Les enfants en détention face à un risque accru de contracter la COVID-19

16 Apr 2020

Des centaines de milliers d’enfants actuellement détenus dans des pays du monde entier font face à un risque important de contracter la COVID-19, selon l’Unicef.

En effet, beaucoup sont détenus dans des espaces exigus et surpeuplés et n’ont pas accès à des services appropriés de nutrition, de santé et d’hygiène. De telles conditions de détention sont extrêmement favorables à la propagation de maladies comme la COVID-19. Une épidémie est donc susceptible de se déclarer à tout moment dans ces structures. De plus, les enfants détenus sont plus vulnérables à la négligence, aux maltraitances et à la violence liée au genre, en particulier si la pandémie ou les mesures prises pour l’endiguer provoquent un manque de personnel ou de protection.

Aussi, l’Unicef exhorte les gouvernements et autres autorités pénitentiaires à libérer immédiatement tous les enfants pouvant être réunis avec leur famille en toute sécurité ou bénéficier d’autres mesures adaptées, notamment une prise en charge par la famille élargie ou toute autre prise en charge axée sur la famille ou la communauté.

L’UNICEF demande également un moratoire immédiat sur les nouvelles admissions d’enfants dans les structures de détention.

Par ailleurs, l’UNICEF et l’Alliance pour la protection de l’enfance dans l’action humanitaire, en coopération avec des organisations de protection des droits de l’enfant de premier plan, des universitaires et des organismes de l’ONU, ont publié des orientations concernant les principales mesures que peuvent prendre les autorités afin de protéger les enfants privés de liberté durant la pandémie. L’UNICEF se dit prêt à aider les autorités à préparer la libération de ces enfants, notamment en identifiant les mesures à prendre pour que cela soit fait en toute sécurité.

Selon les statistiques du Ministère de la Justice à la fin du mois de décembre 2019, 1052 enfants sont en prison à Madagascar, dont 45 filles. 63% des enfants en prison à Madagascar, soit 664 fin décembre 2019, sont en détention préventive, et ne sont pas encore jugés.

Dans la plupart des prisons il y a un quartier séparé pour les garçons, mais les filles sont incarcérées avec les femmes adultes. Actuellement et en raison du manque d’espace, certaines prisons ont décidé d’utiliser les quartiers des mineurs comme lieu d’isolement en quarantaine pour les nouveaux détenus, d’autres mettent les mineurs et les adultes dans les mêmes lieux d’isolement.

Les prisons de Madagascar connaissent un fort taux de surpopulation par rapport à leur capacité, ce qui entraine de hauts risques à la propagation des maladies en général et Covid-19 en particulier. Des consignes ont été données par le Ministre de la Justice d’éviter la détention des prévenus enfants et adultes sauf pour les délits/crimes graves et d’encourager la mise en liberté provisoire des détenus.

Dans le cadre du programme conjoint entre l’UNICEF et le gouvernement de Madagascar pour 2015-2020, l’UNICEF appuie le Ministère de la Justice pour l’application de la loi 2016-018 relative aux mesures et procédures applicables aux enfants en conflit avec la loi, y compris les limites sur la période de détention préventive et les mesures alternatives à la détention, la formation des juges, la mise en place d’un système de traçabilité des dossiers des enfants, et l’assistance judiciaire aux enfants en conflit avec la loi. L’UNICEF travaille aussi avec l’ONG Grandir Dignement pour l’application des mesures alternatives à la détention dans plusieurs régions de Madagascar.

Actuellement, l’UNICEF appuie la mise en œuvre des recommandations mondiale sur l’accès a la justice pendant l’épidémie COVID19, y compris l’assistance judiciaire aux enfants pour leurs demandes de liberté provisoire.

 

Lanja Ramiah