche de Save the Children, plus de 9 millions d’enfants à Madagascar, soit 73% des enfants du pays, vivent avec le double impact de la pauvreté et de l’urgence climatique.

Ils font partie des plus de 150 millions d’enfants d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe qui sont confrontés à la fois à la pauvreté extrême et aux effets du changement climatique, indique-t-on.

Si le Soudan du Sud est en tête de la liste des pays de la région les plus susceptibles d’être confronté à cette “double menace”, avec 87 % des enfants du pays touchés, suivi du Mozambique (80 %), Madagascar se trouve en troisième position avec 73 % des enfants concernés.

Le rapport – Génération Espoir : 2,4 milliards de raisons de mettre fin à la crise mondiale du climat et des inégalités a été élaboré par Save the Children avec une modélisation climatique par des chercheurs de la Vrije Universiteit Brussel (VUB).

Ce rapport révèle que sur les plus de 9 millions d’enfants à Madagascar affectés par au moins un événement climatique extrême par an, certains d’entre eux sont particulièrement menacés parce qu’ils vivent dans la pauvreté et disposent donc de moins de ressources pour se protéger et se rétablir.

Dans le monde, 774 millions d’enfants appartiennent à ce groupe à haut risque, selon le rapport. Les pays à revenu élevé ne sont pas à l’abri de cette “double menace”. Le rapport révèle que 121 millions d’enfants confrontés à la fois à une catastrophe climatique et à la pauvreté vivent dans des pays à revenu élevé. Plus de quatre enfants touchés sur dix (12,3 millions) vivent aux États-Unis ou au Royaume-Uni.

Save the Children a averti que, si la crise du climat et des inégalités ne sont pas traitées de toute urgence, la fréquence et la gravité des crises humanitaires et du coût de la vie vont exploser. S’appuyant sur les réflexions des 54 000 enfants entendus par Save the Children dans le cadre d’une vaste consultation menée entre mai et août 2022, le rapport montre également comment ces risques multiples et imbriqués sont liés à la crise alimentaire, nutritionnelle et du coût de la vie qui touche actuellement 354 millions de personnes dans 82 pays et les exacerbe.

D’après un garçon de 12 ans qui a participé à la consultation à Madagascar, « les pays qui ont le plus de responsabilité sont ceux qui sont les plus riches ».

La Directrice pays de Save the Children à Madagascar, Tatiana Dasy, a, pour sa part, déclaré que “l’urgence climatique et les questions d’inégalité sont profondément liées, et ne peuvent être traitées séparément les unes des autres. A Madagascar, ce lien ne pourrait pas être plus évident. La sécheresse dévastatrice à laquelle nous avons notamment assisté dans le Sud de Madagascar depuis plusieurs années, affectent des milliers d’enfants et de familles. Les crises de ce type plongent les gens dans une pauvreté extrême et rendent des millions de personnes encore plus vulnérables à la prochaine inondation ou sécheresse. »

Alors que les dirigeants se préparent à se rendre aux sommets de la COP27 et du G20 en novembre, les enfants les plus vulnérables devraient être au premier plan de leurs préoccupations. En particulier, les pays les plus riches du monde, dont les émissions historiques sont à l’origine de la crise du climat et des inégalités, doivent montrer la voie en débloquant des milliers de milliards de dollars de financement pour les pays qui luttent pour protéger leurs enfants de ces impacts, notamment par le biais du financement climatique – en particulier pour l’adaptation et les pertes et dommages, ajoute-t-elle.

A noter que ce nouveau rapport s’appuie sur des recherches novatrices publiées par Save the Children en partenariat avec la Vrije Universiteit Brussel en 2021, qui ont révélé que les enfants nés en 2020 seront en moyenne confrontés à sept fois plus de vagues de chaleurs au cours de leur vie que leurs grands-parents et que les nouveau-nés du monde entier vivront en moyenne 2,6 fois plus de sécheresse.

Le rapport est publié alors que des familles du monde entier luttent contre la pire crise alimentaire du siècle, alimentée par un mélange mortel de pauvreté, de conflits, de changement climatique et de chocs économiques, les effets persistants de la pandémie de COVID-19 et de la crise en Ukraine faisant encore augmenter les prix des denrées alimentaires et le coût de la vie. Un million de personnes sont confrontées à la famine dans cinq pays, et on estime qu’une personne meurt de faim toutes les quatre secondes, rapporte Save The Children.