Pascal Razakanantenaina : “emmener Madagascar vers les sommets”

10 Aug 2019

Photo : (c) Ryan Wilkisky / BackpagePix

Le défenseur central des Barea de Madagascar, Pascal Razakanantenaina, reprend la compétition en club ce dimanche 11 août, à l’occasion du derby entre la JS Saint Pierroise et l’AF Saint Louis. A 32 ans, celui qui a été capitaine des Barea de Madagascar par le passé, et qui en est aujourd’hui l’un des tauliers, garde de grandes ambitions en club, mais aussi en équipe nationale. Le parcours des Barea en Egypte, son avenir en club, les prochaines échéances de l’équipe nationale, Pascal Razakanantenaina n’élude aucune question. Entretien.

Bonjour Pascal. Vous revenez d’un formidable parcours à la CAN 2019 avec les Barea de Madagascar. Racontez-nous comment vous l’avez vécu de l’intérieur.
Bonjour. Jouer la CAN était un rêve, une ambition, pour tous les joueurs malgaches. Une fois qu’on y était, nous étions prêts au combat, prêts à défendre les couleurs et l’honneur du pays. Le soutien populaire nous a beaucoup touché et aidé. A chaque match, nous avions le frisson car nous ressentions les attentes et le soutien inconditionnel des supporters. Voir la fierté de nos familles et de nos proches lorsqu’ils nous regardaient tout donner sur le terrain pour le pays, c’était quelque chose de fort.

Aujourd’hui, le résultat est là et je suis heureux de ce parcours, et je suis heureux d’avoir défendu les couleurs de Madagascar. Maintenant, tout le monde connait le football malgache.

Les éliminatoires pour la CAN 2021, c’est déjà dans 3 mois. Avec la Côte d’ivoire, l’Ethiopie et le Niger dans le même groupe, quelles sont nos chances ?
Si l’on compare ces éliminatoires pour la CAN 2021 avec celles de la CAN 2019, le groupe peut sembler à notre portée puisque l’Éthiopie et le Niger sont maintenant derrière nous au classement Fifa. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de petites équipes. Nous devons aborder ces éliminatoires avec le même état d’esprit et les valeurs qui ont fait notre réussite : le cœur et la détermination.

Madagascar a désormais un statut à assumer, celui de quart de finaliste de la CAN. L’équipe est-elle prête à assumer ce nouveau statut ?
On en a parlé avec les autres joueurs, nous devons assumer notre statut de quart de finaliste de la CAN 2019. Notre classement Fifa a beaucoup progressé, et nous devons aussi l’assumer. Nous sommes fiers d’avoir accompli tout cela. La barre est haute, et désormais on attend de nous qu’on réussisse ces nouvelles éliminatoires.

Après, tout va dépendre des changements dans l’équipe, et de la préparation, car c’est vraiment une toute nouvelle compétition. Des changements vont forcément intervenir dans l’effectif avec l’arrivée probable de jeunes éléments. Mais l’expérience des anciens reste utile au groupe, et nous les anciens, nous sommes prêts à encadrer les jeunes.

C’est la reprise du championnat réunionnais ce week-end, pour la deuxième partie de saison. Votre club de la JS Saint-Pierroise accueille Saint-Louis dimanche, comment vous sentez-vous physiquement ?
Oui, on commence la deuxième partie de saison ce dimanche à la Réunion, et avec le derby en plus. A la JS Saint Pierroise, nous sommes prêts pour défendre notre titre de champion 2018. Après, ce n’est jamais facile car nous sommes la meilleure équipe actuellement à la Réunion, et tout le monde veut nous battre. Chaque match est une finale. Nous avons des joueurs expérimentés dans l’équipe, et des stars aussi qui arrivent de France. Nous avons un objectif, celui de réaliser le triplé cette saison. Ça ne va pas être facile, mais on va tout donner sur le terrain.

Physiquement, la fatigue engendrée par la compétition de haut niveau à la CAN se fait quand même ressentir. Mais j’ai fait le nécessaire pour bien récupérer, afin d’être prêt pour entamer cette deuxième partie de saison.

Il y a une belle colonie malgache à la JS Saint-Pierroise avec Ibrahima Dabo, Mamy Gervais Randrianarisoa, Fabrice Rakotondraibe et Stephan Raheriharimanana (Dada), comment ça se passe au quotidien ?
Nous étions cinq initialement, mais Dada est parti il y a une semaine. Il a reçu une proposition en France, et il l’a saisi. Au quotidien, on se voit pratiquement tout le temps, ou alors on s’appelle, et on passe des moments chez les uns et les autres. On forme pratiquement une famille, car ils habitent loin de leurs proches. On se serre les coudes, entre frères.

Vous êtes arrivé à la JS Saint-Pierroise en 2018 après des expériences en France, notamment à Avion, Calais et Arras. Avez-vous envie de retrouver un autre club en Europe ?
Je suis arrivé à la JS Saint-Pierroise en juin 2018, et nous avions remporté le championnat et la coupe dans la foulée. La France, j’y pense parfois un peu, car j’ai aussi envie de monter d’un échelon, en Ligue 2 par exemple. Après c’est un choix. J’ai eu une proposition d’un club européen, mais j’avais choisi la Réunion pour me rapprocher de ma famille, avec qui j’ai été éloigné pendant dix ans. Ici, j’ai l’occasion de voir mes parents presque tous les mois, car ils viennent me rendre visite à la Réunion. C’est important. Jusqu’ici, je suis bien à la JS Saint Pierroise, et j’ai de bonnes relations avec le président. Mais si je reçois d’autres propositions de Ligue 2, on verra.

Allez-vous continuer l’aventure avec l’équipe nationale, notamment pour les éliminatoires de la CAN 2021 et de la Coupe du Monde 2022 ?
Bien sûr que je suis prêt à continuer l’aventure. Ce que j’ai vécu avec l’équipe nationale au cours des 14 dernières années, c’est grand, il y a beaucoup d’amour. Si le sélectionneur m’appelle, je viens, je suis prêt à défendre les couleurs et l’honneur de Madagascar comme je l’ai toujours fait.

Personnellement, j’ai été en équipe nationale avec les juniors, puis avec les séniors depuis 2007. Je suis toujours prêt à défendre l’honneur de la patrie et à me battre pour emmener le foot malgache vers les sommets. Se qualifier pour la Coupe du Monde 2022 est un rêve, mais on peut le réaliser si nous unissons tous nos forces.

Si vous aviez un conseil à donner aux jeunes footballeurs qui souhaitent marcher sur vos pas, quel serait-il ?
Mon conseil c’est d’avoir toujours la foi, de croire en vous. C’est ce qui vous pousse à faire le maximum et à donner le meilleur de vous-même. Ensuite il faut toujours travailler. Vous pouvez avoir du talent, mais pour réussir il faut redoubler de travail. Travailler plus que les autres. Après, il ne faut jamais désespérer dans ce que vous faites. Au contraire, il faut donner le maximum.

Autre conseil, mettez du cœur dans votre travail, et défendez les couleurs que vous portez. Montrez à vous supporters et ce qui vous soutiennent que vous aimez ce que vous faites. Ça va vous porter chance.

Sinon, j’encourage les parents à inscrire les jeunes dans des centres de formation. Les centres ont les moyens de les faire évoluer.

Renaud Raharijaona