Le commerce illégal du bois représente l’une des plus grandes menaces pour les forêts naturelles du pays

17 Feb 2023

Transparency International – Initiative Madagascar (TI-MG) a présenté ce jour les résultats d’une  analyse juridique et d’un diagnostic des risques de corruption affectant la filière bois précieux dans la région Menabe. Le commerce illégal du bois représente l’une des plus grandes menaces pour les forêts naturelles du pays.

Cette étude a révélé différents risques de corruption au niveau du circuit d’exploitation illicite de bois précieux. De la coupe  jusqu’à l’exportation, en passant par le transport, la transformation et la vente, ces risques varient en fonction des étapes et des acteurs impliqués au niveau de la chaîne de valeur illicite, Trafic d’influence, abus de pouvoir, pots-de-vin ou encore corruption active et passive sont les principaux risques de corruption rencontrés dans le secteur.

Les résultats de cette étude donnent également une vue d’ensemble des textes juridiques en vigueur régissant le secteur du bois précieux à Madagascar. Malgré la multiplicité des textes dans le domaine, témoignage d’une réelle volonté à vouloir protéger nos ressources naturelles, différentes incohérences et lacunes ont été révélées à travers l’analyse juridique effectuée. Il existe notamment des écarts entre les textes et la pratique d’ordre institutionnel, des incidences économiques par rapport à certains textes répressifs mentionnant par exemple des interdictions de coupe, ainsi qu’un problème de classification sur le cas du palissandre.

A l’issue de ces résultats, différentes vulnérabilités pouvant créer des niches de corruption ont été observées dans le secteur bois précieux, entre autres l’absence de méthodes pour identifier les différents types de bois, la non-effectivité des structures de gestion de bois ou encore l’atteinte aux activités des opérateurs économiques concernant l’interdiction d’exploitation du bois.

Cette activité est réalisée dans le cadre du projet « Lutte contre la corruption et le trafic d’espèces sauvages » financé par l’USAID ou Agence des Etats Unis pour le Développement International, et mis en œuvre par le consortium exécutif composé de WWF, de TRAFFIC International, de l’Alliance Voahary Gasy (AVG) et de TI-MG.  A travers ce projet, l’objectif est de réduire la corruption dans le secteur des ressources naturelles afin d’améliorer les résultats et les impacts de la conservation dans au moins deux chaînes d’approvisionnement que sont le bois précieux et les espèces sauvages.

A titre indicatif, Madagascar a déjà exporté environ 104 000 tonnes de bois de rose et d’ébène entre 1998 et 2014 et seulement 39% de ce volume était légal, d’après des estimations de TRAFFIC. La région Menabe fait partie des régions de Madagascar les plus sujettes au trafic de bois précieux, en particulier, et à la destruction des ressources naturelles en général.

En vue d’assainir et de sécuriser le secteur du bois précieux vis-à-vis de la corruption et de lutter contre le trafic y afférent, ainsi que la dégradation des ressources naturelles, différentes recommandations ont été formulées par les acteurs consultés au niveau de la zone. Parmi elles, la réforme du cadre juridique, l’application effective des textes en vigueur et leur mise en adéquation avec les réalités socioéconomiques ont été évoquées à l’issue de l’analyse juridique. Par ailleurs, la clarification sur l’utilisation du bois saisi par la mise en place effective de la commission de gestion de stocks ou bien la digitalisation pour la reconnaissance du bois, la vulgarisation des textes et la régulation de l’exploitation du bois précieux, comme le palissandre, ont été recommandées pour réduire les risques de corruption affectant le secteur dans la région Menabe, en particulier, et à Madagascar, en général