La gouvernance du secteur halieutique à améliorer

26 Jan 2021

Selon le constat du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM) et le Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar (GAPCM), le montant annuel nécessaire au fonctionnement de l’Autorité Sanitaire Halieutique (ASH) de 1,3 milliards d’ariary n’est plus assuré. Cette situation pourrait conduire le Comité Vétérinaire Permanent de l’Union Européenne à prononcer à très court terme un embargo sur toutes les exportations halieutiques malgaches à destination de l’espace européen, ce qui serait catastrophique dans le contexte actuel de crise économique, estiment ces deux entités.

Les pertes réelles pour l’État, dues aux défaillances de gouvernance du secteur halieutique, se situent à plus de 80 millions de dollars par an, soit plus que le budget de la direction de la Pêche, indique-t-on.

Selon le GEM et le GAPCM, l’exploitation des ressources marines ne rapporte pas à l’État malgache ce qu’il est en droit d’espérer.

Les productions marines réelles à Madagascar ont été en 2017 aux environs de 109 601 tonnes réparties en pêche industrielle : 12 743 tonnes et pêche traditionnelle : 96 013 tonnes. Par ailleurs, le potentiel exploitable des ressources marines et estuariennes a été estimé, en 2019, à 110 000 tonnes.

Pour une meilleure gouvernance du secteur halieutique, le GEM et le GAPCM suggère que le Ministère en charge de la pêche soit le seul à pouvoir accorder des droits de pêche. Une inspection générale des finances objective devrait, par ailleurs, être déclenchée aux fins d’examen exhaustif de tous les protocoles privés et opaques de pêche. « L’octroi de droits de pêche devrait être à l’avenir transparent, compétitif et public, et la signature de tout protocole doit donner lieu au versement de compensations immédiates pour l’Etat, puis au versement de redevances annuelles basées sur les prévisions réalistes de captures et à leur valeur au débarquement. Les redevances doivent tenir compte de la chaine de valeur proportionnées. Le critère de l’emploi des malgaches devrait être prioritaire et donc sélectif, ou, en cas d’impossibilité, faire l’objet de contreparties spécifiques. Les sociétés nationales, pavillons nationaux et emplois nationaux, investissements à terre doivent être privilégiés » estiment le GEM et le GAPCM.

Pour améliorer la valeur d’exportation au départ de Madagascar, et en conséquence les redevances, il est également nécessaire de rétablir le bon fonctionnement de l’observatoire économique de la pêche et de l’aquaculture. A cet effet, il faut exiger une réévaluation des coûts à l’export du crabe vivant, avec, au passage, une révision à la hausse de la rémunération des petits pêcheurs, indique-t-on.

Le GEM et le GAPCM suggèrent, en outre, que le Ministère conserve et applique le dispositif de gestion de la ressource crevettière en vigueur, et donc suspende le projet de décret en élaboration, procède aux appels d’offres sur licences déjà prévus, et annule tout protocole privé permettant de pêcher en chalut « des crustacés dont la crevette » et donc en particulier les protocoles concernés signés avec la société Côte d’Or, et dont la presse a fait état récemment.

Il est possible d’améliorer la valeur de la crevette de pêche sur les marchés, et par conséquent au départ de Madagascar en faisant en sorte de mettre rapidement en place au niveau du ministère les mesures nécessaires à l’écocertification Marine Stewardship Council (contrôle de la petite pêche, recherche), estime-t-on. Ceci permettra d’augmenter les redevances. En effet, la crevette de pêche de Madagascar a perdu son leadership et sa valeur relative sur les marchés car la plupart des pêcheurs concurrents accèdent à l’écocertification.

Enfin, l’Assemblée nationale est invité à adopter d’urgence le plan de lutte contre la pêche illégale (PANN-INN), écrit en 2008 et mis à jour en 2019.

 

Lanja R.